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Jeudi 14 Mai 2020

Biographie du beau-père du Président : Pathé Mbodj raconte Abdourahmane Seck Homère


L’écrivain Pathé Mbodj va faire paraitre « Abdourahmane Seck Homère, Le Passé Décomposé ». Une biographie de l’ancien PCA de Petrosen qui a quitté son poste mercredi dernier, remplacé par l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur Mary Teuw Niane. Avant la parution de l’ouvrage, l’auteur a publié les Bonnes Feuilles du livre...



Biographie du beau-père du Président : Pathé Mbodj raconte Abdourahmane Seck Homère
La biographie d’Abdourahmane Seck Homère est des plus succinctes : activités politiques localisées à Rufisque, même s'il milite à Diourbel, investissements dans l’immobilier perçus comme des spéculations foncières. Ces deux vastes programmes lui valent une inimitié qui trouve son explication ailleurs car, si on pousse la recherche, on comprend la source du mal : on vous le décrit comme étant le beau-père du président Macky Sall. Rien de moins.

Il est vrai que le singulier lui sied bien : tout se conjugue à la plus simple expression avec Homère Seck dans sa vie, du grand-père au petit-fils ; cette singularité le poursuit puisqu'on ne vit pas deux fois et qu'on ne marie pas tous les jours sa fille à un président, même si lui-même insiste : « J'ai marié ma fille à un ingénieur ». C'était quand déjà ? Quinze ans après, il fera le pas en sens inverse, en allant conforter sa fille dont l’époux était en guerre contre l'arbitraire, lui en éternelle quête d'équité et de justice.

Le glamour est d'autant plus saisissant que Abdourahmane Seck Homère lui-même est très discret sur certains pans de son histoire de vie. Surtout que tout ne fut pas aussi rose qu'il n'y paraît, d'où une certaine complaisance à maintenir le mythe. Il privilégie alors le souvenir à la mémoire, en refusant de rouvrir certaines plaies, pour se réjouir plus de ses succès.

Il reste ainsi seul dans sa mémoire et sa conscience et a en effet révélé n'avoir pas tout dit, ce qui est compréhensible ; nous respecterons ce droit. Mais en rappelant quand même la parenthèse de Dakar quand il préfère de loin la vie à Rufisqu,e qui le voit se réaliser dans toute sa plénitude ; l'amour avunculaire prend le pas sur la chaleur d'un foyer nucléique, trop tôt éteinte. Cet amour sera décisif dans sa vie, au moment des grandes décisions de ruptures…qui ne se feront pas et dont il n'aura l'explication que beaucoup plus tard, de la part de l'oncle Magor Guèye qui a dignement pris la succession de l'irremplaçable et racé Pathé Guèye. On retiendra ainsi la force de la parenté dans la destinée de cet homme fort singulier.

Ce refus de faire face est pourtant constitutif de la réalité qu'il précède et justifie : Dakar est ainsi une étape importante vers Rufisque qui reçoit la pupille de la Nation, «l'enfant de la République», comme il dit, où il chante le jour de gloire pour nos ancêtres les Gaulois, en se montrant d'une intelligence qui frappe, d'où Homère, nom d'un professeur qui rendait l'ultime copie, la meilleure, à Seck Abdourahmane ; ses camarades scandaient alors : « Homère !, Homère ! ». L'élève venait de dépasser le maître.

Cette excellence n’est pas née ex-nihilo : au moment d’effeuiller l’épais album des souvenirs, l’excellent joueur de foot-ball qu’était Ababacar Cissé se souvient de ses vains efforts, en cours primaires, pour égaler son voisin de banc Seck Abdourahmane ; il est resté collé à son voisin pendant au moins trois ans, du CE2 au CM2. Pendant tout ce temps, ses camarades et lui ont chanté Homère toujours premier.

Ce surnom, symbole de travail acharné, poursuivra Abdourahmane Seck Homère toute sa vie, jusqu’à aux dernières générations et même jusqu’aux filleuls et assimilés. Telle cette délégation partie solliciter la main d’une fille pour Abdourahmane Jr Diagne et qui a failli être éconduite : Abdourahmane Diagne était inconnu de la famille de la fille. Renseignements pris, le garçon qui fréquentait la maison et qui pouvait prétendre à la main de la fille s’appelle… Homère Diagne !

Une fois l'émotion maîtrisée cependant, le regard pudiquement détourné pour écraser quelque larme du souvenir noyée dans une sudation abondante, été comme hiver, on y lit comme dans un livre ouvert. Elle est riche, la vie de ce fils unique, petit-fils d'un grand-père lui-même garçon unique qui n'aura enfanté à son tour qu'un seul garçon. L'encyclopédie qu’est Homère, nourrie d'une riche expérience professionnelle et personnelle, contraste avec la perception populaire : l'anecdote, fruit des expériences, la remplit à ras bord parce que ces expériences se feront sur la quasi-totalité du territoire sénégalais, en tout cas dans cinq des sept divisions administratives que comptait alors le Sénégal.

Ajoutez-y les réminiscences de l'éducation fondamentale née des contes de Ya Arame Ndiaye mais, surtout, de la grande et immense grand-mère Fatou Mangara dont Abdourahmane Seck Homère psalmodie encore les proverbes d'une grande sagesse, au point qu'il les récite lui-même à ses enfants aujourd'hui. C'est l'impossible transition entre hier et aujourd'hui qui explique à certains moments, cette admiration pour cet homme d'hier qui vit aujourd'hui et qui veut « que les enfants sachent ».

Abdourahmane Seck Homère est de commerce agréable : haut fonctionnaire basé principalement à Saint-Louis, dans les locaux des Archives de Saint-Louis, avant qu’elles ne soient acheminées à Dakar, il est mis à la disposition des populations sénégalaises ; il séjourne pratiquement partout, parfois à différents moments et pour des durées plus ou moins variables : Diourbel, région du Fleuve, Thiès, Dakar, Sine-Saloum.

À la fois anthropologue, sociologue et ethnologue, il étudie le milieu ambiant, intègre les sociétés locales et environnantes, projette, moins dans le sens de projet que résultante future des actes qu’il sera amené à poser et leurs conséquences prévisibles hors de tout doute raisonnable sur les populations locales, au sens religieux, culturel, physique et moral. Il aide ainsi à rétablir une certaine équité sociale en concevant la société par un redimensionnement de l'urbanisme et l'habitat, en redécoupant et en améliorant le cadre de vie et l'environnement physique et moral ; lui, privé de vie avec ses parents dans une numérologie du sept des plus originales, passera sa vie à favoriser l'unité de voisinage pour maintenir les liens de la parenté et de bonne entente cordiale.

Son amour du signe, ici écriture, symbole, lui vient du plus qu'élégant oncle Pathé Guèye, homme de lettres et de culture, prote d'imprimerie et secrétaire général du Syndicat des Imprimeurs de l'Afrique occidentale, de sa propre propension à tout découvrir, à lire tout ouvrage déposé sur le guéridon du salon.


Ayant beaucoup lu, il a beaucoup retenu, en plus de ses recherches au gré de ses affectations sur le territoire sénégalais et de son ouverture à l'autre, de son humilité acquise au contact des hommes et de ses intuitions ; il rend avec humour, en homme d'agréable compagnie. Généreux dans l'âme pour avoir connu une société post-Seconde guerre mondiale traversée par les moments les plus difficiles et les plus intenses de sa marche vers son indépendance nouvelle, il met souvent la main à la poche. Sa voix est ainsi courue qui guide beaucoup vers l'homme, sa vaste culture...




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