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CARENCE OU ALTERNATIVE AU FMI ET A LA BM ?

Rédigé par leral.net le Vendredi 20 Juin 2025 à 01:06 | | 0 commentaire(s)|

Endettement massif sur le marché de l’Uemoa - Kadialy Gassama : « Ce recours massif est triplement défavorable au Sénégal - Dr Ousmane Biram Sané : « S’endetter sur le marché est une volonté du peuple… »

Kadialy Gassama : « Ce recours massif est triplement défavorable au Sénégal - Dr Ousmane Biram Sané : « S’endetter sur le marché est une volonté du peuple… »

Le recours massif de l’Etat du Sénégal au marché régional des titres de l’UMOA de près de 2500 milliards de frs en 15 mois de pouvoir Diomaye/Sonko fait débat. Ce 19 juin, l’Etat cherche 300 milliards de frs sur le même marché. En mars 2025, 405 milliards ont été obtenus par le même procédé pour financer le déficit budgétaire. Les avis restent partagés à ce recours massif de l’Etat au marché financier régional de l’UEMOA. L’économiste Kadialy Gassama y voit tout simplement une carence du nouveau régime à accéder aux marchés financiers dont les conditions de financement sont plus douces. L’économiste‐financier, Dr Ousmane Biram Sané défend par contre le Gouvernement en estimant le re‐ cours massif au marché financier régional n’est que la traduction de la volonté du peuple qui a autorisé le régime à s’endetter sur le marché au lieu d’utiliser la « rétrograde » planche à billets. Seulement tous les deux convergent à dire que le marché financier régional ne saurait être une alternative à la Banque mondiale et au Fonds moné‐ taire international (FMI)

A travers une interpellation à l’endroit du Gouvernement en date du 02 juin dernier, le député Thierno Alassane Sall informait l’opinion d’un endettement massif du nouveau régime. Le recours au système du marché financier régional UMOA‐Titres entre le 3 mai 2024 et le 30 mai 2025 a permis au gouvernement sénégalais de mobiliser 1694 milliards de francs CFA. Il faut y ajouter 405 milliards de frs en mars 2025 pour financier le déficit budgétaire et 300 milliards de frs ce 19 juin pour le financement de projets structurants. Ente ces deux gros chiffres, d’autres montants moins importants ont été mobilisés. En 15 mois de pouvoir, le régime Diomaye/Sonko a grossi l’enveloppe de la dette sénégalaise de plus de 2500 milliards de frs. Cette ruée massive vers l’argent sous‐régional peut‐ elle alors s’expliquer par le fait que le FMI et la Banque mondiale continuent à fermer les robi‐ nets en exigeant des autorités la publication des statistiques après le scandale des accusations des comptes truqués du régime de Macky Sall ? Ce recours est‐il une carence de l’Etat ?

Kadialy Gassama opte pour la seconde question. « Ce recours massif au marché financier de l’UEMOA dénote de la carence du Sénégal à l’accès à des marchés financiers dont les conditions de financement sont plus douces et particulièrement au FMI et autres organismes financiers comme la BM, la BADEA, la BAD…et même des fonds souverains de pays développés ou arabes », souligne notre interlocuteur. Ce dernier d’ajouter que « le recours massif au marché financier de l’UEMOA à des taux d’intérêt exorbitants autour de 7% contre des taux d’intérêts concessionnels du FMI entre 1 et 3% est triplement défavorable au Sénégal. La fréquence mensuelle des emprunts dénote des réactions au jour le jour de nos argentiers et augmente la vulnérabilité de nos finances publiques.

En outre, le marché financier n’est pas extensible à souhait compte tenu des ressources limitées par rapport aux besoins de financement. Enfin les taux d’intérêt au niveau du marché monétaire sont exorbitants et creusent davantage l’endettement du Sénégal à un rythme soutenu ».

L’ancien directeur général du Marché au Pois‐ son de Pikine se désole du fait que « les emprunts du Sénégal dans le marché financier de l’UEMOA ne sont pas destinés à l’investissement pour des projets, ils sont destinés au fonctionnement compte tenu de la baisse des recettes budgétaires avec le ralentissement économique surtout dans les BTP, le secteur primaire et dans le secteur informel »

Dr Ousmane Biram Sané : « s’endetter sur le marché est une volonté du peuple… »

Dr Ousmane Biram Sané démonte les arguments avancés comme une carence du Gouvernement sur le recours massif au marché régional. « C’est une décision du peuple à travers le Parlement qui a voté la Loi de finances 2025. Le Gouvernement ne fait qu’appliquer la volonté du peuple. C’est le peuple sénégalais qui a autorisé le Gouvernement à s’endetter sur le marché au lieu d’utiliser la « rétrograde » planche à billets. Depuis le début des années 2000, nous sommes passés d’une économie d’endettement à une économie de marchés financiers. Je ne vois pas d’alternative à l’endettement du moins au bon endettement. Le bon endettement, c’est celui qui est demandé par le peuple et pour le peuple. Le bon endettement, c’est celui qui est transparent, productif et soumis aux audits de redevabilité. Tant qu’un franc ou un centime de dette n’est pas détourné ou corrompu, il est permis de s’endetter pour relancer la machine économique et sociale », souligne l’ancien Directeur national de la Bourse régionale des va‐ leurs mobilières (BRVM).

Le marché régional, une bouée de sauvetage contre le FMI et la BM ? Le Sénégal peutil se passer du FMI et de la BM ?

Le DR Ousmane Biram Sané dégage en touche et estime qu’il n’est pas possible pour le Sénégal de se passer du FMI et de la Banque mondiale qui « nous appartiennent parce que nous sommes membres. Nous sommes présents aux AG et représentés au Conseil d’administration. Le Guichet concessionnel de l’IDA a financé beaucoup de projets de développement du Sénégal dont le secteur eau ». « Les marchés du financement sont plus complémentaires que concurrents. Donc ce ne sont pas des alternatives. Exemple, la contrepartie du Sénégal au financement du Projet sectoriel Eau en 1997 a été financée par un prêt commercial du Consortium Citybank­ CBAO­FPE pour 11 milliards de frs à l’époque où le duo Sakho­-Loum était aux finances », tient‐il à préciser.

L’économiste‐consultant estime alors que le marché régional de l’UEMOA n’est pas une bouée de sauvetage. « C’est un instrument financier à part entière comme ceux des institutions de Breton Woods. Le système financier est riche et varié en termes d’instruments. Tous les économistes avertis connaissent le leadership du FMI et de la Banque mondiale, donc mieux vaut les avoir avec soi que contre soi. Cela étant dit, il faut relever que tout Etat souverain doit compter d’abord sur soi avant de se tourner vers l’autre. Le Sénégal est un beau et solide pays qui sera résilient à cette passe difficile, mais bienfaitrice quelque part car nous allons tous nous ajuster à l’essentiel, c’est-­à-­dire le travail et c’est ça l’invite à adresser au Peuple », estime le Dr Ousmane Biram Sané.

Kadialy Gassama s’accorde avec le Dr Sané pour dire que le Sénégal ne peut pas se passer du FMI et de la Banque mondiale. « Le FMI est une institution financière mondiale où l’ensemble des pays du monde environ 190 sont membres. Aucun Etat en situation de crise financière et économique ne peut se passer de cette institution dont la mission est la régulation du système économique pour prévenir les crises financières comme en 2008 où on a assisté à l’effondrement du système financier international », précise Kadialy Gassama. « Il faut faire revenir la confiance entre le Sénégal et les partenaires financiers multilatéraux et bilatéraux. Le souverainisme financier et monétaire est loin d’être opérationnel avec nos capitaux internes encore très faibles » conclut l’ancien directeur général du Marché au Poisson de Pikine.

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Daouda TOUMBOU


Source : https://www.seneplus.com/economie/carence-ou-alter...