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Cameron veut un État moins généreux pour les chômeurs

Rédigé par leral.net le Mardi 26 Juin 2012 à 10:54 | | 0 commentaire(s)|

Le premier ministre britannique cherche à séduire l'aile droite de son parti en proposant de réduire les allocations-chômage, notamment pour les jeunes.


Cameron veut un État moins généreux pour les chômeurs
Londres

C'est le retour du «nasty party», le «méchant parti», annonce la presse britannique. Une expression qui date des années 2000, utilisée pour décrire cette droite perçue comme égoïste, insensible aux malheurs des plus faibles. C'est cette image qui aurait favorisé une décennie de règne travailliste en Grande-Bretagne, avant l'arrivée en 2010 du conservateur David Cameron, au ton nettement plus «bienveillant». Mais voilà le chef de l'État britannique qui marque un virage à droite en lançant un large débat dans le Kent sur la «culture de l'acquis» en Angleterre.

Parmi ses propositions, supprimer ou réduire les aides au logement pour les jeunes de moins de 25 ans à faibles revenus ou sans emploi, afin qu'ils restent chez leurs parents. La mesure permettrait à l'État d'économiser près de 2 milliards et demi d'euros par an. David Cameron suggère aussi de mettre fin aux allocations des chômeurs de longue durée s'ils refusent de rendre des services communautaires à temps plein. Enfin, dans la ligne de mire du chef des conservateurs, les familles nombreuses qui continuent à s'élargir alors que les parents sont sans emploi: «Nous avons encouragé les gens en âge de travailler à avoir des enfants et à ne pas travailler, alors que nous devrions leur permettre de travailler et d'avoir des enfants.» Et de donner comme exemple: «Si vous êtes un parent célibataire vivant hors de Londres, si vous avez quatre enfants et que vous louiez une maison grâce à des aides, vous pouvez réclamer plus de 30.000 euros par an. C'est plus que les revenus nets combinés d'un fermier et d'une infirmière.»

«La fin du conservatisme compatissant»
En s'en prenant à l'État-providence, David Cameron sonne, selon le journal de gauche The Guardian, «le glas du conservatisme compatissant». «La compassion ne se mesure pas à la taille des chèques de l'État», affirme d'ailleurs le premier ministre. Réduire les aides aux chômeurs est un thème cher aux conservateurs. Selon un sondage de YouGov pour «Prospect Magazine», 94 % d'entre eux estiment que l'État distribue trop, contre 59 % pour les travaillistes. Les suppressions d'allocations les plus justifiées selon les personnes interrogées concernant les chômeurs.

Avec son discours dans le Kent, David Cameron tente de redynamiser son électorat dans un contexte difficile après le revers subi par la droite lors des élections locales du mois de mai. L'objectif est aussi de réconforter l'aile droite de son parti, qui a peu apprécié son engagement en faveur du mariage homosexuel ou certaines concessions faites aux alliés du gouvernement, les libéraux-démocrates. Plusieurs des propositions sur les chômeurs ne cadrent d'ailleurs pas avec la vision des libdems de Nick Clegg et ne seront pas applicables sous ce mandat. Cameron se pose donc moins en premier ministre qu'en candidat pour 2015, en expliquant quelle serait sa politique s'il n'avait pas à transiger. La stratégie des conservateurs pour les élections générales dans trois ans commence donc déjà à se préciser.

Par Rose Claverie