Outre la statue de l’amazone qui trône majestueusement du haut de ses 30 mètres sur le boulevard de la Marina, au centre-ville, à Cotonou, le Gouvernement du Bénin s’est engagé dans la réhabilitation d’un pan entier de son patrimoine culturel dont l’objectif final reste la promotion du tourisme.
De notre Envoyé spécial à Cotonou, Seydou Prosper SADIO
Un nouveau filon. La culture et les arts occupent, désormais, la deuxième place, après l’agriculture, en termes d’investissements étatiques au Bénin, renseigne Babalola Jean-Michel Hervé Abimbola, le Ministre béninois du Tourisme, de la Culture et des Arts, dans un entretien, à Cotonou. Outre les projets qui ont déjà vu le jour dans la capitale administrative du Bénin, Cotonou, comme la statue de l’amazone érigée sur le boulevard de la Marina (centre-ville) et tant d’autres monuments construits en la mémoire de certaines figures emblématiques de l’histoire du pays, le Gouvernement de la République du Bénin a entrepris la mise en œuvre d’un vaste programme culturel, dont la finalité demeure la promotion du tourisme. Car, comme le soutient M. Abimbola, les véritables intrants pour le développement du tourisme, c’est la culture, le patrimoine et les arts.
Plusieurs vestiges et mémoires de l’histoire de ce pays, notamment ceux renvoyant à la traite négrière, sont en cours de réhabilitation un peu partout à travers le pays. S’y ajoute aussi, l’ambitieux projet de réhabilitation de ce que le Ministre appelle, « la route des couvents vaudou ».
Le centre névralgique de cette initiative gouvernementale reste la commune de Ouidah. Une ville du Sud du Bénin célèbre à travers le culte vaudou (temple du python) et le rôle que l’envahisseur lui a fait jouer lors de la traite négrière. « Le statut qu’on attribue au Bénin comme étant le berceau du vaudou est un atout à proposer au monde. Il s’agit de jouer sur la singularité qu’est le vaudou pour créer un rayonnement culturel d’ici à l’horizon 2030 », a déclaré Babalola Jean-Michel Hervé Abimbola.
FAIRE DE OUIDAH UN SANCTUAIRE MÉMORIAL DE LA TRAITE DES NOIRS
Pour y arriver, des ressources financières conséquentes sont mobilisées par le Gouvernement. Au total, 1250 milliards de FCfa ; soit environ 2 milliards d’euros sont mobilisés par l’État en faveur de la culture et du tourisme, a révélé le Ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts. « De grands investissements structurants sont en cours. Nous avons principalement le développement de pôles museaux, une diversification de l’offre touristique ainsi que la restructuration de l’agenda culturel », affirme M. Abimbola. À Ouidah, la thématique culturelle tourne essentiellement autour de la mémoire de l’esclavage, a-t-il indiqué. « 300 millions de FCfa seront investis à Ouidah où l’on aura la Maison de la mémoire sur un ancien fort portugais. Un autre site du genre a été déjà réhabilité. La Marina où se trouve la porte de non-retour aura, à ses côtés, une aréna culturelle de 3000 places et d’autres projets artistiques, comme la construction d’un bateau négrier sur le large pour permettre aux visiteurs de vivre les émotions de la déportation », renchérit-il. Comme il le soutient, il s’agit de faire de la ville de Ouidah, un véritable sanctuaire mémorial de la traite des noirs.
QUATRE MUSÉES À CONSTRUIRE
Les musées, selon le Ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts du Bénin, doivent jouer un rôle important dans le bouillonnement culturel du pays. Babalola Jean-Michel Hervé Abimbola en a profité pour annoncer la création, à travers le pays, de quatre musées. On peut citer la Maison de la mémoire de l’esclavage à Ouidah (à 40 kilomètres de Cotonou), le Musée international du vaudou à Porto-Novo (Miv) (à 30 kilomètres de Cotonou). Celui-ci sera centré sur la question du patrimoine immatériel, a dit le Ministre qui cite aussi le Musée des rois et des amazones du Dahomey à Abomey (à 135 kilomètres de Cotonou) pour honorer la figure de l’amazone et une dynastie royale qui a régné pendant 300 ans au Bénin et dont les œuvres culturelles et artistiques avaient été emportées par le Colonel Dodds lors de la colonisation et qui, en partie, ont fait l’objet d’une restitution, il y a de cela 2 années. Enfin, il y a le musée des arts contemporains de Cotonou (Mac) qui, selon M. Abimbola, sera construit au centre-ville.
En dehors de ces infrastructures, a-t-il ajouté, d’autres musées font déjà l’objet d’une réhabilitation à Porto-Novo, la capitale économique. Le village de Ganvié, une cité lacustre au sud du Bénin, sur le lac Nokoué, a bénéficié, grâce à ses maisons à pilotis, d’une réhabilitation, a indiqué le Ministre. La singularité de cette localité (les maisons à pilotis) en fait une véritable attraction touristique. Certains l’appellent même la Venise d’Afrique. Au Nord du pays, poursuit le Ministre, d’autres projets culturels sont en cours. On peut citer la route des Tata qui, avec ses châteaux forts à étages construits avec de la terre cuite, est en réhabilitation. Véritable circuit touristique, cette zone est devenue une attraction touristique.
LE VAUDOU, UN PAN CULTUREL À NORMALISER
« Pour comprendre ce qui est véritablement le vaudou et sortir des caricatures renvoyant seulement au sang qu’on boit, le Gouvernement du Bénin a décidé d’instituer, à partir de cette année, une journée dédiée à ce culte : le « vaudou day » (9 et 10 janvier de chaque année). « Cette fête du vaudou est calée autour du 10 janvier, jour férié décrété pour cette occasion. Il s’agit de montrer aux visiteurs que le vaudou va au-delà de la caricature et que ce que l’on connait du vaudou est loin de la réalité », a déclaré Babalola Jean-Michel Hervé Abimbola. Ce culte, dit-il, est d’abord une religion, une culture. « Il n’y a pas un Béninois, quelle que soit sa religion, qui n’a pas un héritage vaudou. Le vaudou, on l’a dans le vestimentaire, dans le culinaire et dans la musique. Donner aux visiteurs la possibilité d’entrer dans un couvant vaudou quelle que soit sa religion. C’est pour cela que le Gouvernement a décidé de mettre en œuvre un projet dénommé « L’aménagement du couvant vaudou » pour remettre cette pratique cultuelle et culturelle aux normes. Cela permettra aux visiteurs qui le souhaitent, après le côté scientifique, de toucher de près la réalité du vaudou », a-t-il indiqué. Le « vaudou day » sera marqué aussi par un grand festival de démonstration de la danse vaudou à Ouidah, a ajouté le Ministre qui mentionne également d’autres projets culturels tels que l’aménagement et la restructuration de l’agenda évènementiel. Le tout accompagné du développement des industries culturelles et créatives avec le renforcement de certaines disciplines telles que la danse, la musique, le cinéma et les arts plastiques.
Il annonce également la création d’un centre de formation et l’aménagement d’un quartier culturel au cœur de Cotonou sur un site de 12 hectares avec une aréna de 7000 places, pour les concerts, d’un coût estimé à 120 millions d’euros.
Source : https://lesoleil.sn/construction-de-musees-et-stat...