Après l’euphorie des élections locales et les quelques semaines de tensions post-électorales, on ne vous entend plus. Qu’est-ce qui se passe ? Demba Dia est-il mort politiquement ?
Avec Demba Dia, on ne sait jamais. Après les Locales, on a continué le boulot. D’ailleurs ce matin (hier), je reviens de la Casamance où j’étais parti installer le parti à Ziguinchor, Cap-Skiring et Bignona. Tous les weekends, on bouge ; si ce n’est pas en Europe, c’est ici au Sénégal. Là, on s’apprête même à faire une tournée nationale après la Tabaski, pour aller installer toutes les bases du parti. Elles sont déjà implantées, mais c’est juste pour leur rendre visite et tâter le pool de la situation politique. Peut-être que vous ne nous entendez pas, mais le travail continue sur le terrain. Tout le staff est à pied d’œuvre et, d’ici quelques jours, nous allons faire une déclaration publique en rapport avec la Présidentielle de 2012.
Une déclaration en direction de 2012 ? tes-vous en train de mijoter votre candidature à la Présidentielle ?
Quelqu’un qui crée un parti politique a un but bien défini. Et ce que vous ne savez pas, c’est que les ambitions du Mac dépassent même le cadre national. Il y a tout un monde acquis à notre cause et qui travaille dans l’ombre. Nous avons aussi le soutien des bailleurs de fonds, des Sénégalais de la Diaspora, et tant d’autres qui ne sont pas Sénégalais mais qui veulent un changement dans ce pays. Ne soyez pas pressés, vous aurez l’intégralité de notre déclaration d’ici peu et vous saurez, en ce moment, que le Mac n’est pas comme les partis de la Cap 21. Nous avons des ambitions claires et bien définies, contrairement à ce conglomérat de soi-disant partis qui ne pensent qu’à accompagner au gré du vent qui pue l’opulence. Nous sommes très sérieux, nous respectons les Sénégalais et nous avons notre mot à dire.
Mais concrètement, que compte faire Demba Dia en 2012 ? Il envisage de se présenter, d’aller en coalition avec le pouvoir ou bien avec l’opposition ?
On est en train de travailler là-dessus. Le parti est bien structuré ; on a des conseillers ici et ailleurs. On est en train de voir la formule à adopter et nous prendrons la bonne décision. En tout cas, une chose est sûre : le Mac va taper très fort en 2012 et on ne va pas jouer les seconds rôles. On va faire une surprise, vous allez voir. Ce sera, sans commentaire. Quand on parle de Demba Dia, on pense à Boum Boum (titre d’un de ses albums: ndlr), mais ce mot signifie beaucoup de choses.
Pendant les élections locales, les gens nous prenaient pour des comédiens, mais on est très loin de jouer à la comédie. C’était très sérieux et les résultats l’ont largement démontré. On a gagné et on nous a confisqué notre victoire. Ça, c’est le début d’une nouvelle ère. Les choses vont maintenant changer, parce que ce pays n’appartient pas aux seuls politiciens. Cette façon de faire la politique doit cesser. Il nous faut des gens responsables, aux compétences avérées, pour amorcer le développement de notre pays. Les Sénégalais sont fatigués et il faut être un vrai hypocrite doublé d’une mauvaise foi pour affirmer le contraire. Tout cela doit cesser et le Mac compte mettre fin à toute cette anarchie, parce que ces gens-là ne sont pas plus intelligents que nous.
On vous sent très remonté contre les autorités politiques du pays. C’est quoi ? Vous êtes fâché parce que c’est la situation difficile des Sénégalais qui l’exige ou bien parce que vous ne faites pas partie du système ?
Ce système-là ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est l’amélioration des conditions de vie des Sénégalais. On a le droit d’être heureux, comme les autres Nations. Pourquoi on devrait accepter qu’une petite minorité de politiciens décident de notre avenir ? Au nom de quoi ? Des gens qui s’accusent mutuellement d’avoir détourné des milliards ; l’un qui va en prison, il en ressort et les deux se retrouvent pour encore commencer à battre campagne pour 2012, comme si les Sénégalais ont oublié les milliards. Vraiment, ces gens nous prennent pour des moins que rien. Il faut que les gens disent non, il faut qu’ils aient ce sursaut patriotique, pour défendre cette pirogue qui tangue dangereusement.
En tout cas, s’il y a des gens qui ont démissionné en allant vivre à l’étranger avec leur famille tout en emportant avec eux leurs richesses, nous, nous allons descendre sur le terrain et jouer le rôle qui est le nôtre. On dira non jusqu’à ce que le Sénégal s’affranchisse des mains de prédateurs comme ceux que nous avons à la tête du pays.
La semaine dernière, Me Wade a rencontré des chefs de parti pouvant lui apporter quelque chose en 2012. Etes-vous partant pour le rencontrer ?
S’il m’appelle, je vais naturellement le voir ; mais, s’il va s’agir d’alliance politique, c’est autre chose. Dans ce parti, c’est vrai que je suis le Secrétaire général, mais je ne décide de rien. Il y a toute une équipe qui va réfléchir sur les questions et prendre des décisions qui s’imposent. S’ils me demandent d’accompagner Me Wade, je le fais sans rechigner. Mais s’ils me demandent aussi d’être avec le Bennoo, je le ferai sans ménagement.
Quelle lecture vous faites de la situation actuelle du pays ?
Comme je vous l’ai dit tantôt, la situation est catastrophique. Les gens souffrent terriblement et ça, il faut être au contact d’eux pour le ressentir. Il n’y a pas de mot pour qualifier la situation dans laquelle les populations vivent et personne ne pourra nous persuader du contraire. D’ailleurs, vous m’offrez l’occasion de parler du programme d’emplois pour la banlieue. Il faut que ces gens-là arrêtent. A chaque fois que les élections s’approchent, ils créent des subterfuges pour amadouer la jeunesse de la banlieue. Paraît-il qu’ils sont en train de recenser les jeunes pour leur trouver du travail, mais c’est de la tromperie. Ces choses-là sont terminées ! Ils pensent qu’ils trompent les jeunes, alors qu’ils se trompent eux-mêmes. Leur ère est terminée et il faut qu’ils sachent que c’est fini pour eux. Maintenant tout le monde a compris au Sénégal. Ils ne peuvent plus tromper personne et ils le savent. Les Sénégalais n’ont plus de temps à perdre, ils veulent passer à autre chose. Et les élections de 2012 sont bien parties pour être une surprise dans les annales politiques du pays.
Ce soi-disant programme prouve à suffisance que ces gens qui entourent Wade ne connaissent pas la banlieue. Ils n’y vivent pas, c’est pourquoi ils sont en songe. Ce recensement est juste fait pour préparer une fraude électorale d’une envergure jamais égalée, parce qu’ils savent qu’ils ne sont plus majoritaires dans ce pays. Même pour tenir un meeting, il faut qu’ils fassent voyager des gens à bord des ndiaga-diaye (cars de transport en commun : ndlr) Tout cela, c’est le signe d’un déclin, d’une triste fin.
Vous dites que c’est fini, mais le parti au pouvoir est en train de se renforcer avec la Cap 21 et d’autres partis. Est-ce que ce n’est pas vous qui risquez d’être surpris en 2012 ?
(Rire moqueur). Il faut arrêter de me parler de la Cap 21 ! C’est quoi ce machin ? Ces soi-disant partis et coalitions de partis n’étaient-ils pas avec Wade lors des élections locales ? Qu’est-ce qu’ils représentent dans le landerneau politique ? Mais, il faut arrêter avec ces choses-là. Dites-moi qui d’entre ces leaders a un parti fort et respecté dans le pays ? Les Iba Der Thiam (coordonnateur de la Cap 21) et Cie sont tous des griots du président de la République. Djibo Kâ est pareil. Ils ne vont rien lui apporter et 2012 sera là pour nous le prouver. Tous ces gens sont vomis par les Sénégalais. Il y a des gens qui sont morts politiquement et pour se maintenir au pouvoir, ils passent par le raccourci du compagnonnage avec Wade. Il doit y avoir une réforme des partis politiques, sinon ça devient de l’anarchie.
Tout le monde s’en prend à la Cap 21, mais il semble jouir de la confiance du chef de l’Etat quand même…
Cela ne veut rien dire, jouir de la confiance du chef de l’Etat. Il est très facile de jouir de sa confiance. Il suffit d’être de mauvaise foi, de lui cacher la vérité et de lui tresser des lauriers à longueur de journée et le tour est joué. Ces gens ne font que lui raconter des histoires pour recevoir en retour 500 000 francs par mois ou des sacs de riz. C’est vraiment désolant la manière dont certains font la politique au Sénégal, mais cela va cesser, parce qu’il s’agit de l’argent du contribuable et on ne peut pas continuer à le distribuer à ces contre-modèles tout simplement, parce qu’ils disent que le Président est le plus beau, le plus populaire et le plus diplômé de l’Afrique. Prenez tous ces partis et dites-moi lequel peut réunir 100 militants dans un espace ? Leurs leaders courent derrière les médias pour exercer un chantage sur le Président et se faire voir dans le dessein d’un compagnonnage. Et le Président, lui, tombe facilement dans le panneau. Il faut être sérieux ! On a besoin d’une alternance générationnelle et cette alternance, c’est nous : le Mac.
Récemment, on a eu vent de votre rencontre avec le Premier ministre. Qu’en est-il exactement ? Quelles sont les raisons de cette visite ?
Cette visite n’a rien de politique ! C’est vrai que je l’ai récemment rencontré, mais c’était juste pour la chose culturelle et rien d’autre. Même s’il m’avait parlé politique, je lui aurais asséné mes vérités, mais il ne l’a pas fait. Il faut aussi reconnaître que c’est un grand monsieur. Il s’est montré très attentif à nos doléances en tant qu’acteurs culturels, et je sais qu’il peut faire beaucoup de choses à la tête du gouvernement. Il y a rien de secret dans cette visite, même son ministre de la Culture m’a reçu, mais ça s’arrête là.
Vous avez aussi été voir Macky Sall, Moustapha Niasse, et Ousmane Tanor Dieng…
(Il coupe). J’ai même été voir Mamadou Diop «Decroix» et Ibrahima Sall du Model. Tout cela, c’est vrai, mais c’est dans l’ordre normal des choses. On est en train de dialoguer pour voir comment prendre le pouvoir en 2012.
Alors c’est clair que vous serez dans le «Bennoo» ?
Je vous le répète : je ne sais pas encore de quoi demain sera fait. On n’écarte rien et on va rencontrer tout le monde. Il est même conseillé de rencontrer ton ennemi pour voir ce qu’il a en tête.
Mais vous, vous êtes partant pour la candidature unique de l’opposition ou bien ?
En tout cas, c’est la seule solution. Il faut que l’opposition s’unisse pour avoir un candidat, si on veut se débarrasser du régime en place. Il faut qu’on arrête ces problèmes de leader. Tout le monde est leader chez soi, mais on ne peut pas être leader parmi tout un tas de personnalités. Il faut que chacun fasse des concessions, parce que nous avons le même objectif. Sinon toutes les forces vont se disperser au grand dam des populations. Il faut qu’on ait aussi un candidat aux mains clean, comme moi, parce que n’oublions pas que ces gens-là aussi, pour la plupart, étaient là, il y a dix ans.
Mais pensez vous sérieusement que cette opposition peut inquiéter Wade ?
Tant qu’ils sont dans leur salon, non ! Il faut qu’ils sachent qu’ils sont des opposants et être opposant veut tout dire. Il faut qu’ils prennent leur courage à deux mains et se débarrasser du manteau de républicains, ne serait-ce que pour contredire Wade. Me Wade les traite de poltrons et de gens trop civilisés pour l’inquiéter ; alors, il faut qu’ils se rebiffent. Il faut qu’ils aient de la poigne pour régner, c’est tout. En Afrique, il y a une façon bien particulière de faire de la politique, alors il faut s’y conformer pour gagner.
L’actualité politique, c’est aussi le refus des autorités d’accorder à Youssou Ndour sa licence d’exploitation de sa télévision. En tant qu’acteur culturel, qu’est-ce que cela vous fait ?
Je trouve que c’est vraiment dommage, parce que Youssou Ndour, c’est un grand monsieur qui s’est battu pour mettre sur pied un groupe de presse. Pourquoi lui priver maintenant de sa télé ? C’est aussi dommage de voir que les artistes ne se sont pas assez mobilisés pour lui venir en aide, car il le mérite, après tout ce qu’il a fait pour ce pays. S’il a envie d’ouvrir une télévision, alors qu’on la lui donne, c’est tout. Il a mis ses sous dans le projet, il crée des emplois pour les Sénégalais. C’est vraiment un monsieur à soutenir.
N’avez-vous pas peur, vous aussi, qu’on vous prive de licence d’exploitation, parce que vous avez clairement affiché votre ambition de mettre sur pied un groupe médiatique ?
Je n’ai pas peur du tout. Ce pays n’appartient à personne et personne ne peut nous priver d’avoir des ambitions pour nos concitoyens. D’accord, Abdoulaye Wade est notre Président, mais on lui a confié le pays et il va nous le rendre. Après lui, ce sera quelqu’un d’autre. Il ne doit pas avoir le droit de vie et de mort sur ses semblables. On doit laisser tranquilles les gens qui ont des ambitions de développer des projets de création d’emplois, à défaut de les soutenir. Lui (Youssou Ndour), tout comme d’autres, se sacrifient pour les Sénégalais et pourtant ils pouvaient bel et bien aller vivre en Europe et bouffer tranquillement leurs sous. Et parlant d’esprit d’entreprenariat, il faut qu’on soutienne les entreprises du pays. Les chefs d’entreprise étouffent. C’est la catastrophe chez certains d’entre nous. Il faut qu’on encourage l’entreprenariat privé, parce qu’il y va de l’intérêt de tout le pays. Tous nos investissements vont à vau-l’eau. Tous les marchés sont donnés aux étrangers, alors qu’il y a des compétences dans le pays.
Je vous donne l’exemple du Fesman. Pourtant, on parle bien d’art nègre, mais le marché de plus de 3 milliards a été octroyé à des blancs. C’est un paradoxe. Et voilà, le festival est même repoussé ; c’est sûr que ces blancs vont encore se sucrer sur notre dos. Parfois, je me demande ce qu’on a fait au bon Dieu pour mériter de telles autorités. On n’a même pas été informés de ce marché. C’est encore une preuve qu’on ne respecte pas les acteurs culturels au Sénégal. Si les autorités pensent que les blancs sont plus intelligents que nous, alors qu’elles nous le disent. Mais, je pense plutôt que ces blancs sont plus experts en matière de fraude et autres tartufferies. Il faut arrêter ! Nous ne sommes plus à l’époque de l’esclavage. Mais si c’est arrivé, c’est avec la complicité de Sénégalais qui ne se soucient que de leurs intérêts personnels au détriment du groupe.
Pour revenir sur le cas Youssou Ndour, que comptez-vous faire concrètement, pour lui manifester votre soutien ?
La balle est dans son camp. Je dis et je répète : je le soutiens, mais il doit bouger et nous le trouverons sur le terrain de l’action. Il faut qu’il ait le courage lui aussi, parce que c’est sa télé et il y a investi des sous. Ce que je peux faire, c’est de le soutenir, mais s’il décide de se battre, il ne sera pas seul, parce que les gens en ont marre. Youssou Ndour a le droit d’investir dans son pays et de soutenir les Sénégalais. Qu’est-ce qu’il y a de mal à son projet ?
Mais le Président lui-même a opposé l’argument des fonds de l’étranger pour le priver de licence….
Je suis désolé, mais ce n’est pas un argument valable. C’est une honte de le dire. Mais les fonds avec lesquels on construit nos autoroutes, ça vient d’où ? Ils viennent de l’étranger, non ! Vraiment, il faut être sérieux et arrêter de nous prendre pour des gamins. Moi-même, j’ai monté ma société avec des fonds de l’étranger et des prêts bancaires ; d’autres en ont fait autant. Alors qu’est-ce que c’est que ces histoires de fonds de l’étranger ? On doit avoir honte de regarder les Sénégalais dans les yeux et de leur cracher cela sur le visage.
Réalisé par Aly FALL
Avec Demba Dia, on ne sait jamais. Après les Locales, on a continué le boulot. D’ailleurs ce matin (hier), je reviens de la Casamance où j’étais parti installer le parti à Ziguinchor, Cap-Skiring et Bignona. Tous les weekends, on bouge ; si ce n’est pas en Europe, c’est ici au Sénégal. Là, on s’apprête même à faire une tournée nationale après la Tabaski, pour aller installer toutes les bases du parti. Elles sont déjà implantées, mais c’est juste pour leur rendre visite et tâter le pool de la situation politique. Peut-être que vous ne nous entendez pas, mais le travail continue sur le terrain. Tout le staff est à pied d’œuvre et, d’ici quelques jours, nous allons faire une déclaration publique en rapport avec la Présidentielle de 2012.
Une déclaration en direction de 2012 ? tes-vous en train de mijoter votre candidature à la Présidentielle ?
Quelqu’un qui crée un parti politique a un but bien défini. Et ce que vous ne savez pas, c’est que les ambitions du Mac dépassent même le cadre national. Il y a tout un monde acquis à notre cause et qui travaille dans l’ombre. Nous avons aussi le soutien des bailleurs de fonds, des Sénégalais de la Diaspora, et tant d’autres qui ne sont pas Sénégalais mais qui veulent un changement dans ce pays. Ne soyez pas pressés, vous aurez l’intégralité de notre déclaration d’ici peu et vous saurez, en ce moment, que le Mac n’est pas comme les partis de la Cap 21. Nous avons des ambitions claires et bien définies, contrairement à ce conglomérat de soi-disant partis qui ne pensent qu’à accompagner au gré du vent qui pue l’opulence. Nous sommes très sérieux, nous respectons les Sénégalais et nous avons notre mot à dire.
Mais concrètement, que compte faire Demba Dia en 2012 ? Il envisage de se présenter, d’aller en coalition avec le pouvoir ou bien avec l’opposition ?
On est en train de travailler là-dessus. Le parti est bien structuré ; on a des conseillers ici et ailleurs. On est en train de voir la formule à adopter et nous prendrons la bonne décision. En tout cas, une chose est sûre : le Mac va taper très fort en 2012 et on ne va pas jouer les seconds rôles. On va faire une surprise, vous allez voir. Ce sera, sans commentaire. Quand on parle de Demba Dia, on pense à Boum Boum (titre d’un de ses albums: ndlr), mais ce mot signifie beaucoup de choses.
Pendant les élections locales, les gens nous prenaient pour des comédiens, mais on est très loin de jouer à la comédie. C’était très sérieux et les résultats l’ont largement démontré. On a gagné et on nous a confisqué notre victoire. Ça, c’est le début d’une nouvelle ère. Les choses vont maintenant changer, parce que ce pays n’appartient pas aux seuls politiciens. Cette façon de faire la politique doit cesser. Il nous faut des gens responsables, aux compétences avérées, pour amorcer le développement de notre pays. Les Sénégalais sont fatigués et il faut être un vrai hypocrite doublé d’une mauvaise foi pour affirmer le contraire. Tout cela doit cesser et le Mac compte mettre fin à toute cette anarchie, parce que ces gens-là ne sont pas plus intelligents que nous.
On vous sent très remonté contre les autorités politiques du pays. C’est quoi ? Vous êtes fâché parce que c’est la situation difficile des Sénégalais qui l’exige ou bien parce que vous ne faites pas partie du système ?
Ce système-là ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est l’amélioration des conditions de vie des Sénégalais. On a le droit d’être heureux, comme les autres Nations. Pourquoi on devrait accepter qu’une petite minorité de politiciens décident de notre avenir ? Au nom de quoi ? Des gens qui s’accusent mutuellement d’avoir détourné des milliards ; l’un qui va en prison, il en ressort et les deux se retrouvent pour encore commencer à battre campagne pour 2012, comme si les Sénégalais ont oublié les milliards. Vraiment, ces gens nous prennent pour des moins que rien. Il faut que les gens disent non, il faut qu’ils aient ce sursaut patriotique, pour défendre cette pirogue qui tangue dangereusement.
En tout cas, s’il y a des gens qui ont démissionné en allant vivre à l’étranger avec leur famille tout en emportant avec eux leurs richesses, nous, nous allons descendre sur le terrain et jouer le rôle qui est le nôtre. On dira non jusqu’à ce que le Sénégal s’affranchisse des mains de prédateurs comme ceux que nous avons à la tête du pays.
La semaine dernière, Me Wade a rencontré des chefs de parti pouvant lui apporter quelque chose en 2012. Etes-vous partant pour le rencontrer ?
S’il m’appelle, je vais naturellement le voir ; mais, s’il va s’agir d’alliance politique, c’est autre chose. Dans ce parti, c’est vrai que je suis le Secrétaire général, mais je ne décide de rien. Il y a toute une équipe qui va réfléchir sur les questions et prendre des décisions qui s’imposent. S’ils me demandent d’accompagner Me Wade, je le fais sans rechigner. Mais s’ils me demandent aussi d’être avec le Bennoo, je le ferai sans ménagement.
Quelle lecture vous faites de la situation actuelle du pays ?
Comme je vous l’ai dit tantôt, la situation est catastrophique. Les gens souffrent terriblement et ça, il faut être au contact d’eux pour le ressentir. Il n’y a pas de mot pour qualifier la situation dans laquelle les populations vivent et personne ne pourra nous persuader du contraire. D’ailleurs, vous m’offrez l’occasion de parler du programme d’emplois pour la banlieue. Il faut que ces gens-là arrêtent. A chaque fois que les élections s’approchent, ils créent des subterfuges pour amadouer la jeunesse de la banlieue. Paraît-il qu’ils sont en train de recenser les jeunes pour leur trouver du travail, mais c’est de la tromperie. Ces choses-là sont terminées ! Ils pensent qu’ils trompent les jeunes, alors qu’ils se trompent eux-mêmes. Leur ère est terminée et il faut qu’ils sachent que c’est fini pour eux. Maintenant tout le monde a compris au Sénégal. Ils ne peuvent plus tromper personne et ils le savent. Les Sénégalais n’ont plus de temps à perdre, ils veulent passer à autre chose. Et les élections de 2012 sont bien parties pour être une surprise dans les annales politiques du pays.
Ce soi-disant programme prouve à suffisance que ces gens qui entourent Wade ne connaissent pas la banlieue. Ils n’y vivent pas, c’est pourquoi ils sont en songe. Ce recensement est juste fait pour préparer une fraude électorale d’une envergure jamais égalée, parce qu’ils savent qu’ils ne sont plus majoritaires dans ce pays. Même pour tenir un meeting, il faut qu’ils fassent voyager des gens à bord des ndiaga-diaye (cars de transport en commun : ndlr) Tout cela, c’est le signe d’un déclin, d’une triste fin.
Vous dites que c’est fini, mais le parti au pouvoir est en train de se renforcer avec la Cap 21 et d’autres partis. Est-ce que ce n’est pas vous qui risquez d’être surpris en 2012 ?
(Rire moqueur). Il faut arrêter de me parler de la Cap 21 ! C’est quoi ce machin ? Ces soi-disant partis et coalitions de partis n’étaient-ils pas avec Wade lors des élections locales ? Qu’est-ce qu’ils représentent dans le landerneau politique ? Mais, il faut arrêter avec ces choses-là. Dites-moi qui d’entre ces leaders a un parti fort et respecté dans le pays ? Les Iba Der Thiam (coordonnateur de la Cap 21) et Cie sont tous des griots du président de la République. Djibo Kâ est pareil. Ils ne vont rien lui apporter et 2012 sera là pour nous le prouver. Tous ces gens sont vomis par les Sénégalais. Il y a des gens qui sont morts politiquement et pour se maintenir au pouvoir, ils passent par le raccourci du compagnonnage avec Wade. Il doit y avoir une réforme des partis politiques, sinon ça devient de l’anarchie.
Tout le monde s’en prend à la Cap 21, mais il semble jouir de la confiance du chef de l’Etat quand même…
Cela ne veut rien dire, jouir de la confiance du chef de l’Etat. Il est très facile de jouir de sa confiance. Il suffit d’être de mauvaise foi, de lui cacher la vérité et de lui tresser des lauriers à longueur de journée et le tour est joué. Ces gens ne font que lui raconter des histoires pour recevoir en retour 500 000 francs par mois ou des sacs de riz. C’est vraiment désolant la manière dont certains font la politique au Sénégal, mais cela va cesser, parce qu’il s’agit de l’argent du contribuable et on ne peut pas continuer à le distribuer à ces contre-modèles tout simplement, parce qu’ils disent que le Président est le plus beau, le plus populaire et le plus diplômé de l’Afrique. Prenez tous ces partis et dites-moi lequel peut réunir 100 militants dans un espace ? Leurs leaders courent derrière les médias pour exercer un chantage sur le Président et se faire voir dans le dessein d’un compagnonnage. Et le Président, lui, tombe facilement dans le panneau. Il faut être sérieux ! On a besoin d’une alternance générationnelle et cette alternance, c’est nous : le Mac.
Récemment, on a eu vent de votre rencontre avec le Premier ministre. Qu’en est-il exactement ? Quelles sont les raisons de cette visite ?
Cette visite n’a rien de politique ! C’est vrai que je l’ai récemment rencontré, mais c’était juste pour la chose culturelle et rien d’autre. Même s’il m’avait parlé politique, je lui aurais asséné mes vérités, mais il ne l’a pas fait. Il faut aussi reconnaître que c’est un grand monsieur. Il s’est montré très attentif à nos doléances en tant qu’acteurs culturels, et je sais qu’il peut faire beaucoup de choses à la tête du gouvernement. Il y a rien de secret dans cette visite, même son ministre de la Culture m’a reçu, mais ça s’arrête là.
Vous avez aussi été voir Macky Sall, Moustapha Niasse, et Ousmane Tanor Dieng…
(Il coupe). J’ai même été voir Mamadou Diop «Decroix» et Ibrahima Sall du Model. Tout cela, c’est vrai, mais c’est dans l’ordre normal des choses. On est en train de dialoguer pour voir comment prendre le pouvoir en 2012.
Alors c’est clair que vous serez dans le «Bennoo» ?
Je vous le répète : je ne sais pas encore de quoi demain sera fait. On n’écarte rien et on va rencontrer tout le monde. Il est même conseillé de rencontrer ton ennemi pour voir ce qu’il a en tête.
Mais vous, vous êtes partant pour la candidature unique de l’opposition ou bien ?
En tout cas, c’est la seule solution. Il faut que l’opposition s’unisse pour avoir un candidat, si on veut se débarrasser du régime en place. Il faut qu’on arrête ces problèmes de leader. Tout le monde est leader chez soi, mais on ne peut pas être leader parmi tout un tas de personnalités. Il faut que chacun fasse des concessions, parce que nous avons le même objectif. Sinon toutes les forces vont se disperser au grand dam des populations. Il faut qu’on ait aussi un candidat aux mains clean, comme moi, parce que n’oublions pas que ces gens-là aussi, pour la plupart, étaient là, il y a dix ans.
Mais pensez vous sérieusement que cette opposition peut inquiéter Wade ?
Tant qu’ils sont dans leur salon, non ! Il faut qu’ils sachent qu’ils sont des opposants et être opposant veut tout dire. Il faut qu’ils prennent leur courage à deux mains et se débarrasser du manteau de républicains, ne serait-ce que pour contredire Wade. Me Wade les traite de poltrons et de gens trop civilisés pour l’inquiéter ; alors, il faut qu’ils se rebiffent. Il faut qu’ils aient de la poigne pour régner, c’est tout. En Afrique, il y a une façon bien particulière de faire de la politique, alors il faut s’y conformer pour gagner.
L’actualité politique, c’est aussi le refus des autorités d’accorder à Youssou Ndour sa licence d’exploitation de sa télévision. En tant qu’acteur culturel, qu’est-ce que cela vous fait ?
Je trouve que c’est vraiment dommage, parce que Youssou Ndour, c’est un grand monsieur qui s’est battu pour mettre sur pied un groupe de presse. Pourquoi lui priver maintenant de sa télé ? C’est aussi dommage de voir que les artistes ne se sont pas assez mobilisés pour lui venir en aide, car il le mérite, après tout ce qu’il a fait pour ce pays. S’il a envie d’ouvrir une télévision, alors qu’on la lui donne, c’est tout. Il a mis ses sous dans le projet, il crée des emplois pour les Sénégalais. C’est vraiment un monsieur à soutenir.
N’avez-vous pas peur, vous aussi, qu’on vous prive de licence d’exploitation, parce que vous avez clairement affiché votre ambition de mettre sur pied un groupe médiatique ?
Je n’ai pas peur du tout. Ce pays n’appartient à personne et personne ne peut nous priver d’avoir des ambitions pour nos concitoyens. D’accord, Abdoulaye Wade est notre Président, mais on lui a confié le pays et il va nous le rendre. Après lui, ce sera quelqu’un d’autre. Il ne doit pas avoir le droit de vie et de mort sur ses semblables. On doit laisser tranquilles les gens qui ont des ambitions de développer des projets de création d’emplois, à défaut de les soutenir. Lui (Youssou Ndour), tout comme d’autres, se sacrifient pour les Sénégalais et pourtant ils pouvaient bel et bien aller vivre en Europe et bouffer tranquillement leurs sous. Et parlant d’esprit d’entreprenariat, il faut qu’on soutienne les entreprises du pays. Les chefs d’entreprise étouffent. C’est la catastrophe chez certains d’entre nous. Il faut qu’on encourage l’entreprenariat privé, parce qu’il y va de l’intérêt de tout le pays. Tous nos investissements vont à vau-l’eau. Tous les marchés sont donnés aux étrangers, alors qu’il y a des compétences dans le pays.
Je vous donne l’exemple du Fesman. Pourtant, on parle bien d’art nègre, mais le marché de plus de 3 milliards a été octroyé à des blancs. C’est un paradoxe. Et voilà, le festival est même repoussé ; c’est sûr que ces blancs vont encore se sucrer sur notre dos. Parfois, je me demande ce qu’on a fait au bon Dieu pour mériter de telles autorités. On n’a même pas été informés de ce marché. C’est encore une preuve qu’on ne respecte pas les acteurs culturels au Sénégal. Si les autorités pensent que les blancs sont plus intelligents que nous, alors qu’elles nous le disent. Mais, je pense plutôt que ces blancs sont plus experts en matière de fraude et autres tartufferies. Il faut arrêter ! Nous ne sommes plus à l’époque de l’esclavage. Mais si c’est arrivé, c’est avec la complicité de Sénégalais qui ne se soucient que de leurs intérêts personnels au détriment du groupe.
Pour revenir sur le cas Youssou Ndour, que comptez-vous faire concrètement, pour lui manifester votre soutien ?
La balle est dans son camp. Je dis et je répète : je le soutiens, mais il doit bouger et nous le trouverons sur le terrain de l’action. Il faut qu’il ait le courage lui aussi, parce que c’est sa télé et il y a investi des sous. Ce que je peux faire, c’est de le soutenir, mais s’il décide de se battre, il ne sera pas seul, parce que les gens en ont marre. Youssou Ndour a le droit d’investir dans son pays et de soutenir les Sénégalais. Qu’est-ce qu’il y a de mal à son projet ?
Mais le Président lui-même a opposé l’argument des fonds de l’étranger pour le priver de licence….
Je suis désolé, mais ce n’est pas un argument valable. C’est une honte de le dire. Mais les fonds avec lesquels on construit nos autoroutes, ça vient d’où ? Ils viennent de l’étranger, non ! Vraiment, il faut être sérieux et arrêter de nous prendre pour des gamins. Moi-même, j’ai monté ma société avec des fonds de l’étranger et des prêts bancaires ; d’autres en ont fait autant. Alors qu’est-ce que c’est que ces histoires de fonds de l’étranger ? On doit avoir honte de regarder les Sénégalais dans les yeux et de leur cracher cela sur le visage.
Réalisé par Aly FALL
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