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Dignité et "Ngor' dans l'enseignement de Serigne Babacar Sy (RTA)

Rédigé par leral.net le Lundi 6 Avril 2020 à 18:52 | | 0 commentaire(s)|

Au-delà des cinq célèbres recommandations qui, en réalité, dans leur esprit, tenaient lieu d’un simple cadrage n’enfermant point et bridant encore moins l’ardeur et la créativité de ceux qui s’étaient armés de « himma » dans leur perpétuelle « hâl » de s’inscrire dans le mouvement, Serigne Babacar ne mettait qu’une seule limite au déploiement libéré dans le monde social : l’observance de l’éthique.


Dignité et  "Ngor' dans l'enseignement de Serigne Babacar Sy (RTA)
L’honnête ou le gentilhomme, conscient et digne de sa charge adamique que Serigne Babacar Sy cherchait à façonner à travers les deux piliers de sa Tarbiyya (hâl et himma) devait être surtout épris de moralité. Il ne devait jamais dévier de la vérité, en toutes circonstances, même lorsque ses intérêts voire son être étaient menacés : gor du tiit ba fenn !

L’homme digne et riche, avant tout, de ses valeurs morales au point de cultiver une générosité d’âme le préservant du vice et de la corruption, ne devait être point tenté par les biens d’autrui ou par sa richesse même étalée au point de s’en servir en dehors de la licéité : Gor Du Niakk Ba Sathie !

L’homme fidèle et loyal, aux valeurs chevaleresques et à la dignité inébranlable devant les vicissitudes d’un monde où le pouvoir et l’avoir tournent entre les mains des désignés du destin d’un temps, devait, selon l’enseignement de SerigneBabacar Sy, avoir le courage et la noblesse d’âme de revendiquer ses amitiés, sa fidélité à ses alliés même d’infortune, sans calcul ni opportunisme, encore moins delâcheté : Gor Du Kham Fakk !

Puisqu’on le décrit tellement fidèle qu’il se réservait de se séparer d’une simple coiffe (son bonnet carré) avec laquelle le temps l’avait lié et que les regards de ses admirateurs n’abandonnaient jamais, dans sa démarche éducative, SerigneBabacar Sy, inscrit la fidélité au cœur de sa charte moralegarante d’un monde éthique : Gor du japp bayyi !

Puisqu’enfin, dans son modèle, la vérité, l’honnêteté, la loyauté et la fidélité constituaient le carré d’As d’un schéma éducatif devant structurer une vie spirituelle et temporelle se fondant ensemble dans l’éthique, Serigne Babacar Sy fit de la constance le maître-mot d’une sagesse devant permettre de sauvegarder les valeurs nécessaires pour faire société : Gor du Soppéku !

Lorsque Cheikh El Hadji Malick Sy s’installa à Tivaouane à partir de 1902, les séquelles étaient encore là d’une société féodale longtemps marquée par le règne de l’injustice sociale et d’une religiosité dans laquelle dominait ce que Cheikh Ahmed Tidiane Sy appelait « âda » avaient imposé à Maodoune nécessaire rupture conceptuelle. La relation entre le disciple et son maître spirituel devait quitter la sphère d’une domination charismatique –comme dirait Max Weber - pour s’inscrire dans la logique d’une filiation a-sanguine et pleinement spirituelle.

Serigne Babacar Sy était le père de tous, aujourd’hui le grand-père d’une jeunesse qui admire ses qualités morales sans l’avoir visuellement admiré dans son élégance d’âme et de personnalité tel que la geste nous le décrit à travers poèmes, chants et inconsolables thrènes.

C’est, justement, par ce lien de paternité universelle, au-delà de la descendance familiale ou de patronyme, que Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al-Maktoum l’interpelle pour renouveler le pacte à durée indéterminée, une allégeance inscrite dans la durabilité d’un lien, lui-même éternel, en dehors de la temporalité limitatrice : Abûnâ Abu Bakrin Wa in kâna fil qabri/Raînâ bihî shaykhan ilâ âkhiri dahrî.(Notre père Aboubacar, même dans la tombe, sera notre guide agréé jusqu’à la fin des temps)



Dr. Bakary Sambe