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[Entretien] Soda Mama FALL : « Les jeunes ont plus de chance que nous. »

La diva à la noirceur d’ébène, Soda Mama FALL livre sa définition de la musique traditionnelle à l’équipe de Dakar Musique qui est allée la rencontrer au domicile de son guide religieux, Serigne Mbacké Sokhna LO. Pour elle la jeune génération est plus chanceuse que la sienne du fait de l’évolution des médias. Etant une griotte, elle a commencé à chanter à l’âge de sept (07) ans en accompagnant sa mère dans les cérémonies de mariage et de baptême, ce qui explique d’ailleurs, qu’elle n’ait pas réussi ses études primaires. Soda Mama FALL fait aussi partie de l’ensemble lyric traditionnel du théâtre national Daniel Sorano.


Rédigé par leral.net le Vendredi 5 Juin 2009 à 15:57 | | 0 commentaire(s)|

[Entretien] Soda Mama FALL : « Les jeunes ont plus de chance que nous. »
Dakar Musique : Soda Mama pouvez-vous nous définir rapidement le concept de « musique traditionnelle » ?

La musique traditionnelle c’est avant tout, la musique la plus importante de ce pays. Elle existe depuis nos aïeux et elle restera toujours. Il faut d’abord noter qu’il existe plusieurs variétés dans nos chants traditionnels. Musicalement donc la traditionnelle est composée à partir d’instruments traditionnels (xalam, kora, tama, flûte…), accompagnée par des chants appelés « tassu » ou « taxuraan » qui s’apparente un peu au rap musique. Ces notes nécessitent cependant une certaine harmonie dans les voix et se déclinent sous plusieurs type : nous avons ce qu’on appelle le « mbaar » où à la fin de la chanson il faut qu’il ait un enchainement logique d’une autre voix pour la terminer. D’autre part Nous avons ce qu’on appelle le « mbeup » où une voix aigue accompagne une voix basse, et là c’est souvent une « gueweul » (griotte) professionnelle qui peut le faire. Enfin nous avons le « mbeufeur », où deux voix identiques chantent ensemble mais où l’une des voix continue à chanter quand l’autre récupère sa respiration.

Dakar Musique : Parlez nous de votre ensemble lyrique du théâtre national Daniel Sorano ?

J’ai intégré cet ensemble suite à une audition que j’ai passée. J’ai été retenue et je ne l’ai su que quatre mois après, parce qu’ils n’avaient pas mes coordonnées. Et c’est grâce à cet ensemble lyrique que j’ai pu faire du cinéma. En effet, lors d’une de nos prestations j’ai dansé devant un public, parmi lequel figurait le cinéaste Johnson TRAORE. Je ne sais pas ce qu’il avait remarqué en moi mais il me proposa de participer à son film ce que j’ai accepté. J’ai donc joué dans ce film en même temps que ma fille ainée Youma MBAYE à qui j’ai remplacé dans son rôle d’actrice principale lorsqu’elle a grandi. Par ailleurs je suis encore toujours à Sorano, où certains de mes collègues sont déjà partis à la retraite. Ceci pour vous dire que dans cet ensemble lyrique nous sommes des fonctionnaires salariés.

Dakar Musique : On a remarqué qu’à Sorano vous chantez et faites les chœurs dans toutes les langues locales. Comment ça se passe ?

Déjà je dois dire que nous avons des horaires de travail réguliers, avec pointage et feuille d’absence, c’est pour dire donc que ça c’est notre boulot. Nous travaillons du lundi au vendredi, de 08H 30 minutes à 13H et en cas de besoin on revient les après midi également. Alors quand on vient au travail dans les séances de répétition, si le bambara amène son texte, il le traduit d’abord en wolof pour que tout le monde le comprenne et on l’apprend tous ensemble, de même que pour le serere ou le halpular ainsi de suite. Donc je vais faire les chœurs pour Khar MBAYE ou Mawa KOUWATE quand elles vont chanter leurs textes, et eux aussi à leur tour vont faire pareil pour moi. Ce n’est pas une chose facile mais nous le travaillons et jusqu’à présent nous l’avons réussi.


[Entretien] Soda Mama FALL : « Les jeunes ont plus de chance que nous. »
Dakar Musique : Étant employée à Sorano est-il possible de sortir votre propre produit sur le marché ?

Oui c’est tout à fait possible, c’est ce qui explique d’ailleurs mes dix albums sur le marché, j’ai mon propre groupe, le Pis à 7, qui existe depuis quinze ans. Mon premier album a été produit par El Hadji NDIAYE de studio 2000. Les jeunes d’aujourd’hui ont plus de chance que nous dans la mesure où lorsque nous débutions il n y avait que la radio nationale et la télévision n’était pas encore installée au Sénégal. A la radio il n y’avait qu’une seule émission musicale qui passait chaque dimanche et qui s’appelait « Dix folklores sur commande ». Pour passer une dédicace dans cette émission fallait écrire au préalable une lettre au Directeur de la radio, pour attendre de voir si ce sera possible de faire passer le morceau vue le problème de timing et du nombre de chansons qui ne devait excéder dix. C’est après cette période qu’a eu les émissions de « ndanan bi momé » avec Ablaye Nar SAMB qui je dois dire était le seul qui faisait passer mes morceaux. Puis la télévision est venue et Maguette WADE qui est le premier à initier le play back dans ce pays, il recommandait aux artistes d’apprendre bien leur morceau et de venir le chanter avec la musique dans son émission, ça a été une véritable révolution.

Dakar Musique : On sait que vous êtes une femme très belle. Comment est ce que vous avez fait jusqu’à maintenant pour éviter tout scandale de presse contrairement aux jeunes d’aujourd’hui ?

Je dois d’abord dire que je me suis mariée à l’âge de treize ans, je dis toujours que si c’était à cette présente époque mes parents auraient des problèmes. J’étais tellement jeune que quand je me fâchais, je pleurais et je rentrais chez moi, c’est de là d’ailleurs que vient le « Mama » qui vient après mon prénom. En effet mon ex mari s’appelle Mama et chaque fois que je voulais rentrer chez moi, il essaya de me convaincre de rester en me disant « Soda bou Mama boul dém » (la Soda de Mama ne part pas). Donc c’est pour vous dire que nous n’avons pas connu la vie que mène la plupart des jeunes d’aujourd’hui. Nous nous habillions déjà décemment, on regardait bien les textes que nous chantions parce qu’un chanteur c’est avant tout un messager. Nous on peut chanter une personne en énumérant son arbre généalogique, du coup quelqu’un d’autre peut se rendre compte alors des liens de parentés qui existent entre lui et celui que nous chantons. La famille se retrouve et s’élargit du coup, nous c’est ce que nous faisions et qu’on fait jusqu’à présent. Je ne pense pas qu’on ait besoin de scandale dans sa carrière d’autant plus que tout est archivé, tout vraiment tout part à l’archive. L’artiste doit penser à sa descendance, par exemple le jour où son enfant voudra devenir quelqu’un dans ce pays qu’on ne lui en empêche pas par ce que sa mère a fait telle ou telle autre chose contraire à nos mœurs. On peut bien sur danser sans montrer son intimité, moi qui vous parle suis une grande danseuse. Tous les enfants dans ce pays connaissent parfaitement toutes les chansons qui passent à la télé et sur les ondes FM, que ce soit donc les femmes que les hommes car c’est valable pour les deux il faut avoir un comportement louable.

Dakar Musique : Qui est votre référence ?

Ma référence est la famille de Cheikh Ahmadou Bamba MBACKE, je suis talibé et grande amie du vénéré Serigne Mbacké Sokhna LO. J’ai chanté Serigne Saliou MBACKE dix années durant avant qu’il ne devienne Khalif général des mourides. Ma seule et unique référence c’est la famille MBACKE, Serigne Mbacké Sokhna LO m’a tout offert dans cette vie, il m’a offert ce que personne ne m’offrira plus jamais.

Dakar Musique : A quoi doivent s’attendre vos fans ?

Eh ben pas à un album, parce que je considère que tout ce que je devais faire en matière de cassette je l’ai déjà fait et pour notre part sortir une cassette, c’est un travail de longue alêne qui ne se fait pas du tic au tac.

Dakar Musique : C’est quoi votre mot de la fin ?


Vous m’avez trouvée à l’anniversaire du décès de Serigne MBACKE que je rends grâce chaque année. Je remercie son frère Serigne Abdou Fata « Yalla nafi yague té weer lol » et toute la famille MBACKE.

Source :Dakarmusique.com

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