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Et si l’Afrique refusait de se développer ?


Rédigé par leral.net le Vendredi 1 Mai 2015 à 14:34 | | 0 commentaire(s)|

Ibra Pouye, au siège de la Banque mondiale, lors du Groupe consultatif de Paris
Ibra Pouye, au siège de la Banque mondiale, lors du Groupe consultatif de Paris
Cri de peine, cri d’indignation, cri de haine. Je zézaie. Je ne sais plus où tourner de la tête tellement les idées confinées en un ressac, s’entrechoquent dans mon esprit d’observateur du microcosme politique africain. Je déclare urbi et orbi que la vie est politique. Si nous n’allons pas vers la politique, cette dernière viendra sur nous. Aléa jacta est ! Le lait est tiré, il faut le boire et d’un trait ! Lequel de ces cris, de peine, d’indignation ou de haine, devons-nous choisir ?

Avons-nous le choix ? Sommes-nous sempiternellement condamnés à être sous le joug de quelques apprentis-présidents qui nous gouvernent ? Sommes-nous appelés, nous africains, à disparaître un jour ? Sommes-nous les damnés de la terre, que prédisait Frantz Fanon dans son fabuleux opus, Les Damnés de La Terre, bouillant de caractère et d’indignation? Et si l’Afrique refusait de grandir ?

Toujours au stade de la maternelle. Toujours dans son cocon infantile. Toujours abreuvée de sève nourricière de l’Occident. Toujours se prenant pour une victime de tous les temps. Des questionnements avec des si, on les trouverait pêle-mêle. Des questions de ce genre, on les ramasserait à la pelle. Face à ce qui se trame sous nos yeux, nous ne pouvons qu’être indignés et l’action doit être notre arme absolue. Agir vite et vaille que vaille !

L’on se demande si l’Afrique est encore sortie de sa léthargie, voire de son sommeil profond. L’on se demande si l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, le tombeur de Mouammar Kadhafi, a-t-il finalement eu raison contre nous tous, quand il disait que le drame de l’homme africain, c’est son immobilisme et j’en passe.

L’homme africain, d’après certains théoriciens inconditionnels, a toujours été berné par la jouvence de ses idées et n’est jamais sorti de son milieu devant le mener à sa propre maturité. En ce moment, l’actualité africaine couve comme des braises incandescentes. Nous ne pouvons pas rester immobiles et insensibles face à ces maux de l’immigration clandestine qui gangrènent le continent. L’on parle du drame libyen, de l’immigration illégale vers l’Europe depuis les côtes libyennes et de la violence xénophobe en Afrique du Sud. Comme toile de fond, deux drames se nouent actuellement sous notre nez et à notre barbe.

L’échec d’une politique de la jeunesse

Une jeunesse perdue et désemparée ; tels sont les titres qui reviennent en boucle sur les plateaux de télévision et de radio. L’Afrique est vraiment malade de sa jeunesse. Il vaut mieux avoir une jeunesse saine qu’une population vieillissante. L’Afrique a toujours été frétillante de jeunesse à la recherche du mieux vivre.

Quand on parle de jeunesse, l’on pense au poids pour ceux qui nous gouvernent. Chiens de politiques ! Ils ne pensent qu’a leur ventre repus de deniers publics. Voleurs de péculat ! Ils vident ce continent avec l’aide de leurs maîtres nichés en Occident. Une autre manière de coloniser l’Afrique par ses propres fils. Est-ce une malédiction ? L’Afrique ne mérite pas ça !

L’on parle aussi d’une jeunesse africaine, que ne cessent de louer certains médias de la place. Une jeunesse qui aspire au changement. L’Afrique, au moment où je plante ma plume dans la plaie, ne devrait plus être en reste des décisions les plus importantes. L’Afrique devrait être dans le concert des continents décideurs et leaders.

L’on semble dire oui. On laisse en rade cette belle jeunesse qui ne demande qu’à être épanouie intellectuellement et financièrement. Ces politiques dont nous parlons, mangent tout jusqu’au trognon et raclent même les os. Aucun reste à la populace. En effet, nous assistons, effarés, au suicide collectif de cette jeunesse, fer de lance de demain ! Si demain existe encore dans cette Afrique-là.

La Méditerranée : le cimetière de migrants

De nos jours, la Méditerranée, est devenue un véritable cimetière marin pour les africains qui migrent vers les pays de cocagne, puisque le blé pousse à foison là-bas... Sacrilège ! Leurre ! L’Europe n’est plus ce qu’elle était avant. Elle a toujours été un miroir aux alouettes pour bon nombre d’entre nous. Et cette Europe, dont on parle, a cessé d’être.
Quelle folie de vouloir et de devoir traverser cette Méditerranée à la recherche du graal ! Mais ‘’ventre affamé, point d’oreilles pour écouter.’’, dit le chantre de la négritude, en l’occurrence, Léopold Sédar Senghor. La vie en vaut le coup, c’est que disent ces aventuriers dont parmi eux, des enfants en bas âge. Non, ce n’est pas vrai ! Mais si, c’est vrai et trop triste. Depuis le début de cette année 2015, plus de 1600 personnes ont déjà péri dans la Méditerranée à la recherche d’un eldorado qui n’existe que dans les chimères. De la poudre de Perlimpinpin est passée par là et a fait effet dans nos mentalités.

L’Europe, face à cette catastrophe humanitaire, est dans un tournis indescriptible. Elle patauge, elle se cherche. Face à
ce drame, une kyrielle d’interventions ont été mises en place. Pour le moment, que nenni. L’Europe ne peut pas arrêter cette marée humaine déferlante sur ses côtes. Que faire ? Question que nous nous posons. Développer l’Afrique avec un partenariat sincère et gagnant-gagnant. Un bon ticket gagnant. Cela peut être une source de quiétude et de solutions durables.

En effet, l’Europe, connaît une grave crise de gouvernance. L’Italie, seule, ne peut parer à ce drame qui se joue sous son nez. Ce pays s’est noyé depuis la crise économique. Dire à l’Italie de se battre seule contre ces vagues de migrants, c’est pousser ce pays au suicide collectif et à un repli identitaire qui renferme des relents fascistes et racistes. L’Europe, submergée, invente des termes et dispositifs pour contrer ces flux migratoires que nous n’avons jamais vus auparavant. Quand le ministre français de l’Intérieur, en l’occurrence Bernard Cazeneuve, parle de politique d’asile, son homologue italien des Affaires Etrangères demande un soutien financier accru aux opérations de secours des migrants. Chacun y va de ses solutions abracadabrantesques. Discussion de sourds.

Dans ce méli-mélo politico-dramatique, il nous revient de poser la question à la France dans sa politique dévastatrice sur le continent africain. Principalement à Nicolas Sarkozy, l’instigateur de cette grave crise humanitaire. La France doit bien s’en mordre les doigts. Liquider Mouammar Kadhafi. Oui. Mais comment gérer l’après Kadhafi ? That is the question.

Quand on fait une révolution, il faut avoir les moyens de sa révolution. Encore une mauvaise politique étrangère de la France. La France et son pré-carré africain. Une longue histoire d’amour et de haine. Le tout dans un scénario de refus de l’Afrique de se développer avec une jeunesse toujours en quête de vie meilleure. Une jeunesse en déliquescence perpétuelle et en manque criard de repères.

Je ne saurais terminer sans vous faire partager cette citation remplie de sens, d’Aimé Césaire, disant :’’ Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation dégradante. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.’’ Tout semble parler de notre chère Afrique, terre de Lucie, l’ancêtre des Hommes. Mais j’ose espérer que Césaire ne parle pas seulement de l’Afrique. Hélas, il me semble que c’est de l’Afrique dont il s’agit.

Refuser de se développer, est-ce un titre, fort de café ? Un constat imagé: l’Europe essaie de soutenir l’Afrique, comme la corde soutient le pendu ; en l’empêchant de tomber mais en l’étranglant sempiternellement. Merci pour ce bel exemple de partenariat et de développement ! Une Afrique développée ne devrait guère enchanter une Europe arrivée à un plafond de verre avec un taux de croissance à 0 chiffre. Des scénarii de refus de l’Afrique de se développer, il en existe in fine, une hécatombe. Merci à la vaillante Dame de Simal, peau blanche masque noir, toujours debout, et sans qui, j’avoue du bout des lèvres ; cette feuille ne serait pas un billet d’informations pour éclairer les esprits.

POUYE Ibra
ibpo2004@gmail.com