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Expliquez nous…AMADOU DIOP entraîneur du Jaraaf

«Les histoires de primes nous ont fait perdre le championnat»

Le Jaraaf, vainqueur de la Coupe du Sénégal 2008, est-il passé à côté d’un doublé cette saison ? Même si son entraîneur, Amadou Diop «Boy Bandit», ne le dit pas ouvertement, on sent à travers ses propos, qu’il y avait de la place pour une telle performance, venant des «Vert-blanc», leaders de leur poule à l’issue de la phase aller. Avant que l’histoire des primes dues aux joueurs, ne vienne tout gâcher. Un incident que tient à déplorer Amadou Diop dans cet entretien, où il revient sur la finale, le bilan de son parcours, bref mais gagnant, sur le banc de son club de toujours ; et sur les perspectives africaines avec la coupe de la Caf.


Rédigé par leral.net le Jeudi 11 Décembre 2008 à 12:09 | | 0 commentaire(s)|

Expliquez nous…AMADOU DIOP entraîneur du Jaraaf
Qu’est-ce qui a été déterminant lors de la finale de la Coupe du Sénégal que vous avez réussi à remporter face au Stade de Mbour ?
Comme toute équipe, on a bien préparé la finale. On n’a rien laissé au hasard. Et comme il est de coutume chez nous, pour disputer ce genre de matches, on s’est rabattu sur nos propres repères, nos propres valeurs. On a bien travaillé. On a bien mis notre stratégie en jeu, et ça a payé.
C’est une finale qui s’est jouée sur quoi ?
Il fallait d’abord une maîtrise technique des gamins. La maîtrise collective et la vivacité de nos attaquants. On a joué sur nos valeurs propres sans trop se soucier de l’adversaire, tout en sachant qu’il y aura une équipe en face, très déterminée, mobilisée et bien en place. En briefing, on n’a pas cessé de dire aux gamins qu’il fallait d’abord mettre en avant la maîtrise collective. De ne pas se précipiter, de rester concentré dans le jeu et de jouer juste et net. Là, ils l’ont bien réussi et on a pu faire le break.
Un collectif qui a masqué une certaine jeunesse de votre équipe
C’est la culture du club. Dans le temps, on avait une équipe très collective qui jouait bien au ballon. On a dit aux gamins qu’on ne pouvait pas comprendre que l’équipe soit sous pression. Techniquement, ils sont bons, intelligemment, ils pouvaient réagir. Même si c’est une équipe jeune, il fallait simplement mettre la balle à terre et jouer. C’est ce que les joueurs ont fait.
A quel moment avez-vous senti que c’était un bon jour pour le Jaraaf ?
Je l’ai senti dès la première mi-temps. Notre équipe a dominé le match. L’équipe était bien en place. Il y a eu pas mal d’actions de jeu en notre faveur. Il y avait un sérieux dans tout ce que l’équipe faisait. A la mi-temps, j’ai dit aux gosses qu’il ne fallait pas lâcher et qu’il fallait continuer à pousser. Je savais qu’on pouvait mettre le but. Et c’est ce qui s’est passé.
Au bout vous gagnez la Coupe avec une bonne équipe, mais par contre vous n’avez pas pu jouer les grands rôles pour le titre de champion. A quel moment avez-vous senti que le titre était perdu ?
Pour ce qui est du championnat, il faut reconnaître que nous avons été fautif parce qu’à la phase aller, le Jaraaf était premier de sa poule (B). C’est après qu’il y a eu les histoires de primes. L’équipe s’est déconcentrée. A un certain moment, ça n’allait plus. On avait perdu tous nos repères. On a perdu le championnat à cause de ces histoires de primes. Les gamins n’étaient plus concentrés parce que tout simplement ils réclamaient leur argent. De l’autre côté, l’encadrement technique ne tenait plus. Les gens se bataillaient entre eux. Il y a eu aussi la démission de Mbaye (Mbengue, ancien entraîneur du club). Après, il n’y a pas eu de motivation, ni de sérieux dans ce que nous faisions.
Vous êtes arrivé juste après le départ de Mbaye Mbengue. Comment avez-vous géré cette période de transition et de doutes ?
Ce sont des situations que le club doit éviter. Cela ne doit pas exister dans un grand club. Maintenant, pour revenir sur ce qui s’est passé et les conditions de mon arrivée sur le banc, j’avoue que je n’avais pas bien compris, tellement les choses sont allées très vite. J’étais là au stade pour regarder le match Duc-Jaraaf (0-0). Tout juste après mon retour du Mondial du Beach Soccer (il est également l’entraîneur de la sélection nationale), j’ai rejoint le club, dans la mesure où j’étais le directeur sportif. Le coach n’était pas là. Et Ndoffène (Fall, président section football du club) m’a demandé de venir. Sans hésiter, j’ai rejoint Dame Mbodji (l’entraîneur-adjoint) sur le banc de touche. On a fait un match en deçà, bien qu’on ait dominé. C’est à ce moment que j’ai rejoint l’équipe, après, bien évidemment, une discussion avec Ndoffène (Fall). Je ne pouvais pas reculer dans la mesure où je suis un pilier du club. Et là, Dieu merci, on a réussi.
Quel a été votre premier défi lors de votre prise de fonction ?
C’était d’abord de maîtriser le groupe, de les conscientiser et de créer une certaine dynamique, une bonne ambiance dans l’équipe. Auparavant, il fallait avoir un bon terrain d’entraînement, du matériel adéquat. A ce niveau, le pari était gagné parce qu’avec Ndoffène, on louait le stade Iba Mar Diop. On travaillait sérieusement. C’est à partir de ce moment qu’on a commencé à asseoir quelque chose de solide. L’ambiance était de nouveau là. Les gens reprenaient confiance. A partir de là, on a commencé à travailler le bloc d’équipe, le collectif. Au fur et à mesure qu’on avançait, on voyait l’équipe revenir en puissance. Il y avait certes des blessés, des suspendus, ou un autre qui était en sélection. Cela nous a un peu pénalisés. Mais, on a fait avec le reste du groupe. Et on a bien réussi finalement…
Avec un trophée à la clé, quel bilan tirez-vous de votre bref passage à la tête de l’équipe ?
Tout simplement, un bilan positif. On n’a pas perdu de match depuis mon arrivée. On a disputé huit matches dont un seul nul, je crois. On peut être vraiment satisfait de notre travail.
Regrettez-vous de n’avoir pas été là plus tôt ?
Non, je ne regrette pas. J’avais toujours refusé de coacher, simplement parce que mes activités professionnelles ne me le permettaient pas. Mais, comme je ne pouvais y échapper, j’ai foncé.
On a appris que vous souhaitiez poursuivre l’aventure avec cette équipe-là. Est-ce le cas ?
Les gens le disent. Mais on n’a pas encore fait le bilan. Donc, j’attends.
Vous êtes quand même intéressé par le poste ?
Intéressé, c’est trop dire. Je suis un des piliers de cette équipe, comme je l’ai dit tout à l’heure. J’ai grandi dans cette équipe. J’ai été bercé au cœur de cette équipe. Si aujourd’hui, il y a manquement et que j’ai le profil, je le remplis. Je le fais humblement.
Le Jaraaf va jouer la Ligue des Champions et sera opposé à l’Us Ouagadougou du Burkina. Comment appréhendez-vous cette nouvelle aventure ?
C’est trop tôt pour se prononcer. Pour l’instant, on est en train de savourer la coupe (rires). Laissez-nous le temps d’évaluer et de peaufiner notre stratégie de compétition. Dans la semaine, il y aura la réunion d’évaluation. A partir de là, on pourra se situer.
Que vous inspire le football Burkinabé ?
Pour ce qui est de l’adversaire, je n’ai pas une idée claire. Par contre, j’ai eu à travailler avec pas mal de joueurs Burkinabé. Je dis tout simplement que ce sont des équipes difficiles à jouer. Mais avec l’expérience du Jaraaf, on peut espérer une digne représentation du club en Afrique.
La saison du Jaraaf a été rythmée par les divergences entre dirigeants. Ce qui a causé une division au sein du club. Pensez-vous que le président Lamine Diack soit l’homme qu’il faut pour renouer les liens ?
C’était un petit incident entre dirigeants. Depuis, tout est en place. On a passé l’éponge. Il y a eu un malentendu et on a lavé le linge sale en famille. Pour ce qui est de Lamine Diack, je dis que c’est l’homme de la situation. C’est le messie du club. C’est vrai qu’il n’était pas là depuis 5 ans. Mais à la veille de la finale, il est venu nous rendre visite, en présence du président Wagane (Diouf). Tous les Jaraafmen sont contents. Tous ceux qui étaient partis à cause de Lamine Diack vont revenir. Le Jaraaf fera bloc pour franchir les autres obstacles.
Un mot sur le beach soccer, dont vous êtes l’entraîneur national. Pensez-vous pouvoir cumuler les deux postes, au cas où vous serez confirmé sur le banc du Jaraaf ?
Le beach soccer, c’est pour un temps bien déterminé. C’est comme si vous demandiez aux autres techniciens nationaux qui sont en équipes nationales, si cela ne les gêne pas de coacher des clubs. Cela se fait. Si demain, je reste au Jaraaf, il y a mon adjoint qui sera là pour le beach soccer. Il n’y a pas de problème à ce niveau-là.
Justement à quand la reprise du beach soccer ?
Bientôt on va reprendre. Peut-être par des tournois pour des détections. Ensuite, ce sera la sélection proprement dite pour la Coupe d’Afrique qui, je pense, se jouera en mars prochain en Afrique du Sud.

Recueillis par Woury DIALLO - wdiallo@lequotidien.sn

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