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FARA SARR, DIRECTEUR GENERAL SUNU Assurances Vie Sénégal : « Il faut instaurer la confiance par le respect de nos engagements vis-à-vis de nos clients »


Rédigé par leral.net le Mercredi 7 Mai 2025 à 01:20 | | 0 commentaire(s)|

La compagnie SUNU Assurances Vie Sénégal demeure un acteur majeur du secteur de l'assurance vie au Sénégal. En octobre 2024, M. Fara SARR a été nommé Directeur Général de SUNU Assurances Vie Sénégal, filiale du Groupe SUNU, leader de l'assurance vie dans la zone CIMA. Les défis et les éventuels leviers de développement du secteur, il nous les livre dans cette interview.
FARA SARR, DIRECTEUR GENERAL SUNU Assurances Vie Sénégal : « Il faut instaurer la confiance par le respect de nos engagements vis-à-vis de nos clients »
Pouvez-vous nous expliquer le rôle de l’assurance vie ?
En partant de sa définition, on peut attribuer à l’assurance Vie trois rôles principaux : Le premier rôle qu'on pourrait considérer de l'assurance vie c’est son rôle de protection. Par exemple, dans un contrat, l'assureur, moyennant le paiement d'une prime, garantit à l'assuré en cas de décès ou d'incapacité, un capital à payer aux bénéficiaires désignés. L’assurance vie peut jouer aussi un rôle  d'épargne, à travers le contrat par lequel l'assureur s'engage en contrepartie du versement de primes,  sous forme de rente ou à constituer un capital à l'assuré ou à ses bénéficiaires.

Le troisième et non moins important rôle ( sous-jacent des précédents  rôles ) que l’on pourrait  attribuer à l’assurance-vie et que j’apprécie particulièrement, c’est celui de financeur de l’économie, à l’instar des banques. Aujourd'hui, nous collectons de l'épargne à long terme et une partie de ces primes collectées doivent servir au financement de nos économies

Par exemple en 2024, le chiffre d'affaires  provisoire du marché sénégalais était estimé à 108 milliards de FCFA, là où le marché ivoirien nous a sorti 266 milliards et le marché burkinabé 167 milliards. Nos actifs admis en couverture de nos  engagements  réglementés s’élevaient en 2023 à plus de 300 milliards de FCFA et sont investis à hauteur de 50% maximum dans le financement des Etats, à travers les obligations, les Dépôts à terme (DAT)…. » auprès des banques qui les réutilisent pour financer l'économie, via l'État, les Particuliers et les Entreprises.

Ce rôle de financeur de l'économie, je le pense, doit être mis en avant pour contribuer davantage au financement de l’économie. Comparativement, si on regarde en Europe, notamment en France et en Angleterre, dans les années 80-90, les assurances sur la vie, jusqu'à un passé récent, ont été les financeurs de l'économie.
 
Quels sont, selon vous, M. Sarr, les défis de l'assurance-vie au Sénégal ?
 
Aujourd’hui, nous faisons face au défi de la transformation digitale et de l’innovation en matière de produits. Il faut relever cependant le volet partenariat via la distribution, dans le sens de faciliter le parcours client qui n’est pas inclu quand on évoque souvent la transformation digitale. Cela veut dire qu'il faut que l'assurance soit simple, et accessible à tous .

Pour ce faire, il faut qu'on arrive à bien communiquer et à éduquer la population sénégalaise afin qu’elle intègre davantage l’assurance dans son quotidien. Pour donner un  exemple, à la naissance d'un enfant, au Sénégal, l’on s’occupe davantage et en premier des aspects liés à la culture plutôt que ceux relatifs à sa préparation pour affronter sa vie future .
 
Ensuite, il faudra aussi qu'on arrive à renforcer l'incitation fiscale pour encourager l’épargne retraite  et c'est l'occasion de remercier déjà l’État,  parce qu'il faut le reconnaître, il y a des acquis notamment la déductibilité de l'externalisation de l'IFC qui a pu jouer un rôle important dans la vulgarisation et la croissance du chiffre d'affaires du marché sénégalais. C’est  pour cela  qu’il est essentiel d’établir un dialogue  permanent avec les autorités afin d’ajouter des mesures incitatives, comme rendre obligatoire la retraite complémentaire qui viendra en complément de notre système classique de retraite, l’IPRES.

Par ailleurs, il faut reconnaître que certains acquis doivent être revus et adaptés au contexte du secteur en perpétuelle mutation. A titre d’exemple, nous avons  le plafonnement à 10 % de la déductibilité fiscale des primes ou cotisation relatives aux pensions de retraite complémentaire, ce qui veut dire qu’une entreprise qui cotise pour ses salariés ne doit pas dépasser 10 % de la masse salariale y compris pour l’assurance décès. Ce qui est une contrainte parce que l’employeur peut vouloir faire plus, et y renoncer par la suite en regardant l'impact fiscal. Ceci entraîne  un impact sur la collecte ou le développement du chiffre d'affaires.

Il y a une autre piste de réflexion à savoir l’abrogation de l’impôt libératoire de 7,5% sur les contrats arrivés à échéance ; c'est un véritable goulot d'étranglement. En effet, durant toute la durée de vie du contrat d'assurance, les primes collectées sont taxées. Lorsque je collecte une prime et commence à l’investir, elle est taxée à la TVA pour les dépôts à terme, et à l'IRVM (Impôt sur le revenu des valeurs mobilières) pour les obligations. Ce sujet de l’imposition des revenus de valeurs d’Etat est revenu sur la table par une récente lettre du Ministre en charge des Finances qui revient sur l’exonération qu’une doctrine fiscale de 2019 avait reconnue en faveur des revenus des obligations émises par tous les Etats membres de l’UEMOA. Désormais, la lettre du Ministre limite l’exonération aux seuls revenus des titres émis par l’Etat du Sénégal, or avec l'effet de réciprocité, notre rôle de financeur de l'économie pourrait être remis en cause.

Pourquoi ? Parce que pour la collecte de l'épargne, nous devons rémunérer ceux qui nous font confiance et nous donnent leur argent. En somme, si l’un des indicateurs notamment le  taux de rendement n'est pas intéressant, cela représente une contrainte. C’est un défi majeur mais je crois que la fédération, par le biais de la présidente, y travaille.

L’autre contrainte majeure qui représente également un levier, c’est l'harmonisation fiscale, un sujet qui me tient personnellement à cœur. Après la période post Covid, un travail intéressant a été fait par UMOA titres avec l’accompagnement du cabinet Face Africa, dans le souci de relancer nos économies. Les conclusions sont sur la table de nos Etats ……
 
L’autre défi majeur qui est aussi un levier, c’est l’instauration de la confiance par le respect de nos engagements  vis-à-vis de nos clients. Cela va dans le sens de la communication, dans un contexte culturel particulier. Au Sénégal, on a tendance à cacher un contrat d’assurance or, pourquoi ne pas communiquer sur le paiement effectif de la prestation afin de créer l’émulation ?

Pour terminer sur ce point concernant les défis, nous devons également capitaliser sur les autres branches de l’assurance vie notamment la micro-assurance et l’assurance islamique qui peuvent permettre, en termes d’inclusion financière, d’adresser la masse « laissés en rade ».
 

Quel est votre message aux participants du salon de l’Assurance vie ?
 
Je voudrais remercier la présidente de la Fédération et son bureau pour le travail abattu au quotidien car, ce n’est pas évident. Le message c’est aussi un appel à davantage de dialogue avec les parties prenantes (régulateur, Etat, prospect) afin de mieux faire comprendre notre activité. En tout cas nous invitons tout l’écosystème à venir se familiariser avec l’assurance et ses enjeux.
 
Malick NDAW



Source : https://www.lejecos.com/FARA-SARR-DIRECTEUR-GENERA...

La rédaction