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Fatwa du khalife général des Mourides : les candidats Mbacké-Mbacké face à un « ndigël »

La fatwa de khalife général des Mourides a cela de particulier, qu’elle s’adresse à des candidats Mbacké-Mbacké qui sont des deux côtés, opposition comme pouvoir. Sans affiches ni meetings, quelles seront leurs stratégies ?


Rédigé par leral.net le Samedi 1 Juillet 2017 à 11:25 | | 0 commentaire(s)|

Fatwa du khalife général des Mourides : les candidats Mbacké-Mbacké face à un « ndigël »
Pas d’affiches ni de meetings politiques à touba. C’est la fatwa du khalife général des Mourides. Serigne Sidy Mokhtar, par la voix de son porte-parole, Cheikh Bassirou Abdou Khadre, ne veut pas que les politiques « souillent » la sacralité de la ville de Cheikh Ahmadou Bamba. C’est tout de même un « ndigël » (consigne) pas politique mais dans un contexte électoral.

Avec une particularité, nombre des candidats investis sont des Mbacké-Mbacké ; et pour certains, des fils de khalifes qui vont se disputer les postes avec leurs disciples. En enrôlant les petits-fils du guide des mourides, le pouvoir et l’opposition cherchent sans doute une consigne ou des voix qui y ressembleraient.

Pour le scrutin du 30 juillet prochain, il y aura un duel fratricide entre les demi-frères Cheikh Abdoul Ahad Mbacké Gaïndé Fatma, tête de liste Benno Bokk Yakaar au niveau du département de Mbacké et Serigne Moustapha Mbacké Gaïndé Fatma de la coalition Joyyanti de Abdoul Mbaye.

Ils sont tous les deux petits-fils du premier khalife des Mourides. Pour la 12e législature, il y avait El Hadji Falilou Mbacké, fils de Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké, 5e khalife des général des Mourides et Mame Khary Mbacké, fille de Serigne Moustapha Bassirou Mbacké.

D’ailleurs, les Sénégalais se sont habitués maintenant, à chaque législature, à voir un descendant de chef religieux, élu sur la liste du parti au pouvoir. « A chaque pouvoir, ses Mbacké-Mbacké », ironise Ndeye Diop, une disciple mouride.

Un ancien député sous couvert de l’anonymat dit : « les talibés votent souvent plus pour les descendants de Serigne Touba que la liste du parti qui l’a investi. C’est Abdoulaye Wade, le premier homme politique à investir un Mbacké-Mbacké» sur une liste de députés.

Mais auparavant, c’est une personnalité choisie par le khalife général des mourides qui était investie avant d’être élue. C’est le cas du transporteur Abdou Karim Fall, qui ne devait son mandat de député que parce que Serigne Abdoul Ahad Mbacké l’avait voulu en son temps.

Souvent, lors des meetings et visites que nous organisions, les électeurs parlaient du chef religieux plutôt que du candidat. Leur vote en faveur de la liste s’expliquait par l’investiture de leur guide.
»

Les candidats interdits d’affiches et de folklore devrons donc inventer d’autres stratégies. A moins de se rabattre sur le petit écran, au temps d’antenne. « Il n’y a jamais eu de tam-tam à Touba depuis que Serigne Saliou Mbacké avait interdit en 2002, toute activité politique dans la cité religieuse, après que le Pds l’avait investi. Son successeur El Hadji Mouhamadou Lamine Bara Mbacké avait renouvelé cette même fatwa, tout comme aujourd’hui Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké l’a fait.

Pour cette campagne, il y a des stratégies comme les causeries, les rencontres dans les dahiras. Ce sont des moments privilégiés pour faire passer des messages a la place des meetings qui, généralement, se tiennent à Mbacké
», ajoute cet ancien parlementaire.

Le Quotidien