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Gabon I "Notre pays a besoin de leaders jeunes, formés et responsabilisés, tout comme il a besoin de femmes engagées dans la gestion publique"

Rédigé par leral.net le Lundi 10 Novembre 2025 à 10:48 | | 0 commentaire(s)|

À la suite de la désignation des nouveaux maires de la commune de Franceville, la députée Justine Judith Lekogo nous livre son analyse. Si elle salue la mise en place de l'équipe municipale, elle exprime toutefois sa déception face au manque de diversité générationnelle et au faible respect du principe d'approche-genre.
Notre Entretien !
Journaliste : Madame Lekogo, vous avez récemment pris connaissance de la composition de la nouvelle équipe municipale de la commune de Franceville. (...)

- POLITIQUE /

À la suite de la désignation des nouveaux maires de la commune de Franceville, la députée Justine Judith Lekogo nous livre son analyse. Si elle salue la mise en place de l'équipe municipale, elle exprime toutefois sa déception face au manque de diversité générationnelle et au faible respect du principe d'approche-genre.

Notre Entretien !

Journaliste : Madame Lekogo, vous avez récemment pris connaissance de la composition de la nouvelle équipe municipale de la commune de Franceville. Quel regard portez-vous sur cette nomination ?

Justine Judith Lekogo :
Effectivement, j'ai pris note de l'élection des nouveaux maires de la commune de Franceville. Je dois reconnaître que c'est une bonne chose que la ville ait enfin son équipe municipale installée. Cependant, je ne vous cacherai pas une certaine déception en découvrant la composition de cette équipe.

Ce qui m'a particulièrement frappée, c'est l'absence totale de jeunes parmi les maires. Aucun d'entre eux n'a moins de cinquante ans. Le plus jeune, à ma connaissance, a environ cinquante et un ans. C'est regrettable, car nous aurions pu, et même dû, intégrer des profils plus jeunes — des quadragénaires, voire des trentenaires — afin de préparer la relève politique et administrative.

Journaliste : Vous évoquez une déception liée à la représentativité des jeunes. Pensez-vous que le problème vient d'un manque de candidatures ou d'un déficit de volonté politique ?

Justine Judith Lekogo :
Je ne saurais dire si les jeunes ont effectivement postulé ou non. Mais ce que je peux affirmer, c'est que la responsabilité incombe avant tout aux partis politiques. Ce sont eux qui procèdent aux désignations ou aux propositions de candidats. Lors de ces choix, ils auraient pu faire l'effort de positionner à la fois des femmes et des jeunes.

Malheureusement, on constate que les deux principaux partis impliqués ont privilégié des profils expérimentés — ce qui est compréhensible en partie — mais sans souci d'équilibre générationnel ni de respect de l'approche-genre.

Journaliste : Justement, parlons de l'approche-genre. Comment analysez-vous la place faite aux femmes dans cette nouvelle équipe municipale ?

Justine Judith Lekogo :
Là encore, c'est une grande déception. Sur les cinq maires que compte la mairie centrale, une seule est une femme. Nous sommes donc loin du quota de représentation féminine recommandé par les principes de l'approche-genre et de la gouvernance inclusive.

Je crois fermement qu'une meilleure représentation des femmes n'est pas seulement une question de symbole, mais un véritable levier de développement. Les femmes apportent une sensibilité différente, une approche plus pragmatique de la gestion publique, souvent tournée vers la cohésion sociale et les besoins concrets des populations.

Journaliste : Vous plaidez donc pour une répartition plus équilibrée entre l'expérience, le genre et la jeunesse ?

Justine Judith Lekogo :
Absolument. Il ne s'agit pas d'opposer les générations ou les sexes, mais de créer une complémentarité. Une équipe municipale équilibrée aurait pu, par exemple, comporter un maire principal expérimenté, assisté d'une première adjointe femme, d'un deuxième adjoint jeune, puis d'autres élus plus âgés pour l'encadrement.

Ce type de composition permettrait de conjuguer l'expérience et la modernité, tout en assurant une transmission du savoir-faire administratif. Car, soyons réalistes : comment former la relève si les jeunes ne sont jamais associés à la gestion locale ?

Journaliste : En somme, quel message souhaitez-vous adresser aux responsables politiques à ce sujet ?

Justine Judith Lekogo :
Je leur dirais simplement qu'il est temps d'inscrire dans les faits les grands principes qu'on prône dans les discours : la parité, la justice sociale et la préparation de la jeunesse à la gouvernance. L'équité générationnelle et le respect de l'approche-genre ne sont pas des revendications secondaires ; ce sont des conditions essentielles d'une démocratie locale dynamique et durable.

Notre pays a besoin de leaders jeunes, formés et responsabilisés, tout comme il a besoin de femmes engagées dans la gestion publique. C'est à ce prix que nous pourrons construire des institutions véritablement représentatives, proches des citoyens et tournées vers l'avenir.

Pour Mme Lekogo, l'avenir de la gouvernance locale passe par une participation accrue des jeunes et des femmes. Elle invite les partis politiques à revoir leurs modes de désignation afin de promouvoir une véritable inclusion dans les instances décisionnelles.

Propos recueillis par JL/MT



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/politique/articl...