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Gabon I Pont de la Mviè : Un axe vital oublié depuis des décennies

Rédigé par leral.net le Lundi 10 Novembre 2025 à 11:35 | | 0 commentaire(s)|

Situé à 14 kilomètres du centre-ville de Bitam, sur la route reliant la commune à Meyo-Kyé à la frontière Gabon–Guinée Équatoriale (Ebebiyin), le pont en bois de la rivière Mviè est devenu, au fil du temps, le symbole d'une urgence ignorée. Depuis plus de deux décennies, les populations de Medounou Esseng 3 et des villages environnants attendent, en vain, la réhabilitation de cet ouvrage, qui relie deux pays et soutient la vie économique du département du Ntem.
Mais au-delà du pont qui (...)

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Situé à 14 kilomètres du centre-ville de Bitam, sur la route reliant la commune à Meyo-Kyé, à la frontière Gabon–Guinée Équatoriale (Ebebiyin), le pont en bois de la rivière Mviè est devenu, au fil du temps, le symbole d'une urgence ignorée. Depuis plus de deux décennies, les populations de Medounou Esseng 3 et des villages environnants attendent, en vain, la réhabilitation de cet ouvrage qui relie deux pays et soutient la vie économique du département du Ntem.

Mais au-delà du pont qui se désagrège sous les yeux impuissants des habitants, c'est l'ensemble du tronçon routier Bitam–Agnizock–Meyo-Kyé, long d'à peine 28 kilomètres, qui se trouve aujourd'hui dans un état de dégradation extrême, rendant la circulation périlleuse en toute saison.

Ce ne sont plus de simples nids-de-poule, mais de véritables gouffres, des bourbiers permanents et des ravines profondes qui défigurent la chaussée, transformant chaque déplacement en un parcours du combattant. Cette dégradation excessive isole davantage encore les localités du canton Ntem 1-Mveze, pourtant riches en potentialités économiques et humaines.

Les automobilistes s'y engagent avec appréhension, les mains crispées sur le volant, le cœur serré à chaque craquement du bois. Les planches disjointes et vermoulues du pont laissent apparaître les eaux sombres de la Mviè ; certaines cèdent sous le poids des véhicules, obligeant les conducteurs à descendre pour replacer, à la main, des morceaux de bois arrachés. Les motos, principal moyen de transport local, risquent à tout moment de glisser entre les interstices du pont, au péril de leurs occupants.

Des témoins rapportent des scènes d'une extrême tension : véhicules coincés au milieu du pont, pneus crevés, essieux brisés, passagers contraints de pousser sous la pluie, parfois au bord du vide. Et lorsque la saison des pluies s'installe, la route elle-même se transforme en bourbier infranchissable, coupant toute communication avec Bitam ou Meyo-Kyé. Les chauffeurs de transport rural préfèrent souvent rebrousser chemin, laissant les voyageurs à plusieurs kilomètres de leur destination. Pour certains, franchir le pont de la Mviè revient à « jouer à la roulette avec la mort ».

Pourtant, cette route n'est pas une voie secondaire. Elle constitue un axe transfrontalier majeur, assurant le passage de marchandises et de personnes entre le Gabon et la Guinée Équatoriale. À travers elle transitent les produits vivriers, les denrées agricoles, les matériaux de construction et les échanges commerciaux de proximité qui soutiennent l'économie locale.

Mais aujourd'hui, cet axe stratégique est devenu un piège à ciel ouvert, condamnant les habitants à un isolement quasi total. Les malades doivent être transportés sur des brancards improvisés, les femmes enceintes accouchent souvent dans leurs cuisines faute de pouvoir atteindre un centre de santé, et les agriculteurs voient leurs récoltes pourrir sur place, faute d'accès aux marchés.

Face à cette situation qui perdure depuis des décennies, les populations locales s'interrogent : comment un axe d'une telle importance géostratégique peut-il rester dans un état d'abandon aussi indécent ? Ce n'est pas seulement la vétusté du pont qui choque, mais l'indifférence apparente qu'elle symbolise, celle d'un pays qui peine encore à relier ses territoires et à garantir à tous ses citoyens une égalité d'accès aux infrastructures essentielles.

L'appel lancé aujourd'hui par les habitants de Medounou Esseng 3 dépasse les frontières d'un simple village. Il s'agit d'un appel à la conscience nationale : celui d'une communauté qui refuse d'être oubliée.

Les citoyens gardent confiance en la vision du Chef de l'État, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, dont la politique de proximité et de restauration de la République met l'accent sur le désenclavement et la solidarité territoriale. Ils espèrent que leur cri sera entendu et que des mesures urgentes seront prises pour sécuriser ce pont, réhabiliter la route Bitam–Agnizock–Meyo-Kyé dans son ensemble, et redonner vie à cette zone d'échanges si stratégique.

Réhabiliter le pont de la Mviè, c'est bien plus que réparer un ouvrage en bois. C'est rétablir la dignité d'un peuple et réaffirmer la promesse républicaine d'un Gabon équitable, où chaque citoyen, du centre urbain le plus moderne au village le plus reculé, a droit à la sécurité et à la mobilité.

Car au-delà des lattes disjointes, c'est tout un pan de la vie rurale qui vacille — suspendu, comme ce pont, entre le courage et l'abandon.

2EB/MT



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/infrastructures/...