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Hassan Hachem : entre le Liban et l’Afrique, un cœur en balance

Rédigé par leral.net le Mardi 21 Juillet 2015 à 02:08 | | 0 commentaire(s)|

Au Liban, il y a ceux, hélas les plus nombreux, qui ne songent qu'à partir vers des lieux plus cléments et surtout plus sûrs, et ceux, plus rares, qui décident d'y revenir et d'y investir parce qu'ils considèrent qu'au final, rien ne vaut ce petit pays. Hassan Hachem fait partie des seconds.


Un bâtiment en Guinée équatoriale qui porte le nom de la fille aînée de Hassan Hachem, Soraya.
Un bâtiment en Guinée équatoriale qui porte le nom de la fille aînée de Hassan Hachem, Soraya.
Né au Sénégal, où son grand père s'était installé – plus précisément à Kaolack, à 190 km de Dakar –, il a fait ses études d'architecture en France, dont il a la nationalité, avant d'élargir les affaires familiales à plusieurs pays d'Afrique, notamment le Sénégal, bien sûr, mais aussi la Guinée équatoriale, le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Ghana et le Bénin. Il a ainsi à son actif des entreprises spécialisées dans les travaux publics et l'industrie agroalimentaire qui ont créé de nombreux emplois dans les pays où elles sont installées. En Guinée équatoriale, c'est à lui qu'on doit la création d'un centre culturel français à Bata et la première école française de Malabo. Ce qui lui a d'ailleurs valu d'être décoré de l'ordre national du Mérite français et sénégalais.
Comme c'est souvent le cas dans les pays africains, Hassan Hachem a su se doter des bons réseaux et il a réussi à se rapprocher de certains dirigeants africains pour pouvoir étendre ses activités. En travaillant dans le domaine des BTP en Afrique, il faut être proche des dirigeants et en mesure d'être entendu sur la réalisation de certains projets d'infrastructure. L'envers de la médaille, c'est que cette réussite éclatante ne lui a pas valu que des amis, d'autant que l'Afrique intéresse actuellement plus d'un pays en Europe, en Asie et au Moyen-Orient, en tant que nouvel eldorado des investisseurs. Les Libanais qui réussissent dans ce continent sont les principales cibles de cette concurrence souvent déloyale. Il est vrai que de nombreux Libanais sont influents en Afrique et Hassan Hachem en fait partie, mais il n'a jamais utilisé son influence pour intervenir dans la vie politique ou pour en tirer des privilèges particuliers. Faire tourner ses entreprises, contribuer à l'essor de pays qui ont ouvert leurs bras à de nombreux Libanais en quête de nouveaux horizons économiques, comme ses grands-parents, tout en aidant des ONG et des associations internationales qui travaillent dans les secteurs de l'éducation et de la santé, notamment la lutte contre le cancer du sein chez les femmes, restent son principal objectif et une grande source de satisfaction.
Mais au fil du temps, Hassan Hachem a ressenti l'importance de retrouver ses racines libanaises, et en voyant ses enfants grandir sans avoir eu la possibilité d'apprendre la langue arabe, il a décidé de rentrer au pays, tout en gardant ses entreprises en Afrique. Il décide donc de s'installer par étapes au Liban,
commençant par vouloir participer à la vaste entreprise de reconstruction après la guerre, conduite par l'ancien Premier ministre assassiné, Rafic Hariri. Il rachète ainsi un immeuble de cinq étages détruit par les bombardements sur le centre-ville et le rénove en se basant sur ce qu'il était avant 1975. L'élan de reconstruction est brutalement stoppé par l'assassinat de Rafic Hariri. Mais Hassan Hachem veut quand même donner un peu d'espoir à un pays effondré. Il achète donc une parcelle de terrain à Solidere et y construit un immeuble de neuf étages. Et, en dépit de l'instabilité qui règne au Liban et dans l'ensemble du Moyen-Orient, il songe de plus en plus à s'installer réellement au pays. Il envoie donc sa famille sur place pour voir si elle peut s'adapter à la vie au Liban, et c'est finalement en 2007 que toute la famille s'installe à Beyrouth. Hassan Hachem poursuit toutefois ses allers et retours entre Beyrouth et les principales capitales africaines. Mais un accident de voiture en Guinée équatoriale en 2011, dont il sort vivant par miracle, le convainc de s'investir davantage au Liban, où il a ses racines, sa mémoire et son cœur. C'est ainsi qu'il commence à s'impliquer dans des associations de bienfaisance et dans le domaine éducatif. Il est par exemple l'un des donateurs de l'AUB et du Chronic Care Center. Il accorde aussi des bourses d'études aux enfants et étudiants dont les parents ont des difficultés économiques, convaincu que si on peut le faire, il ne faut pas hésiter à aider les autres moins favorisés. D'autant qu'il est convaincu que souvent, il suffit d'un coup de pouce pour que l'avenir devienne souriant...
Ce souci de faire profiter les autres de sa propre réussite ne le met pas à l'abri du malheur. Sa sœur aînée Ouidad Hachem est tuée par un automobiliste à Beyrouth, alors qu'elle rentrait de son travail. Elle possédait une pharmacie à Beyrouth. Le choc émotionnel est dur. Mais au lieu de le décourager, cette épreuve le pousse à s'attacher encore plus au Liban. Il crée ainsi la Fondation Ouidad Hachem, dont le siège principal est à Beyrouth mais qui a aussi des activités en Afrique et aide principalement les étudiants à obtenir des bourses pour poursuivre leurs études à l'étranger. Tout comme cette association qu'il a fondée pour honorer la mémoire de sa sœur chérie, Hassan Hachem se partage entre le Liban, l'Afrique et les pays d'Europe où il multiplie les activités sans jamais oublier ses origines et ses racines.
Libanais d'Afrique ou Africain du Liban, il reste un homme aux identités et au cœur partagés, essayant d'harmoniser ses contradictions et ses appartenances multiples... à l'image de beaucoup de ses concitoyens.

Un immeuble de la rue Foch, dans le centre-ville de Beyrouth, rénové par l’architecte.
Un immeuble de la rue Foch, dans le centre-ville de Beyrouth, rénové par l’architecte.