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Hollande conclut son premier marathon diplomatique

Rédigé par leral.net le Mardi 22 Mai 2012 à 09:58 | | 0 commentaire(s)|

De Washington à Chicago en passant par Camp David, le nouveau président «au travail» a constamment gardé un œil sur la politique française.


Hollande conclut son premier marathon diplomatique
De notre envoyé spécial à Chicago

Ni à Washington, ni à Chicago, François Hollande n'a parlé de politique nationale. Mais on aurait tort de croire que le président a perdu de vue les enjeux français.

Pendant la campagne, il avait prévenu: il ne bénéficierait pas d'état de grâce. Effectivement, le premier baromètre de popularité de l'exécutif, publié lundi par l'institut Harris, souligne la fragilité du nouveau chef de l'État dans l'opinion: 54 % des Français lui font confiance. La défiance à son égard est nourrie par son «manque d'expérience» et le doute sur les «promesses» de sa campagne, analyse l'institut.

Dans moins d'un mois auront lieu les élections législatives. Le nouveau président a besoin d'une majorité et, pour cela, il se doit de remporter des succès. C'était l'objet de son premier déplacement hors d'Europe, à l'occasion des sommets du G8 et de l'Otan, où il a été à chaque fois bien accueilli. Le style Hollande, qu'il décrit comme une discussion «franche et directe», a été semble-t-il apprécié. Le chef de l'État a le sens du relationnel.

Même si beaucoup de questions sont encore en suspens, François Hollande s'est félicité du résultat. Les positions de la France ont été «comprises» et les «malentendus» évités, a souligné le chef de l'État. Il s'est réjoui aussi que le débat sur la croissance se soit imposé dans les discussions. Il aurait donc déjà «honoré» le mandat de sa campagne. Mais il s'agit seulement d'un succès verbal… Un peu court, jugent les opposants du président. «La critique des mots est malhonnête, estime un conseiller. Par définition, d'un conclave diplomatique ne peuvent sortir que des mots. Des mots qui engagent. La droite ferait mieux de s'occuper d'analyser les raisons de sa défaite plutôt que d'avoir une attitude trop virulente.»

François Hollande ne mènera pas campagne lui-même pour les législatives. C'est la tâche du binôme Jean-Marc Ayrault et Martine Aubry, premier ministre et première secrétaire du PS. Mais à l'Élysée, on est vigilant: «La campagne doit être bien faite.» De son côté, le chef de l'État construit son image de président «au travail». Durant ses conférences de presse, il a usé du «je» sans modération. C'est normal, explique-t-on. Pour mener les discussions, «il est seul», explique-t-on dans son entourage. Il a aussi évité d'alimenter le portrait d'un président «petites blagues» qui se perdrait dans des sujets annexes. Une question sur le championnat de France de football lors d'une conférence de presse? Il ne répond pas. «Ce qui est le signe d'un changement total», sourit en coulisses son ami, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. «Il a pris la mesure de la fonction.»

Autre ministre présent lors de ce déplacement, Laurent Fabius a tressé des couronnes à François Hollande, qui fut longtemps son adversaire au sein du PS: «Pour employer un terme hippique, c'est un sans-faute», a estimé le ministre des Affaires étrangères. Aucun mot n'est trop fort pour conforter l'image du président. C'est l'arme de la persuasion.

Ministres sur le terrain
Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, comme le ministre de l'Économie, Pierre Moscovici, qui accompagnait le chef de l'État à Washington vendredi, ont profité du déplacement aux États-Unis pour multiplier les prises de contact internationales. Ils ont chacun rencontré leurs homologues de différents pays.

Constamment, le chef de l'État a gardé un œil sur la situation politique française et l'action de son gouvernement. Les ministres sont sur le terrain, s'est-il satisfait. Les premières polémiques ont été notées, notamment entre le ministre de l'Éducation, Vincent Peillon, et Ségolène Royal sur la semaine de quatre jours. «L'annonce de Vincent Peillon a été peut-être un peu prématurée», observe-t-on à l'Élysée, donnant ainsi raison à la présidente de Poitou-Charentes. «Sur le fond, il n'a pas tort, mais il fallait peut-être un peu de concertation. L'annonce est pour 2013, cela laisse du temps.» Pas de commentaire en revanche sur la préparation du décret rétablissant l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans. Une autre promesse symbolique du président.

Une chose n'a pas changé chez François Hollande, en tout cas, depuis son investiture: la maîtrise personnelle de sa communication et son goût irrépressible pour les médias. Quelques phrases répétées plusieurs fois tout au long du week-end résument son rapport aux journalistes, dont il guette la présence. Par exemple: «On se voit tout à l'heure?» Ou bien: «Vous étiez où?» En France, comme sur la scène internationale, les mots comptent pour le président.


Par Nicolas Barotte