ISMAEL LÔ : L’artiste qui reçoit tout le monde les vendredis

Ismael invite les bonnes gens tous les vendredis chez lui. Autour de mets copieux, l’envie gagne celui ou celle qui est mis au courant. Après la prière, c’est le père de famille, digne musulman qui reçoit ses hôtes, des amis d’enfance, les bonnes relations, pour les « bonnes sénégalaiseries ». La compagnie se rappelle les bons souvenirs et parlent de valeurs, de religion et des sujets de construction, de contribution positive, voire d’émancipation tout court. Le tout, dans une authenticité prononcée.
Le disciple de Mame Abdou Aziz Sy Dabaax est particulier dans le fait que c’est le papa qui sait faire la cuisine pour sa progéniture et qui les chérit tant. Porteur volontaire des valeurs de civilité et de civilisation, Ismael est le vrai africain. Celui qui reste ouvert aux autres en étant lui même. Le père de famille, l’homme, simplement et puis l’artiste que le voisinage de Sacré-Cœur respecte. Très disponible, il reste le bon sénégalais, celui des valeurs et bonnes mœurs, celui qui tient à ses racines et qui s’ouvre au monde extérieur.
Sa musique est variée et s’ouvre au reste du monde. Ismael Lô a fait les plus grandes scènes des grands festivals de la world musique. Patient, il l’est, mais, reste très passionné par son art. L’artiste peintre a le goût de l’organisation. Autour de lui, on suit les directives suivant le planing de travail qu’il dresse. Ce, dans la plus grande discrétion et une loyauté sans faille.
Ismaël Lô, l’artiste
Il a grandi à Rufisque, au retour du Niger, de la famille au Sénégal. Chez les Lô, on ne vit pas l’art de jouer de la musique. Mais, Ismael va s’y lancer. Au décès de son père en 1970, il passe deux années à l'Institut des arts de Dakar où il perfectionne ses connaissances en peinture artistique.
Au même moment, il vit sa passion pour la chanson et démarre une carrière de chanteur, repéré lors d'une émission de télévision. La reconnaissance aidant, il rejoint le Super Diamono d’Oumar Pène. Il quitte le groupe en 1984 et attaque le circuit national. Il aura à son actif 5 productions locales. Il apporte une touche nouvelle à la musique sénégalaise avec son harmonica. Vieux Mac Faye et d’autres grands instrumentistes comme Thio Mbaye l’accompagnent. En 1990, sa carrière prend un nouvel élan international. Iso signe chez Barclay et sort un 6e album solo, « Ismaël Lô » avec le titre « Tajabone » repris notamment dans la bande originale du film « Tout sur ma mère » de Pedro Almodóvar.
La même année, il remporte un brillant succès au Festival des musiques métisses d'Angoulême, et en 1991, il s'envole pour une tournée en Amérique du Nord.
Chevalier de la légion d'honneur en France, en 2002, le meilleur artiste ouest-africain et africain, meilleur clip vidéo aux Koras Awards 1996, grâce au tube planétaire « Jammu Africa », multiplie les gloires. Avec son harmonica et sa guitare, le Rufisquois a donné ou presque révolutionné le mbalax par un tempo plus relaxe et sélect, avec de belles mélodies très ouvertes sur la musique internationale. Le petit frère de Tijane Lô, son meilleur ami, parcourt le monde en signant chez Polygram et sa belle chanson "Tajabone" lui ouvre les portes des mélomanes de la « planète musique ». Entre les maisons Barclay (1991), AZ/Universal (1996), Mercury/Universal (2001), Mango/Polygram (1994), l’artiste est reconnu jusqu’au Japon. En Afrique du Sud, il est adulé. En Europe, on compte sur lui, avec le morceau « Baykat » qui apparait plusieurs fois dans la série française « Foudre ». Rappelons que la Radio France Internationale lui avait décerné le trophée Rfi Sacem, lors concours Découvertes, en octobre 1992. De grands noms de la musique world et européenne comme le suisse Stephan Eicher, Calogero, le français qui a écrit la chanson « Faut qu’on s’aime », l'anglaise Marianne Faithful avec qui il a chanté "Without blame », Etienne Roda-Gil qui a écrit "La femme sans haine", Jane Birkin pour qui il fait la première partie en 1997, à l’Olympia, croiseront son chemin pour reconnaître le génie entouré par Fa Diallo, la grande dame. Ismael Lô satisfait comme tout, se retrouve aujourd’hui plus que jamais passionné par ses arts, la peinture et la musique et se prépare comme d’habitude à faire plaisir aux Sénégalais et aux mélomanes du monde entier. Entre temps, il se paie le luxe de cuisiner au délire, de parcourir son chantier et/ou de rejoindre la terre à son verger. L’homme nature purement. Le spécial.
Pa Assane SECK le populaire