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Ibra Ndiaye, Dg de l’Apda et originaire de Tambacounda, sur les tueries : "J’avais alerté les autorités sur ce qui se passe actuellement dans la région…"

Ibra Ndiaye, directeur général de l’Agence pour la promotion et le développement de l’artisanat (Apda) et originaire de la région de Tambacounda, avait vu venir ce qui se passe actuellement dans son terroir, relativement aux meurtres de malades mentaux errant. Il dit avoir alerté depuis longtemps, mais regrette la mobilisation encore faible des forces de sécurité pour sécuriser les populations. Dans cet entretien, M. Ndiaye parle également de son agence qu’il tente de promouvoir, mais également de son militantisme à Tambacounda. Entretien…


Rédigé par leral.net le Mardi 11 Mars 2014 à 13:36 | | 0 commentaire(s)|

Ibra Ndiaye, Dg de l’Apda et originaire de Tambacounda, sur les tueries : "J’avais alerté les autorités sur ce qui se passe actuellement dans la région…"
Vous êtes originaire de Tambacounda, quelle lecture faites-vous des meurtres perpétrés contre les malades mentaux errant dans la région ?

C’est vrai que c’est inquiétant et nous nous préoccupons véritablement de cette situation en tant que politique, mais aussi en tant que fils de Tambacounda. Personnellement, j’ai depuis longtemps alerté les autorités sur l’insécurité galopante dans la région. Il y a quelques mois, un peseur qui achetait de l’arachide a été agressé dans un village à 35 km de Tambacounda. Avant d’emporter avec eux plus de 11 millions de francs Cfa. Le lendemain matin, c’était au tour de paysans, qui partaient au marché, qui sont dépouillés de leurs bagages. Alors très tôt, j’ai appelé les autorités pour leur demander de prendre toutes leurs dispositions afin de mettre fin à ces agressions. Ces derniers temps, ce sont les malades mentaux qui sont ciblés et abattus tous les jours. La police fait face certes, mais il va falloir renforcer la sécurité dans cette zone. J’ai pu me rendre compte du degré d’inquiétude de ces populations qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Des gens sont agressés, tués et même égorgés, c’est inhumain. On est tous interpellés et il faut arrêter ces massacres, alors qu’il est temps.

Vous dites avoir alerté depuis longtemps les autorités. Quelle a été leur réaction ?

Au début, on a effectivement senti une mobilisation du côté de la gendarmerie et de la police et même de l’Armée. Mais cette mobilisation doit être accentuée parce que les gens ont peur et ça se lit sur leur visage. Aussi bien la police que la gendarmerie, les forces de sécurité de manière générale doivent marquer davantage leur présence dans la région pour dissiper cette peur-là. Cette situation ne peut pas perdurer et en tant que politiques, nous sommes tous interpellés encore une fois, surtout que c’est nous qui devons rassurer les populations en premier.

Mais selon vous, qu’est-ce qui explique ce choix de Tamba¬counda pour perpétrer ces tueries ?

En fait, vous savez que Tamba¬counda est une région frontalière avec presque tous les pays voisins, comme la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée Conakry et même le Mali. Donc, ce n’est pas très sûr que ce soient des Sénégalais qui sont à l’origine de ces tueries. Ça peut être n’importe qui, mais franchement on n’a jamais connu ça par le passé.

Vous êtes directeur général de l’Apda, qu’est-ce qui est en train d’être fait justement dans la promotion de l’artisanat au Sénégal ?

Je suis là depuis un an et dès que j’ai pris fonction, il fallait dans un premier temps faire l’état des lieux pour connaître exactement la situation du secteur de l’artisanat. On s’est rendu compte qu’il y avait une léthargie totale, parce qu’un secteur qui emploie presque 40% de la main-d’œuvre active de ce pays, donc entre 12 et 15% du Pib, mérite d’être boosté. A notre niveau, on s’est rendu compte que le budget alloué à ce secteur était très faible, parce que les gens ne se sont pas rendu compte de l’impact que ce secteur pouvait apporter à notre économie. Nous avons alors fait l’état des lieux, élaboré des documents de base et réactualisé tous les projets et programmes pour espérer trouver des financements. C’est important d’ailleurs de rappeler que le président de la République a souhaité dès janvier 2013, qu’une stratégie nationale puisse être élaborée et que les missions de l’agence puissent être renforcées. Il a demandé à ce que 40 voir 60% de la commande publique puissent revenir à l’artisanat national. Mais nous ne pouvons pas le faire sans une formation de qualité pour avoir des produits de qualité.
Aujourd’hui, nous sommes en train de travailler avec d’autres structures qui tournent autour du financement de l’artisanat pour mettre en place des textes de référence, qui nous permettront de faire voter le Code de l’artisanat.

Vous êtes également militant de l’Apr. Quelle lecture faites-vous des violences actuelles entre militants du parti ?

La lecture est simple : ce n’est pas avec la violence qu’on va arriver à massifier le parti. Ce n’est pas non plus avec la violence qu’on arrivera à avoir un certain leadership. Nous n’avons pas le droit d’instaurer la violence dans ce pays. Notre rôle justement est de promouvoir la culture de la paix et d’appeler les Sénégalais au travail. Vous me permettez d’ailleurs de lancer un appel à ces gens-là pour qu’ils taisent les querelles. Ils sont en train de semer les germes de la violence et cela peut nous être préjudiciable. Ce qu’il y a lieu de faire aujourd’hui, à mon avis, c’est de se demander chacun dans sa localité ce qu’il a fait pour les populations, depuis deux ans qu’on est aux affaires. C’est en fonction de ça qu’ils pourront prétendre à des postes de maire et autre sans pour autant passer par la violence.

Justement en parlant de poste de maire, êtes-vous candidat à la mairie de Tambacounda ?

Je l’ai dit et je le répète ici, je ne suis candidat à rien du moment que le président de notre parti n’a pas encore décidé. Je rappelle d’ailleurs que je suis plus Mackyste qu’apériste et par conséquent, le candidat du président est mon candidat. Si aujourd’hui le président décide de choisir un quelconque leader de la localité, je me rangerai derrière celui-là. Mais s’il décide que c’est moi qui serai la tête de liste à Tambacounda ou bien de ma localité qui est Ndoga Babacar, je le serai avec plaisir.

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