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JACQUES HABIB SY, PRÉSIDENT DE AID TRANSPARENCY « Il n'y a pas de salut hors de la candidature unique» à Bennoo

Les déclarations «d'intention unilatérales et prématurées» sur la candidature de l'opposition à l'élection présidentielle faites par d'éminents membres de Bennoo Siggil Senegaal inquiètent Jacques Habib Sy. À l'instar du journaliste-écrivain Abdoulatif Coulibaly, le président de Aid transparency, malgré son optimisme, avertit qu'«il n'y a pas de salut hors de la candidature unique, qui doit passer nécessairement par l'élaboration de critères précis».


Rédigé par leral.net le Jeudi 11 Mars 2010 à 11:05 | | 1 commentaire(s)|

JACQUES HABIB SY, PRÉSIDENT DE AID TRANSPARENCY « Il n'y a pas de salut hors de la candidature unique» à Bennoo
Le débat au sein de l'opposition tourne autour de la candidature unique ou plurielle à la présidentielle. Plusieurs positions ont été dégagées. Quelle est votre opinion sur ce débat ?

Mon sentiment est qu'il n'y a pas de salut hors de la candidature unique. Je ne cache pas mon inquiétude par rapport aux déclarations d'intention unilatérales et prématurées faites par d'éminents membres de la coalition. Ces actes ne sont pas un signe de maturité, surtout lorsqu'on se rappelle le croc-en-jambe de Rewmi lorsqu'il était dans la coalition. Mais les discours d'apaisement entendus au cours des dernières semaines me font croire que tout n'est pas perdu. Il faut cependant que des critères précis soient élaborés pour désigner le candidat de Bennoo, mettre en place des accords difficilement violables par le candidat victorieux de la Coalition et travailler résolument à l'élargissement de l'assiette partisane et électorale de la Coalition.

Cette dynamique politique et sociale requiert de la part de la société civile un niveau de lucidité à la mesure des enjeux du moment. Tout en étant l'une des chevilles ouvrières de la seconde alternance politique souhaitée, la société civile doit rester vigilante, ne donner aucun chèque en blanc à qui que ce soit, mais contribuer puissamment au débat d'idées et à leur mise en oeuvre sur le terrain concret de la gestion démocratique du pouvoir, des ressources et des opportunités. Elle doit refuser d'être un simple consultant dans les arcanes de gestion de la transparence étatique.

Mais je ne crois pas que la société civile doive se battre pour accéder aux postes de représentation à l'Assemblée nationale ou à la présidence de la République. Ce serait une hérésie, comme l'indiquent les exemples observés ailleurs en Afrique. La société civile cesse d'être civile dès lors qu'elle se transmue en une machine de la prise de décision politique. Par contre, la société civile doit être présente dans les municipalités et partout où se construit le partage des ressources et l'examen des conditions d'équité et d'accès au fruit du travail et au surplus économique national par les générations présentes et futures.


Qu'est-ce qui peut être déterminant, selon vous, pour les critères de choix d'un candidat unique ? Et quel projet de société proposez-vous ?

Le déterminant principal du choix du candidat pourrait être instruit par la vision que l'on a de la présidence d'une République dans un pays réellement démocratique. Je ne souscris pas à l'idée qu'il faille banaliser cette institution parce que tant qu'il y aura des ambitions personnelles dans le champ politique, la présidence de la République restera un pavillon central de la prise de décision. Par contre, les exigences de la construction de l'État, non pas de droit - formule galvaudée -, mais de l'Etat démocratique et populaire, indiquent bien que le président de la République pourrait être l'incarnation de valeurs et d'une altérité saluées par tous, mais surtout d'un jeu institutionnel qui respecte effectivement la séparation des pouvoirs, fait travailler chacune des institutions selon des mécanismes et des principes conformes au travail d'équipe et au principe d'équilibre des pouvoirs. Il ou elle devra renvoyer les pouvoirs religieux aux vertus du chapelet. En d'autres termes, il faut anéantir toute possibilité d'exercice solitaire du pouvoir à des fins personnelles et de la manipulation de la Constitution qui doit être un sanctuaire inviolable.

Dans ces conditions, il faudra naturellement une réforme en profondeur des partis politiques eux-mêmes et des conditions légales d'équité absolue dans lesquelles ils brigueront les suffrages électoraux. Le processus électoral lui-même devra faire l'objet d'une réforme profonde. La mise en place de commissions électorales reste un problème transcendant en Afrique. Il est temps d'en revisiter la notion et d'apporter des solutions appropriées à leur crédibilisation.

Quant à votre question sur le projet social que nous privilégions, je préfère en débattre dans le cadre concret des conclusions que j'estime provisoires des Assises nationales. J'insiste sur le qualificatif provisoire, parce qu'en réalité, il n'y a jamais de conclusions définitives à l'examen de quelque phénomène que ce soit. Dès que les conclusions sont délibérément fermées, elles portent en elles les germes de la discorde et de la dictature. Il faut cependant s'entendre sur un minimum de choses et s'attacher à parfaire l'ouvrage sans relâche. La démocratie reste, en effet, un flot ininterrompu de questionnements, d'améliorations consensuelles et de visions non figées. C'est le raidissement de toutes ces dynamiques à travers une conclusion, comme si le monde s'arrêtait là, qu'il faut précisément éviter.




M. Sy, nous avons entendu les différents partis de l'opposition comme ceux de la mouvance présidentielle définir, chacun à sa façon, les contours du dialogue politique. Quel commentaire en faites-vous ? Croyez-vous réellement à l'aboutissement de ce projet ?

Les réactions enregistrées ces temps derniers ne comportent pas d'éléments de nouveauté. Le président de la République fait preuve d'une désinvolture regrettable face aux urgences et aux choix de la gouvernance démocratique. Personne n'a intérêt à ce que le pays bascule dans la violence. D'un autre côté, il me semble que l'opposition est trop réactive, ne se démarque pas assez des effets de manche du leader du Pdsl, ne déroule pas encore de manière convaincante aux yeux de tous une stratégie de prise en charge des déterminants de la construction nationale et des luttes en cours pour s'opposer résolument à l'absolutisme évident de l'Exécutif et à son projet de monarchisation forcée du pouvoir politique. L'opposition a mis trop de temps à réaliser que le chef de l'Etat posait de façon résolue, depuis plusieurs années, l'organisation de sa succession par son propre fils. Elle doit davantage faire corps avec les luttes populaires en cours et leur impulser une accélération décisive à travers tout le pays. On entend trop souvent parler d'opposition républicaine. Cela ne signifie pas grand-chose en politique. On s'oppose sur le terrain concret des luttes aux côtés du peuple. C'est ainsi que l'on construit à chaque instant les chances de prendre le pouvoir avec les populations et à leur bénéfice exclusif.

On ne construit pas les conditions véritables du changement radical du paradigme politique en cours sur la base, en tout cas apparemment, de la notion abstraite, au mieux idéale, de «république». Le reproche qui revient très souvent au sein de l'opinion, c'est que l'opposition est encore trop molle et qu'on ne sait pas encore concrètement quels sont sa ligne politique et son projet social. Et en quoi ils diffèrent de ce qui a été fait jusqu'ici du point de vue de la construction étatique, de la stabilisation des institutions et de leur agencement et surtout de la mise en place d'une architecture économique qui tourne résolument le dos aux effets pervers de la néo-colonisation et de la mondialisation. L'aboutissement de cet agenda dépendra de la pertinence du projet social émanant des conclusions des Assises nationales et de la solidité du dispositif politique et organisationnel de la coalition mise en place par les partis membres de Bennoo Siggil Senegaal. Il dépendra aussi du degré d'appropriation de ces conclusions par le peuple sénégalais et ses forces les plus vives.

Sahaba net


1.Posté par Daour KONATE le 12/03/2010 12:35 | Alerter
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La candidature unique, soit. Mais pour quel programme de gouvernement? Les sénégalais ont en plus qu'assez de signer des chèques en blanc à des arrivistes de tous bords qui n'ont d'autre but que d'enrichir leurs clans. Et la classe politique sénégalaise est, en quasi totalité, à mettre dans le même sac: elle est tenaillée par la soif de pouvoir au seules fins d'enrichissement facile au détriment des populations. Que des emmerduers qui rendront compte tôt ou tard à Dieu, c'est bien la seule certitude en ce qui concerne les politiciens.

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