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L’APR face à son destin (suite) - Par Mor Ndiaye Mbaye


Rédigé par leral.net le Lundi 12 Janvier 2015 à 22:04 | | 0 commentaire(s)|

L’APR face à son destin (suite) - Par Mor Ndiaye Mbaye
La réduction du mandat présidentiel

Le Président de la République, en décidant librement et volontairement de soumettre au peuple souverain la proposition de réduire son mandat de deux(02) ans, le portant ainsi de sept (07) à cinq (05) ans, pose un acte historique, un haut fait politique qui sera gravé d’une encre indélébile sur la stèle de nos grands hommes.
En tant qu’homme politique appartenant à son parti mais aussi en tant que citoyen tout court qui entend assumer son rôle de porter un intérêt constant au devenir de sa patrie et de s’y investir à la hauteur de ses moyens, une telle décision ne saurait me laisser indifférent. J’ai eu l’opportunité de lui soumettre une réflexion personnelle sur le sujet à l’époque de l’élaboration du programme Yonnu Yokkute dans laquelle je soutenais avec force arguments ma préférence pour un mandat unique non renouvelable de huit (08) ans. Mais que compte tenu d’un probable rejet de la classe politique, je concluais ma réflexion par une option d’un mandat hybride où le nouvel élu disposerait d’abord de sept (07) qui ne pourrait être renouvelé que pour une durée de (quatre (4) ans. L’idée maitresse était qu’un mandat de sept ans offrait à tout Président, à son terme, la possibilité de disposer d’un bilan de réalisations concrètes et de chantiers déjà entamés à proposer au peuple pour un renouvellement pour une durée de quatre (04) ans qui lui permettrait d’en achever une bonne partie.

En tout état de cause un mandat de cinq (05) ne me semble pas du tout convenable à nos pays au vu d’un ensemble de facteurs dont le plus important est l’absence d’une réelle continuité dans la gestion de nos Etats. En effet, il est avéré que les deux premières années d’un mandat présidentiel pour un nouvel élu, sont toujours consacrées à un recadrage de son programme politique conçu dans l’abstraction de la réalité du pouvoir (Ex : Yonnu Yokkuté devenu PSE, les éléphants blancs en 2000 et qui n’ont commencé à prendre la couleur grise qu’en 2004), la recherche d’une majorité parlementaire indispensable pour gouverner sereinement (élections législatives), le contrôle de la gouvernance locale devenue un déterminant levier de conquête du pouvoir (élections locales), une bonne architecture gouvernementale et enfin une équipe chargée de tout mettre en œuvre (3 gouvernements en moins de trois ans).

Le but de mon propos n’est point de revenir sur un débat clos (réduction du mandat actuel), militant que je suis de la sacralisation d’une parole donnée et du respect des engagements pris ; comme disait l’autre le vin est tiré, il reste à le boire, j’y ajouterais ou à le verser ; c’est selon. Un second mandat dépendra aujourd’hui de deux leviers essentiels, un bilan convaincant et l’aura du Président qui ratisse largement au-delà du parti. Il reste au Président, à son gouvernement et à nous autres qui le soutenons, à travailler sans répit dans la prise en charge des préoccupations des populations et dans la réalisation d’un bilan convaincant à présenter au peuple en 2017 tout en proscrivant de nos actes les tares comme, l’arrogance verbale comme comportementale, les signes ostentatoires choquants d’aisance non justifiée, l’inaccessibilité tant décriée par les militants, le manque de solidarité, l’ostracisme, le manque d’humilité et l’adversité exacerbée, etc.

L’organisation du parti

Le Président Macky avait une chance inouïe de pouvoir mettre en place un parti moderne, fort et à structure arborescente renversée qui serait implanté dans toutes les localités du pays avec une animation horizontale et verticale permanentes et qui pourrait lui survivre en portant d’autres hommes au pouvoir pour poursuivre son œuvre et la concrétisation de sa vision.

Il est aujourd’hui déplorable de constater qu’à forcer de prendre du retard dans la mise en place d’une véritable administration du parti en charge de cette structuration, la concrétisation de cette vision se voit de plus en plus hypothéquée. J’avais dès avril 2012 soutenu cette thèse préconisant la nomination d’un administrateur en plein temps qui serait chargé de cette mission d’implantation et d’organisation du parti.

Le temps et les moyens n’ont pas permis à l’APR de se muer en un véritable appareil politique, indispensable à conquête du pouvoir pour tout candidat à une magistrature suprême. Le mérite du Président Macky et de son équipe a résidé, entre autres, dans la parade apportée comme solution pour surmonter ce handicap et qui a consisté à ressusciter le concept de parti d’électeurs apparu dans les années 60. Cette notion est caractérisée par une stratégie électoraliste fondée sur la recherche du rassemblement du plus grand nombre d’électeurs et l’attachement à la promotion d’un seul et unique objectif : la conquête du pouvoir. Les 26% d’électeurs qui ont permis l’accession du Candidat Macky à la magistrature suprême ne pourraient être considérés comme des militants au sens propre du terme. Un militant est un adhérent actif à une cause, une idéologie, des idées. Dans le domaine politique, on le recrute et le forme sur la base d’un programme bien ficelé et soutenu par une idéologie.

L’orientation idéologique

Le programme Yonnu Yokkuté n’a été conçu qu’à la veille des élections et si certains sont tentés de définir l’APR comme un parti d’obédience libérale, ce programme, essentiellement orienté vers les couches vulnérables (les femmes, les jeunes et les populations défavorisées des banlieues et du monde rural), n’est pas du tout une expression d’une vision idéologique libérale. Ce programme me semble être quelque chose de tout à fait nouveau, une nouvelle approche politique (je n’aime pas le terme idéologie) qui divorce de celles stéréotypées jusque-là théorisées et connues (capitalisme, socialisme, libéralisme, etc.) et qui ont toutes fini d’aligner leurs échecs au point qu’on parle depuis des décennies de la mort des idéologies théorisée par Daniel Bell à la fin des années 60. Je ne pense pas qu’il faille nécessairement, pour un parti politique, en posséder forcément une. La gauche et la droite se rejoignent et s’allient partout, libéraux et capitalisme font plus de la socialisation et conceptualisent la solidarité. La seule approche qui vaille semble être celle qui combat toutes les formes d’exclusion et qui reste centrée sur le pragmatisme, la lucidité et le réalisme dans la conduite des affaires publiques.

Cette nécessité de travailler sur la transformation de l’APR d’un parti d’électeurs, que nous avions jusque-là, en un véritable parti de militants capable de vulgariser la vision décrite plus haut continue de se poser avec acuité. Je ne suis pas sûr d’avoir été compris et suivi quoiqu’un administrateur ait tout de même été choisi. Nos forces résident entre autres sur le fait que l’équipe dirigeante est composée de cadres relativement jeunes (la plupart n’ont pas 60 ans), libres et bien formés, socialement indépendants les uns des autres, ne trainant aucun complexe vis à vis de l’Occident dont les modèles sociopolitiques et économiques ont fini de montrer leurs limites et qu’il faille aujourd’hui remplacer par d’autres endogènes, foncièrement ancrés sur nos valeurs intrinsèques et intégrant toutes nos dimensions sociologiques. Sans cette profonde introspection l’APR subira inévitablement et de manière prématurée le syndrome des principales grandes formations politiques que nous avons : le PS et le PDS qui ont subi les contrecoups de la perte du pouvoir; l’URD, l’AFP et le REWMI qui n’ont jamais osé s’attaquer à la titanesque entreprise de construction d’un appareil politique.

Les prémisses sont déjà là pour l’APR avec toutes ces dissensions internes constatées durant les élections locales de juin dernier avant même que ne soit à l’ordre du jour la lancinante question incontournable d’un dauphinat.

Mor Ndiaye Mbaye
Membre de la CCR
Blog : morfattah.blogspot.com
Skype : Morfattah