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"L'Institut Pasteur, complice de la Sen’eau, pour maintenir les populations de Mbacké en eaux troubles ?" (Forum civil)


Rédigé par leral.net le Samedi 29 Mai 2021 à 14:35 | | 0 commentaire(s)|

"Du 21 au 26 mars 2022, le Sénégal devrait abriter le 9e Sommet mondial de l'Eau placé sous le thème : « La sécurité de l’eau pour la paix et le développement ». Une rencontre internationale qui va s'organiser dans un pays où une importante frange de la population peine à accéder à l'eau, en quantité et en qualité. C'est le cas des habitants de la commune de Mbacké, qui souffrent le martyr pour accéder au liquide si vital et si précieux pour la vie.

L’insécurité hydrique dans la commune menace constamment la paix, la cohésion et la santé des populations et freine le développement humain, économique et social. Pour défendre leur dignité d’êtres humains et un accès satisfaisant des populations à l’eau, un collectif dénommé « And Sopi Ndoxum Mbacké » a vu le jour en juin 2019.

Ledit collectif a mis en œuvre plusieurs initiatives citoyennes pour amener les autorités étatiques et la Sen’eau, à mettre fin à l’insécurité et à la misère hydriques, en s’acquittant de leurs obligations contractuelles. Pour faire respecter les droits des habitants, le collectif a saisi la justice. Par ordonnance de référé n°31 du 19 novembre 2020, le Tribunal de Grande Instance de Diourbel a désigné « le Laboratoire de Chimie eau de l'institut Pasteur » pour «une expertise aux fins de déterminer si l'eau distribuée aux populations de la commune de Mbacké par la Sen’eau, répondait aux normes de potabilité bactériologique et physico-chimiques édictées par l'Oms et pouvait être utilisée comme eau de boisson destinée à la consommation humaine ».

Le tribunal leur avait imparti «un délai de 2 mois à partir de la notification de la mission pour le dépôt du rapport ». Après expédition certifiée conforme de l’ordonnance, le 30 décembre 2020, par l’administrateur des greffes, le responsable du Laboratoire de Chimie eau de l’Institut Pasteur est saisi par lettre en date du 4 janvier 2021 par l’avocat du collectif, Me Cheikh Fall du cabinet Cheikh Fall. Depuis la saisine dudit laboratoire, les populations de la commune de Mbacké attendent impatiemment l’expertise de l’Institut Pasteur ordonnée par le Tribunal de Grande Instance de Diourbel.

Cette situation nourrit beaucoup d’inquiétudes et de suspicions dans le département de Mbacké, région de Diourbel, au centre du Sénégal. Et pourtant, l’Institut Pasteur dit clairement sur son site internet: «Nous vous accompagnons pour vos contrôles de potabilité ou pour déterminer les caractéristiques de vos eaux au quotidien avec une offre adaptée selon le type d’eau : eaux de process, Eaux chaudes sanitaires (Ecs), eaux des Tours Aéro-Réfrigérantes, Eaux brutes (forage et puits), Eaux de consommation (réseaux et eaux embouteillées), Eaux de dialyse, Eaux de baignade (piscine, mer), Eaux résiduaires, Eaux usées ».

Au vu des inquiétudes et suspicions légitimes des populations de Mbacké et du Collectif, le Forum Civil, section sénégalaise de Transparency International, « exhorte l’Institut Pasteur à édifier les populations de la commune de Mbacké, en respectant scrupuleusement l’ordonnance du Tribunal de Grande Instance de Diourbel ; demande au Collectif "And Sopi Ndoxum Mbacké" de continuer le combat pour recouvrer leur dignité humaine et faire respecter les droits des habitants ; invite la Sen’eau à respecter enfin ses obligations de fournir de l’eau, en qualité et en quantité, aux populations de Mbacké, pour que celles-ci puissent aussi respecter à leur tour leurs obligations ».

Ndèye Fatou Kébé