Leral.net - S'informer en temps réel

LA DÉMOCRATIE A CRAQUÉ EN AFRIQUE, SELON MOUSTAPHA KASSÉ

Rédigé par leral.net le Dimanche 1 Juin 2025 à 20:09 | | 0 commentaire(s)|

L'économiste justifie les coups d'État au Sahel et remet en question le modèle démocratique occidental lors de son passage à "Objection" sur Sud FM ce dimanche 1er juin 2025 "Nous ne pouvons pas créer une société avec les instruments des autres"

Le professeur Moustapha Kassé défend ouvertement les prises de pouvoir militaires au Sahel et remet en cause l'adaptation de la démocratie aux sociétés africaines. Dans une déclaration qui ne manquera pas de susciter des débats, l'économiste de 80 ans a justifié son soutien aux généraux Ibrahim Traoré du Burkina Faso et Abdourahamane Tiani du Niger par un constat radical : "Absolument, je salue l'avènement de ces généraux au pouvoir parce que la démocratie a craqué".

Le doyen honoraire de la faculté des sciences économiques de l'Ucad va plus loin : "La démocratie n'est pas une composante des sociétés africaines", affirmant avoir largement développé cette thèse dans son dernier ouvrage "Alternative vers une société de développement humain".

Pour étayer sa position, Kassé rappelle une anecdote sur une visite de Senghor à Singapour. Interrogé sur les clés du développement, le dirigeant singapourien Lee Kuan Yew aurait répondu : "Travailler très dur, penser le développement à partir de vous-même, et avoir des institutions très fortes".

Et quand Senghor l'interroge sur la démocratie, la réponse est sans appel : "Vous n'en avez pas besoin. Ce n'est pas votre problème maintenant".

L'anarchie électorale africaine

L'économiste dresse un tableau sombre des élections africaines : "Regardez les élections présidentielles qui se passent dans les pays. La plupart du temps, c'est des émeutes, c'est la répression". Il dénonce également la prolifération des partis politiques qu'il qualifie de "cabines téléphoniques" : "Comment voulez-vous faire une élection crédible avec 350 ou 700 partis politiques ? Ce n'est pas la démocratie, c'est l'anarchie".

Kassé établit un lien direct entre l'échec démocratique et la nécessité du changement radical. "La révolution intervient quand les gens d'en haut ne veulent plus être gouvernés comme antérieurement et que les gens du bas refusent de croire à ceux qui sont en haut", explique-t-il, citant la théorie révolutionnaire classique.

Au Sénégal, il considère que l'arrivée de Sonko et Diomaye constitue une réponse démocratique à cette "explosion sociale" qui menaçait le pays sous l'ancien régime de Macky Sall, qu'il qualifie de "pouvoir boniste" ayant instauré une "monarchie républicaine".

L'alternative : des institutions fortes sans démocratie occidentale

Pour l'économiste, la solution réside dans "des institutions très fortes" plutôt que dans l'importation de modèles démocratiques occidentaux. "Nous ne pouvons pas créer une société avec les instruments des autres", martèle-t-il, prônant des solutions endogènes.

Malgré son soutien aux nouvelles dynamiques politiques, Kassé appelle à la vigilance : "Le capitalisme ne se sent jamais battu", avertissant que les forces extérieures tenteront d'empêcher les programmes "anti-impérialistes et anticapitalistes".

Cette prise de position tranchée du professeur Kassé, qui cumule les distinctions académiques (palmes académiques, mérite universitaire, ordre national du Lion), relance le débat sur l'adaptation des modèles politiques occidentaux aux réalités africaines et pourrait alimenter les discussions sur la légitimité des transitions militaires au Sahel.

Video URL: 
https://www.youtube.com/watch?v=tEG0JgUv6R0
Primary Section: 
Secondary Sections: 
Archive setting: 
Unique ID: 
Farid


Source : https://www.seneplus.com/economie/la-democratie-cr...