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« La Banlieue dakaroise n’acceptera jamais d’être négligée comme avant… »

Docteur Serigne Mamadou Bousso Lèye, ancien Ministre de la Culture et de la Francophonie, Président de l’Alliance Nationale pour une Nouvelle Citoyenneté(ANC) /Beug sa Reew


Rédigé par leral.net le Mardi 15 Mai 2012 à 17:28 | | 0 commentaire(s)|

« La Banlieue dakaroise n’acceptera jamais d’être négligée comme avant… »
Docteur Serigne Mamadou Bousso Lèye a été Ministre sénégalais en charge de la Culture et de la Francophonie de Mai 2009 – à Mai 2011 et membre du Comité Directeur du PDS. Malgré les efforts démentiels consentis dans son département, ce responsable politique libéral (ndlr : désormais ex-) de haut niveau dans la grande banlieue a quitté le gouvernement de Souleymane, victime de cabales , intrigues et autres intimidations des faucons du Palais ! Cela ne l’empêchait guère de jurer fidélité à Wade. Que nenni ! Aujourd’hui, celui que l’on surnomme « le docteur »de la grande banlieue (Pikine et Guédiawaye) a initié depuis fin mars 2012 une nouvelle entité : Alliance Pour une Nouvelle Citoyenneté /Beug sa reew(APNC, en acronyme).Dans l’entretien qu’il nous a bien voulu accorder, l’ancien pensionnaire de l’EISMV,du CESAG et de Paris-Dauphine de soutenir, mordicus : « Aujourd’hui, la banlieue devient plus exigeante. Elle veut être actrice et non plus simple observatrice de la scène politique sénégalaise avec un poids électoral aussi important (700 000 électeurs). J’affirme que la banlieue dakaroise dans le contexte actuel n’acceptera jamais d’être négligée ».


Entretien…
Présentez –vous, Monsieur le Ministre ?

Je m’appelle Serigne Mamadou Bousso Lèye. J’ai assumé le rôle de Ministre sénégalais de la Culture et des loisirs de Mai 2009 –à Mai 2011.J’ai ensuite quitté le gouvernement, comme précisé plus haut, parce que victime d’injustice, de cabales et intimidations de la part des fameux faucons du Palais . Déjà, on était en train de propulser la culture sénégalaise vers des dimensions insoupçonnées. La politique culturelle du Président de la République était en phase de se matérialiser, prèsque sur tous les plans sans grand bruit. En une année c’est a dire en 2010, nous avons finalisé et inauguré le Monument de la Renaissance Africaine en mars avec la présence de 21 chefs d’Etat, tenu en mai la biennale des Arts de Dakar qui a réussi sans aucun apport de l’UE (principal bailleur jusqu’en 2008) et c’était l’une des meilleures, participé à l’organisation de la Conférence des Oulémas africains en juin. Et aussi notre pays a également enregistré une participation record et, surtout celle des Etats et de Privés dans le cadre du 3ème Festival mondiale des arts nègres qui s’est déroulé du 1 au 21 décembre. A cela s’ajoutent l’élaboration de la la protection sociale et du statut des artistes, l’amélioration de la gestion administrative du ministère, la finalisation des 21 décrets d’application sur les droits d’auteurs et droits voisins, la reprise des activités des Manufactures de Thiès,etc….. C’est aussi sous notre magistère que la culture sénégalaise a connu un rayonnement extérieur avec l’organisation de la première « Semaine Sénégalaise en Arabie Saoudite » en janvier avec la participation de plus de 100 acteurs culturels etc..
En 2011, nous avons finalisé et organisé l’inauguration du Grand Théâtre financé par la Chine et ouvert d’autres chantiers novateurs
Et quel était votre comportement après votre départ du gouvernement ?
Moi,. étant fonctionnaire de l’Etat du Sénégal qui est arrivé à la politique par effraction, j’ai fait bonne contenance mais les femmes, les jeunes, les artistes bref.. les populations de la banlieue avaient manifesté leur désapprobation par des rassemblements de protestation et des marches... Il faut souligner que mon limogeage avait créé des frustrations intenses au niveau de la banlieue parce que considéré comme injuste. Cela avait lourdement déteint sur le vie de notre parti d’alors, le Pds au vu du rôle que je jouais dans ce milieu .par la suite, nous avions rencontré des difficultés dues au dysfonctionnement ou non fonctionnement du parti . la banlieue était ignorée par la direction du parti et le directoire de campagne; ce qui faisait que les responsables les plus en vue, frustrés par des actes incompréhensibles et injustifiés, avaient gelé leurs activités de cette formation a partir du mois d’Aout 2011 . Dans la campagne pour la Présidentielle, peu d’importance a été accordée à la banlieue malgré son poids démographique et ce qui est arrivé est arrivé. Que le nouveau pouvoir évite de répéter ces erreurs. Aujourd’hui, la banlieue devient plus exigeante. Elle veut être actrice et non plus simple observatrice de la politique .J’affirme que la banlieue n’acceptera jamais d’être négligée comme avant.
Par ailleurs,Je continue mes activités sur un autre registre, tout en ayant comme bréviaire : être au service de mon pays dans l’abnégation, venir à la rescousse des économiquement faibles et renouveler mon attachement à Serigne Touba.
Parlez-nous de votre nouveau mouvement ?
Nous avons créée un mouvement de la société civile qui s’appelle Alliance Nationale pour une Nouvelle Citoyenneté. Comme vous le savez, la citoyenneté est intimement liée aux idées et aux valeurs de la République. Donc, c’est l’appartenance à une cité, à une nation , c’est l’exercice de droits et de devoirs civiques. Et face à la crise de la citoyenneté, c’est a dire des rapports unissant l’individu à la communauté nationale, nous avons opté pour un renouveau de celle-ci d’autant plus que la coupure est très nette entre la société civile et la classe politique. Ce qui est posé a l’heure actuelle, c’est l’exigence d’une nouvelle forme de citoyenneté politique, qui fasse du citoyen l’acteur principal de la vie politique. Cela passe à mon sens par un essor de la démocratie directe harmonieusement liée à une nouvelle démocratie représentative qui est à mettre en œuvre afin d’éviter que l’on ne soit citoyen que le jour du vote et simple électeur au pouvoir politique confisqué , bien souvent, trompé tous les autres jours. C’est pourquoi notre mouvement a été porté sur les fonts baptismaux pour promouvoir la citoyenneté politique mais aussi la citoyenneté économique, culturelle, interculturelle, sociale, environnementale etc…, .Il regroupe des jeunes, hommes, femmes, des membres de la société et des politiques, des chefs religieux bien évidemment. Nous allons éduquer à une citoyenneté active sur la base de projets pour restaurer les valeurs de la République qui ont trop subi les coups de sabre, pour ne pas dire de sabre du défunt régime. Aujourd’hui, notre mouvement reçoit l’adhésion, au niveau de la banlieue et sur le territoire national , plusieurs mouvements et associations de femmes , de jeunes, de dahiras,….
Et les prochaines législatives. Vous êtes investis sur quelle bannière ?
De façon volontaire, Je ne suis candidat sur aucune liste malgré les pressions et les propositions des différentes coalitions pour les investitures. Mais, je dois signaler que M.Macky Sall a été élu Président de la République du Sénégal avec un score plébiscitaire de 65% des voix. Ce score est la manifestation de la volonté du changement de régime voulu par les sénégalais.. Nous, nous pensons que la large coalition dont les plus éminents leaders étaient candidats a accompli sa mission avec le départ du Président Abdoulaye Wade. Sans leur apport, Macky Sall allait être élu par ce que le peuple souverain l’avait voulu et ardemment. Ce qui est regrettable, nous allons vers des élections législatives ou cette coalition va présenter une liste commune hétérogène, ce qui va biaiser le jeu démocratique .Et L’Assemblée nationale, un lieu de représentation du peuple va présenter un visage qui ne reflète pas la réelle représentativité des différents partis. L’idéal aurait été la présentation des coalitions du premier tour qui pourront ensuite se réorganiser au sein de l institution après les élections. Ce qui donnera une meilleure visibilité.
Sur ce point précis,Je suis partisan d’une majorité de cohérence uniforme , homogène facilitant les prises de décisions dans un contexte ou la mise en œuvre de mesures urgentes par les tenants du pouvoir est indispensable au vu de la situation actuelle de notre pays et franchement je ne souhaite pas l’émergence d’ une majorité de blocage qui risque de faire perdurer les souffrances de nos compatriotes
Vous voulez que le parti au pouvoir ait une majorité pour pouvoir gouverner convenablement.
Mais, il le faut. Moi, je suis pour une majorité de cohérence pour faciliter la matérialisation de sa vision. Ma préoccupation, ce n’est pas les individualités mais le Sénégal. La majorité de blocage impacte négativement sur la bonne marche du pays par ce que ne facilitant pas la prise de décision par le Président de la République. La majorité de cohérences, c’est un minimum de bon sens ! On doit, à ce jour, sortir de la situation de conflictualité pour aider le pays à aller de l’avant.
Un mot sur le retour à un mandat de 5 ans
Je pense que le mandat doit être maintenu à 7 ans .Au lieu de procéder à une révision constitutionnelle il faut stabiliser la constitution comme le souhaite le mouvement « Ne Touche pas a ma Constitution » n’est-ce pas ? sinon avec 5 ans, nous risquons d organiser avant 2017 des élections tous les 2 ans (législatives puis locales en 2014,..)
Par ailleurs, un Président nouvellement élu pour 7 ans aura le temps de trouver ses marques avec un état des lieux exhaustifs, d’élaborer des programmes de développement , sa mise en œuvre avant de se préparer à de nouvelles élections .Contrairement aux pays occidentaux, le Sénégal n’a pas assez de ressources pour organiser des élections couteuses tous les 5 ans dans la situation de crise généralisée. On pourra faire d’énorme économie avec le maintien à 7 ans.Par exemple en 21 ans , on pourrait organiser 4 élections de 5 ans et 3 élections de 7 ans d’où économies importantes d’une élection pour l’Etat, les partis, les souteneurs,… C’est une pertinence sur bien de points de vue .Le respect de ce calendrier républicain doit dépasser les personnes qui souhaitent la réduction du mandat pour pouvoir se présenter dans les limites autorisées par leur age.
La question des audits suscitée souvent dans le landerneau politique.
C’est tout à fait normal pour déterminer la gestion des deniers publics.Quand on a géré des ressources publiques, il faut obligatoirement rendre compte mais subir un contrôle externe. C’est un principe sacro-saint de fonctionnement d’un Etat qui se respecte .Au Sénégal, on a l’habitude de faire des audits qui ne sont pas suivis d’effets. Mais cette fois ci, Il faudra faire des audits complets qui ne soient ni bâclés, ni sélectifs et dont les résultats aideront les nouvelles autorités à faire moins d’erreurs ou de fautes sur les plans organisationnel, financier, administratif. En dehors des audits, on peut constater que des gens disposent de richesses ou de patrimoines en un temps record et injustifiés au vu de leurs activités . Et il urge qu’ils s’expliquent sur l’origine de leurs avoirs . A ce niveau,nous saluons la création de la Cour de Repression de l’Enrichissement Illicite qui doit disposer de tous les moyens pour faire correctement son travail en toute objectivité. Aujourd’hui, rien ne doit plus etre comme avant. Nos compatriotes sont devenus plus exigeants sur la transparence et la bonne gouvernance.
M.Youssou vient d’hériter du département de la culture et du tourisme .En tant que l’un de ses prédécesseurs à ce poste. Qu’en pensez-vous ?
Je félicite Youssou Ndour pour cette nomination. C’est quelqu’un qui a bien travaillé dans son domaine : la musique pour être une star planétaire. Comme disait l’autre « nommé à une nouvelle fonction tu n’as que des qualités au début » donc il a un préjugé favorable . Je pense qu’il peut mener loin ce département car étant du milieu. Mais le rôle du Ministre même musicien n’est pas de jouer ou de savoir jouer la musique mais de mettre en œuvre la politique définie par le Chef de l’Etat pour que les musiciens , les acteurs culturels puissent s’épanouir et vivre de leur art dans le cadre de ‘économie de la culture. Pour cela il faut qu’il y ait une bonne équipe composée d’administrateurs civils, conseillers culturels, hommes de culture..qu’il écoute, qu’il y’ait des concertations permanentes avec les acteurs et mieux leur implication , .Il faut faire la différence entre l’action et la communication. Moi , je n’étais pas du domaine et vous voyez les performances auxquelles je suis parvenu tout simplement grace a un management adapté (avoir les résultats via les autres)

Affaire Cheikh Béthio Thioune
C’est très regrettable ! je pense que c’est le destin d’Un chef religieux qui n’a pas su gérer ses troupes . On n’est pas encore dans la culpabilité de Cheikh Béthio bien que L’histoire se soit passée chez lui à Keur Samba Laobé. Nous attendons le verdict de la justice.
Ce qui est regrettable c’est la volonté de certaines personnes de vouloir politiser ce dossier



Réalisée par Ibrahima NGOM Damel