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La CENTIF sur les traces de 20,8 milliards FCfa, le nouveau dossier qui menace de gros bonnets


Rédigé par leral.net le Vendredi 2 Mai 2025 à 12:28 | | 0 commentaire(s)|

La CENTIF sur les traces de 20,8 milliards FCfa, le nouveau dossier qui menace de gros bonnets
Des mouvements financiers enregistrés dans un compte d’Okapi Sénégal Suarl, ainsi que d’autres éléments relatifs à son fonctionnement, intriguent la CENTIF.

"Libération" révèle que la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) a ficelé une enquête explosive concernant Okapi Sénégal Suarl. Cette enquête est consécutive à la déclaration numéro DSB0922015, transmise par une banque de la place, pour des motifs de « transactions fractionnées sans justificatifs ». Spécialisée dans les crédits et autres services d’intermédiation financière et non financière, Okapi Sénégal a ouvert un compte dans ladite banque le 20 mars 2020. L’examen périodique de ce compte a fait ressortir des dépôts aux montants exorbitants, alors que l’activité principale du client, la Fintech, n’avait pas encore démarré, selon la banque.

En effet, du 1er juin 2021 au 19 avril 2022, le compte a été crédité d’un montant global de 20.787.790.245 FCfa, en 450 dépôts en espèces, pour un chiffre d’affaires déclaré de seulement 1 milliard FCfa. La majorité de ces dépôts, dont un grand nombre ont été fractionnés, ont été effectués par I. Dia, G. Tine, S. Diallo et M. Guèye, « qui n’ont pas de liens visiblement connus avec la société Okapi », d’après les documents consultés par "Libération".

Interpellée sur ces mouvements, la société Okapi a expliqué à la banque qu’elle effectuait de l’intermédiation et importait des marchandises qu’elle livrait à ses clients, pour lesquels elle jouait le rôle d’intermédiaire auprès des fournisseurs. Toutefois, l’identité exacte des bénéficiaires finaux de ces services d’intermédiation, n’a pas pu être vérifiée.

Par ailleurs, les informations collectées par la CENTIF sur Okapi Sénégal Suarl, ont révélé qu’elle fait partie des douze filiales de la société Okapi Finance Holding AB, créée en 2021 en Suède. Dans ses relations avec les institutions financières, Okapi propose, via ses filiales, un nouveau service B2B Broker destiné aux commerçants. Ce service consiste à établir un lien entre le consommateur et le fournisseur. Le broker, ou opérateur sur les places financières, détient les informations sur les services fournis, gère les détails des commandes, le provisionnement et la connexion de ces services à une application conçue pour le consommateur.

Pour la CENTIF, ce type de service est assimilable à de l’intermédiation financière. Cependant, cette activité est réglementée au sein de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), par les dispositions de l’article 105 de la loi portant réglementation bancaire et son instruction d’application n°15-12/2010/RB. Or, Okapi Sénégal Suarl, qui ne possède aucun agrément délivré par l’autorité compétente, exerce l’intermédiation financière de manière illégale, selon les conclusions de la CENTIF.

Qui plus est, l’exploitation du tableau des transferts émis par Okapi Sénégal Suarl, a révélé d’importants transferts d’un montant cumulé de 26.485.544.998 FCfa à destination de plusieurs entités tierces inconnues de la banque. Selon "Libération", la CENTIF considère qu’Okapi met en œuvre un système de paiement par groupage, consistant à amasser les fonds d’un groupe de clients, à les faire transiter dans son compte bancaire, puis à effectuer des paiements à des fournisseurs à l’étranger, en toute illégalité.

Enfin, il ressort de l’enquête qu’Okapi Finance International AB, représentée par Madame Mwepu Gisèle Bilonda, son PDG et directrice, a cédé à Okapi Finance Holding AB, la totalité des parts sociales (100 %) qu’elle possédait dans Okapi Sénégal Suarl. Il a été constaté que l’acte de cession n’a pas été enregistré auprès des services fiscaux. Or, la cession de parts sociales donne lieu à un droit d’enregistrement et son omission constitue un manquement aux obligations fiscales. Le cédant est, dans ce cas, imposable au titre de l’impôt sur le revenu.

L’enquête de la CENTIF, qui s’est appuyée sur d’autres déclarations de soupçon, a également été élargie à d’autres sociétés en lien avec Okapi Sénégal Suarl, notamment Africa Trade Services Sarl, Bitpesa Sénégal Suarl et Espace Électro, d’après les investigations relayées par "Libération".







Senenews

Mame Fatou Kébé