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Le Rwanda du FPR néocolonial ne peut être un modèle pour l'Afrique !

Rédigé par leral.net le Jeudi 30 Octobre 2025 à 20:12 | | 0 commentaire(s)|

Le Rwanda du FPR néocolonial ne peut être un modèle pour l'Afrique !

Une certaine béatitude louangeuse présente le Rwanda comme un « hub africain d’une  intégration réussie à la mondialisation libérale ». Les chefs d’États et autres visiteurs de ce petit pays de moins de 27.000 km², une population de près de 14 millions d’habitants, la plus grande densité africaine de population au km², un PIB de 14,1 milliards de dollars US et sa propre monnaie le Franc rwandais en reviennent gaga pour vanter « la propreté, pas de sacs plastiques, la discipline, le haut niveau d’instruction, la spécialisation informatique, la performance militaire, etc ». Ces admirateurs oublient tout simplement que c’est une diaspora fort diplômée majoritairement Tutsi qui a pris les rênes du pouvoir suite au génocide de 1994.

 

La branche anglo-saxonne de l’impérialisme, USA et RU, relaye sans retenue cette vision idyllique en intégrant le Rwanda dans le Commonwealth que l’UE, notamment sa branche françafricaine comme pour se racheter de sa complicité dans le génocide, tente de contenir en concédant au Rwanda la présidence de la francophonie. Le Rwanda est même devenu un dépotoir de migrants africains expulsés du Royaume Uni, ce qui rappelle la tactique de peuplement sioniste et d’inversion moderne de la traite des noirs.

 

Le Rwanda  dans la mondialisation sous hégémonie US

 

En fait, la lutte armée contre le génocide ethnofasciste de 1994, qui était censée réparer l’injustice historique de la contre-révolution ethniciste fomentée en 1959 par le colonialisme belge, s’est muée à partir de 1998 en agression contre le pays de Lumumba, Mulélé, Kabila.

Et pourtant, en 1997, le soutien direct du Rwanda et de l’Ouganda et indirect de l’Angola, le Zimbabwe, l’Éthiopie, l’Érythrée apporté à l’AFDLC (Alliance des Forces Démocratiques de Libération du Congo) dirigée par Laurent Kabila mettait en œuvre un panafricanisme militant pour débarrasser le peuple congolais et l’Afrique du régime néocolonial fasciste de Mobutu, assassin de Lumumba et de Mulélé et complice de l’apartheid sud-africain contre l’indépendance de l’Angola et de la Namibie.

 

Mais comme nous l’a répondu Tito Rutaremara, premier président du parlement rwandais et premier superviseur des Gacaca (tribunaux populaires traditionnels) : « Dans le monde actuel, l’impérialisme est incontournable, il faut donc se soumettre à la mondialisation pour en profiter ».

 

Le mot était ainsi lâché, « se soumettre pour en profiter » fut à l’origine du sabotage par le bourgeois néocolonial Houphouët Boigny préférant que la Côte d’Ivoire soit la « vache laitière » de la françafrique contre l’unité indépendantiste ouest africaine, du régime petit bourgeois néocolonial de L.S. Senghor du PS au Sénégal provoquant l’éclatement de la Fédération du Mali et faisant du bourgeois néocolonial Mobutu, ex-dictateur zaïrois, le mercenaire de l’impérialisme contre les mouvements de libération nationale des colonies portugaises (Angola, Mozambique), de Namibie et d’Afrique du Sud sous apartheid.

 

C’est aussi au nom de « se soumettre pour en profiter » que les dirigeants les plus en vue de la gauche historique au Sénégal et ailleurs en Afrique, y compris les renégats du communisme, se sont faufilés en position subalterne dans les pouvoirs néocoloniaux appliquant les recettes libérales dictées par le FMI/BM dont l’accompagnement politique institutionnel fut la dite « démocratie multipartite consécutive aux conférences nationales » par la conversion des dictatures civiles et militaires françafricaine, eurafricaine et usafricaine qui avaient renversé les indépendantistes progressistes Nkrumah, Olympio, Modibo, Nasser, Sankara, etc.

 

Le FPR de Paul Kagame a tout simplement pris la place qu’occupait jadis Mobutu dans la région contre les mouvements de libération nationale pour devenir le parrain des milices ethnicistes guerrières en mission commandée pour le pillage par les multinationales des minerais rares stratégiques.

 

Non seulement ce « hub rwandais » garde toutes les caractéristiques de l’économie coloniale extravertie, mais en plus joue le rôle de flic du pillage de la RDC pour le compte des Firmes monopolistes impérialistes des USA/UE/G7 à l’instar du rôle de flic des impérialistes au moyen-orient d’Israël.

 

Le passage du FPR su panafricanisme à la réaction néocoloniale

 

Le prétendu miracle rwandais apparaît comme un mirage dès que le regard se porte sur l’IDH 2022 qui place le pays au 163éme rang sur 193 pays, sur l’IDHI, sur le coefficient de GINI, sur le niveau général de pauvreté ou encore sa place de 138éme de l’indice de performance environnementale.

 

Pour comprendre cette mutation de progressiste panafricain à réactionnaire pro-impérialiste, revoyons ce que nous écrivions dans ‘DES LEÇONS TIRÉES DE L’EXPÉRIENCE DE LA RÉVOLUTION ANTIFASCISTE RWANDAISE - Échanges avec Tito Rutaremara du Front Patriotique Rwandais (FPR)’ : « Fred RWIGIEMA, premier dirigeant et fondateur du FPR, était un révolutionnaire marxiste-léniniste. Certains du FPR ont aussi participé à l’insurrection et aux maquis mulelistes de 1961 à 1968, maquis que Che Guevara avait visité après l’assassinat crapuleux du dirigeant nationaliste révolutionnaire communiste congolais… Mais la grande école politico-militaire a été pour le FPR la participation au combat contre les fascistes colonisateurs portugais en Angola et surtout au Mozambique.

 

Tito Rutaremara... parle de l’indéniable richesse de l’expérience partagée avec Samora Machel, Mondlane par des cadres dirigeants de son mouvement ». Mais Tito Rutaremara précise aussi que le FPR était un « front (qui) a des avantages et des inconvénients » avant d’indiquer qu’« il y a des opportunistes qui déjà combattent le principe de l’éducation politique ».

 

Fred RWIGIEMA meurt en 1990 lors des premières batailles sur le territoire rwandais contre le Hutu-Power et force est de constater que la fraction militariste, représentée par Paul Kagamé, formée à West-Point aux USA et ex-chef des services secrets ougandais, a changé l’orientation politique initiale panafricaine pour faire du FPR le parrain du génocost spoliateur dans l’est de la RDC. Paul KAGAME ne s’en cache même plus vraiment lorsqu’il réclame « une partie du territoire ravi au Rwanda et rattaché au Congo » lors du partage de l’Afrique à Berlin.

 

La colonie du Congo, d’abord propriété du roi belge qui l’a rétrocède à l’État belge en 1908, est un territoire au centre de l’Afrique de 2 millions 345 mille km² qui a vu son intégrité territoriale menacée dès la proclamation de son indépendance le 30 juin 1960. Tentative de balkanisation et ethnicisation des élites politiques ont été des tactiques néocoloniales pour renverser et tuer Patrice-Emery Lumumba.

 

C’est le colonisateur belge qui va introduire « peu avant l’indépendance, la Loi fondamentale du 19 juin 1960, une production du Parlement belge, opta pour des structures unitaires de l’État et fit de son mieux pour donner à cet État certains aspects du système fédéral. L’aspect fédéral de la Loi fondamentale résidait dans le fait qu’elle reconnaissait aux provinces le droit de se doter d’une constitution et d’institutions administratives (art. 159 et art. 160), ainsi que le droit d’avoir un gouvernement propre et une assemblée élue (art. 15 et 162). Cette loi prévoyait, en outre, des matières laissées à la compétence exclusive du gouvernement central (art. 219) et d’autres réservées au pouvoir provincial (art. 221), la répartition des compétences étatiques de souveraineté étant l’enjeu fondamental de tout système fédéral » (‘Balkanisation’ de la RDC, Godefroid Muzalia et Thierry Rukata). Le fédéralisme a ainsi préparé la sécession du Katanga et les mouvements ethnicistes qui vont miner l’unité nationale dans le but de liquider le régime patriotique et panafricain de Lumumba.

 

Patrice-Emery Lumumba fustigeait dès 1960 un « plan de balkanisation de la RDC » dont la manifestation la plus visible à l’époque avait été « la sécession du Katanga ». A la différence du Soudan, de la Somalie, de la Libye où l’enjeu est le pétrole pour diviser, c’est en RDC l’accaparement des mines rares. Les impérialistes continuent toujours d’instrumentaliser la « tribalisation d’une certaine élite politique » pour s’emparer des ressources minières de ce « grand scandale géologique naturel » qu’est la RDC.

 

Le Rwanda du FPR est donc le nouveau mercenaire des multinationales pour «  exploiter, de manière éhontée, les richesses du Congo. Ainsi, au Kivu, dans l'est du pays, l'achat du colombo tantalite (coltan), minerai précieux indispensable aux alliages utilisés pour les avions, les téléphones portables, les microprocesseurs, est réservé à la Somigl (Société minière des Grands Lacs). Cette dernière exporte le minerai vers le Rwanda et, de là, vers l'Europe et les États-Unis par le biais de trois sociétés, Africom, Promeco et Cogecom (respectivement belge, rwandaise et sud-africaine). Au Kivu, plus aucun droit de douane n'est perçu aux frontières avec le Rwanda, et les populations congolaises vivent cette situation comme une annexion de fait. Les richesses rapportées du Congo, qui financent le budget de la défense, ont aussi favorisé l'émergence à Kigali d'une nouvelle classe politico-militaire marquée par la corruption » (Colette Braeckman, Monde Diplomatique avril 2001).

 

En effet, le Rwanda est devenu la plaque tournante de l’exportation du tantale vers les différents pays occidentaux avec environ 2.500.000 kilogrammes, soit près de 30% du total de 8.807.232 kilogrammes produits dans le monde. On peut considérer que plus de 50% du PIB rwandais découlent de cette expansion territoriale sioniste Hima-Tutsi prédatrice de l’est de la RDC. Ces matières premières stratégiques servent à la téléphonie, à l’électronique, à l’informatique et au spatial, etc.

 

Depuis 1998 et l’assassinat de Laurent Kabila, le genocost dans l’est du Congo par milices ethnicistes interposées de l’État rwandais a atteint de nos jours un nombre de victimes des crimes multipliant de façon exponentielle ce qu’ « une ONG américaine, International Rescue Committee, a estimé que, dans l'est du pays, 1,7 million d'habitants avaient été victimes des conséquences de la guerre, 200.000 des décès constatés étant directement imputables à la violence. S'exprimant devant le Conseil de sécurité, le 28 novembre 2000, la coordinatrice des secours d'urgence de l'ONU, Mme Caroline Mac Askie, a déclaré que seize millions de Congolais (soit un tiers de la population totale) connaissaient des déficits alimentaires et que la guerre avait fait deux millions de déplacés intérieurs et poussé 300.000 Congolais à se réfugier dans les pays voisins » (idem, avril 2001).

 

C’est donc une terrible tragédie que ce reniement ethnofasciste génocidaire par le FRP conduit, dans son processus d’embourgeoisement pro-impérialiste, à faire main basse sur « l’espace vital » de l’est de la RDC et empêche le pays de Lumumba, Mulélé, Kabila a s’acquitter de son rôle de gâchette du revolver libérateur de la mère-Afrique comme le disait Frantz Fanon dont nous célébrons les 100 ans.

 

Mais l’histoire retient que de telles mutations contre-révolutionnaires ont marqué d’autres expériences en Afrique et à travers le monde.

 

Il faut donc que l’actuelle seconde phase de libération africaine développe des antidotes contre cette propension de la petite bourgeoisie à fantasmer sur le régime pro-impérialiste néocolonial du Rwanda ainsi que sur les monarchies des pétrodollars dont l’intégration dans la mondialisation libérale du capitalisme en font, en vérité, des marchés Sandaga où tout se vend et s’achète, mais ne produisent rien. 

 

Rappelons qu’en Afrique de l’ouest la françafrique a façonné sa vitrine économique ivoirienne et sa vitrine politique sénégalaise comme tactique d’enfermement dans son enclos néocolonial par le biais des « accords de coopération » et de la zone de la monnaie coloniale CFA.

 

Il faut en finir avec les illusions sur les leurres que sont les mirages qu’agitent les impérialistes et les bourgeoisies et la petite bourgeoisie néocoloniales pour dévoyer le processus d’une vraie prise de conscience révolutionnaire et panafricaine sur les enjeux fondamentaux de la libération nationale et panafricaine.

 

En effet, l’enjeu fondamental est que l’Afrique doit s’industrialiser en développant les forces productives nécessaires à sa sortie du sous-développement colonial et néocolonial.

 

Diagne Fodé Roland

30/10/25

 



Source : https://www.impact.sn/Le-Rwanda-du-FPR-neocolonial...