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Les États-Unis régularisent les sans-papiers

Rédigé par leral.net le Mardi 21 Août 2012 à 13:24 | | 0 commentaire(s)|

Sous conditions, les enfants d'immigrés clandestins peuvent obtenir un permis de travail.


Les États-Unis régularisent les sans-papiers
À New York

Pour les uns, les images d'immigrés dans les longues files d'attente à New York, Chicago ou Los Angeles ces derniers jours évoquent Ellis Island et le rêve américain de leurs ancêtres venus d'Europe. Pour les autres, elles nourrissent le ressentiment et suscitent la crainte. À New York, dans la nef de l'église Saint Mary, on est surtout pressé d'arriver au bout de la file. Plus d'un millier de Dreamers sont là pour s'enregistrer et tourner la page de la clandestinité.

Les Dreamers sont ces centaines de milliers de jeunes entrés illégalement avec leurs parents aux États-Unis, souvent tout petits, et menacés à tout moment d'être expulsés vers leur pays d'origine, qu'ils ne connaissent souvent pas. Dans l'ensemble du pays, l'Administration Obama a renvoyé près d'un million et demi d'immigrés illégaux depuis 2009. Un record.

En juin, après l'impasse au Congrès sur la loi de régularisation dénommée «Dream Act»,le président a signé un décret permettant aux Dreamers d'obtenir un permis de travail: 1,7 million de jeunes seraient concernés, selon le Pew Research Center. Les deux tiers de la population approuvent cette mesure de régularisation.

À l'église Saint Mary, la plupart sont mexicains. Certains ont appris qu'ils étaient «illégaux»lorsqu'ils ont voulu passer leur permis de conduire ou entrer à l'université. Dora, brune fluette de 20 ans, se souvient encore du passage de la frontière. Elle avait 4 ans, quand sa mère l'a fait grimper avec ses deux sœurs à l'arrière d'une camionnette au Mexique. Direction l'Arizona. «On avait très peur.» À New York, leur mère a commencé à travailler comme femme de ménage, Dora et ses sœurs sont allées à l'école.

Avoir moins de 31 ans
L'an dernier, elle a été admise à l'université, où elle étudie la comptabilité. Sans papiers, elle ne pouvait espérer jusqu'à présent que des emplois au noir sous-payés. Désormais, elle se prend à rêver. «Je vais me sentir plus digne, faire carrière, avoir une voiture, mener une vie normale!» s'enflamme-t-elle. L'une de ses sœurs s'apprête à étudier l'éducation physique, l'autre veut apprendre le design. Pour financer leurs études, elles ont ouvert un stand de vêtements sur un marché. La famille paie des impôts. Même sans papiers, c'est possible.

Sous le regard protecteur de la Vierge Marie, une douzaine d'avocats bénévoles s'affairent pour répondre aux questions des jeunes et les aider à comprendre les documents. Soulagement. Les trois sœurs sont éligibles: il fallait être arrivé avant l'âge de 16 ans, avoir vécu depuis 2007 aux États-Unis, détenir un diplôme du secondaire, ne pas avoir de casier judiciaire et avoir moins de 31 ans. Mais une question tracasse Dora et ses sœurs: «Si Mitt Romney est élu, peut-il revenir sur la décision de Barack Obama?» Leur mère, dont elles ont donné les coordonnées (et qui n'est pas éligible), courra-t-elle un plus grand risque?

Jacqueline Esposito a entendu les mêmes questions toute la journée. «Hélas, nous ne pouvons pas donner de garanties», explique la directrice de la New York Immigration Coalition, organisation habilitée à faire le lien entre les sans-papiers et les autorités. Le candidat républicain s'est dit opposé au Dream Act. «J'ose croire que l'Administration, quelle qu'elle soit, n'osera pas prendre de mesures qui détruiraient la confiance de son futur électorat.»

José, lui, s'inquiète des frais d'avocat. Les immigrés illégaux sont souvent la proie d'escrocs et cet étudiant en informatique ne touche qu'un maigre pécule en faisant la plonge dans un restaurant. À New York, il devra «seulement» s'acquitter de frais d'enregistrement de 465 dollars. Dans certains États, les frais peuvent atteindre des milliers de dollars. «Voilà qui stimulera l'économie améri­caine! ironise José. L'Amérique s'est toujours construite grâce aux immigrants. Je suis fier de faire partie de la nouvelle vague.»

Par Adèle Smith