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Les événements de Ngor, un an après ! : Le 9 mai 2023, une date marquée d’une pierre noire

Le 09 mai 2023, une date marquée d’une pierre noire, qui restera à jamais gravée dans les annales de Ngor et dans l’histoire récente de la communauté léboue. En effet, le mardi 9 mai 2023 restera gravé dans la mémoire des habitants de la Commune de Ngor, marqués par les tragiques répressions de la gendarmerie, qui ont coûté la vie à une jeune fille de 15 ans, Adji Diallo et causé de nombreuses blessures, certaines très graves, car entraînant pour certains, un handicap à vie. Sans oublier notre frére, El Hadji Fall qui, également, succombera quelques mois plus tard, suite aux tortures subies après son arrestation, alors qu’il était sorti chercher de quoi couper son jeûne. Le Collectif "Ngor Debout".


Rédigé par leral.net le Vendredi 10 Mai 2024 à 11:00 | | 0 commentaire(s)|

Rappel des faits

Tout était parti de la décision unilatérale de la Gendarmerie, qui voulait s’accaparer des 6 387 m² du parking de Ngor, le dimanche 16 avril 2023, en y démarrant des travaux sans que nos autorités administratives et coutumières ne soient au courant.

Ce lieu, appelé ‶Parking″ ou ‶Arrêt Mame Tamsir″ du nom de Feu El Hadji Tamsir Mamadou Ndiaye, Imam, Maitre coranique et Guide spirituel, représente beaucoup pour la communauté léboue de Ngor, car faisant partie de son patrimoine religieux et culturel.

Et pourtant, cette institution qu’est la Gendarmerie, qui n’avait pas hésité à mater et assiéger les populations ngoroises, avait été accueillie à bras ouverts, servie à la ‶Téranga Léboue″ pendant 17 années.

Cette Gendarmerie avait été installée dans une partie du Centre socioculturel de Ngor (Foyer) depuis 2006, privant ainsi la jeunesse de toutes activités récréatives, de cérémonies ou de manifestations, sans broncher. C’est à cause donc de cette Gendarmerie, que les jeunes de Ngor avaient laissé tomber tout ce qui est soirées dansantes, réceptions ou festivités socio-éducatives, uniquement pour mettre à l’aise nos Forces de Défense et de Sécurité dites FDS.

Cependant, c’était la Gendarmerie elle-même qui avait décidé de quitter Ngor, arguant que leur brigade était dans une zone inondable et qu’on devait lui trouver un autre site.

Mais, au lieu d’attendre le démarrage et les conclusions de la commission que le Gouverneur avait promis de mettre en place, suite à la réception des différentes parties prenantes pour trouver une solution, la Gendarmerie s’était accaparée, de façon unilatérale, du seul poumon qui restait pour Ngor et qui était le seul espoir pour construire un lycée de proximité. Cet acte, qui était la goutte d’eau de trop, avait fini d’exacerber le trop-plein de frustrations et d’humiliations subies par les ngorois.

En effet, ce village confiné dans une petite bande de 4.5 km², est à l’agonie, faute d’espaces vitaux. Victime d’expropriations et de spoliations foncières, Ngor a vu toutes ses terres lui être retirées par une Administration qui a toujours joué en sa défaveur. En attestent les faits saillants ci dessous :

• 1943 : réquisition du domaine aéroportuaire pour 864 ha ;
• 1943 : réquisition des champs de tir des Mamelles (50 ha) ;
• 1968 : remembrement des Almadies (450 ha) ;
• 1973 : attribution de baux sur l’île de Ngor à des non ngorois ;
• 1982 à 1999 : partage des dernières poches des Almadies Est, zone Calao derrière l’Hôtel de Ngor jusqu’au virage ;
• 2006 : Début partage des terres du domaine Aéroportuaire ;
• 2017 à ce jour : attribution des terres de l’aéroport LSS à des individus, des institutions, en oubliant les autochtones du village de Ngor.

Et en 2023, c’est le parking, le seul poumon qui restait à Ngor, qui était dans la ligne de mire de la Gendarmerie nationale, pour une brigade. Et la question qui coulait de source : Pourquoi plus de 6 000 m² pour une brigade ???

Ainsi, c’était ce sentiment de mépris et de discrimination à l’égard de la communauté ngoroise, victime d’expropriations sans commune mesure, mais aussi le fait de toucher à ce lieu symbolique qu’est l’entrée de Ngor, qui étaient le lit de ces manifestations de la jeunesse.

Mais ces manifestations, des jeunes ngorois contre une injustice notoire, avaient fait face à une répression sanglante de la gendarmerie.

En effet, lors de ces manifestations qui s’étaient déroulées à Ngor, les mardi 18, vendredi 21 avril 2023, les lundi 8 et mardi 9 Mai 2023, les éléments de la Gendarmerie s’étaient rendus coupables d’exactions et de tortures à l’encontre de la population ngoroise et les images sont encore fraîches dans nos têtes.

Et suite à cet acharnement inouï des éléments de la Gendarmerie, dont certains en tenue de civile :

- une jeune fille en classe de Cm² du nom de Adji Diallo, avait été tuée froidement d’une balle dans la tête ;

- des jeunes avaient reçu des tirs de balles réelles, au point que leur avenir est dorénavant hypothéqué, parce qu’étant devenus handicapés à vie ;

- des personnes innocentes avaient été violentées et gazées ;

- d’autres avaient été torturés et humiliés sans commune mesure ;

- des maisons avaient été saccagées et brûlées ;

- des tirs nourris de lacrymogènes, mais aussi de balles, à l’intérieur même des maisons où vivent des personnes âgées et d’autres souffrant de maladies respiratoires.

Mais le plus déshumanisant, restait le blocus de Ngor, à l’image de ce qui se passe dans les territoires palestiniens. En effet, pendant 48 heures, Ngor, la nouvelle ‶Bande de Gaza″, avait été assiégée par les gendarmes et coupée du reste de la capitale et du Sénégal, avec comme conséquences dramatiques :

• nos enfants n’étaient plus allés à l’école pendant plusieurs jours
• nos femmes ne pouvaient plus aller au marché pour servir à manger
• les éléments de la Croix-Rouge étaient empêchés d’évacuer les blessés
• les voitures particulières et autres transports en commun, interdits d’accés
• et même les ambulances qui étaient venues pour prendre en charge les blessés avaient été interdites d’entrer dans Ngor.
• les médecins étaient interdits d’accès au Centre de santé de Ngor
• les blessés étaient transportés en bateaux jusqu’à Yoff

Aujourd’hui, après une année, jour pour jour, les populations restent toujours meurtries, les plaies toujours béantes, les souffrances toujours palpables,

Mais aujourd’hui, un an après, les habitants réclament toujours justice pour les souffrances infligées par la Gendarmerie et l'État sénégalais. Ils espèrent que les promesses faites par l'ancien Chef de l'État, lors de la rencontre avec les autorités de Ngor, seront honorées par les nouvelles autorités incarnées par le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son gouvernement, sur qui nous fondons beaucoup d’espoir.

Pour rappel, à la sortie de l’audience avec l’ancien président de la République, audience à laquelle avaient participé les autorités administratives, coutumières et religieuses de Ngor, d’importantes mesures avaient été prises, à savoir :

• la construction et l’équipement d’un Lycée à Ngor
• l’affectation du titre foncier du Stade aux populations de Ngor
• l’inscription des titres fonciers du ‶Terrain Papa Ndoye″ et des alentours, au nom de la Commune
• la régularisation de la Corniche Sud des Almadies (Dienguégne) au profit des populations ngoroises
• la régularisation des espaces vides dans le territoire communal, au nom de Ngor
• le recrutement de 50 jeunes dans ‶Xëyu ndaw yi″
• une offre deux billets pour le pèlerinage à la Mecque
• le financement des femmes
• le partage du site du Parking, objet du litige entre la Gendarmerie et la Commune de Ngor (seule décision que n’agrée pas les populations qui, au regard de ce qui s’était passé, ne peuvent cohabiter avec la gendarmerie sur le même site)
• etc.

Cependant, force est de constater, que de ces décisions, seules les deux billets pour la Mecque, ont été effectives, avec le début du partage du parking pour lequel nos autorités administratives n’ont pas encore reçu officiellement le décret le matérialisant.

Donc, nous profitons de ce point de presse, pour demander aux nouvelles autorités de rendre effectives ces mesures, au nom de la continuité de l’Etat.

Par ailleurs, nous demandons également que les victimes des manifestations de Ngor, soient incluses dans le programme d'indemnisation du gouvernement du Premier Ministre Ousmane Sonko.

En outre, nous sollicitons toujours de l’Etat sénégalais, une zone d’extension dans le site de l’aéroport que nos ancêtres avaient légué, pour cause d’utilité publique lors de la guerre mondiale.

Les populations de Ngor que nous sommes, portons notre confiance en Son Excellence le président de la République, M. Bassirou Diomaye Diakhar Faye, et son Premier ministre, Monsieur Ousmane Sonko, pour rendre justice à Ngor, à ses blessés et martyrs.




Ngor le Jeudi 9 Mai 2024
Collectif Ngor Debout