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Les intermittents du spectacle d’apocalypse

Des vacances ? Où ça, des vacances ? Aguibou Soumaré, réveillé en sursaut une semaine après que la banlieue soit sous les eaux, a tenu à le faire savoir au pays d’en bas, d’en haut, du milieu, des bas-côtés, d’en dessous et d’en dessus : le gouvernement, ne prend jamais de vacances. Il prend une pause. Ou, s’il en prend, ce n’est que d’un oeil. De l’autre, il veille sur notre bien-être. Et, même s’il a les deux yeux fermés, il garde une oreille ouverte.


Rédigé par leral.net le Lundi 15 Septembre 2008 à 09:40 | | 0 commentaire(s)|

Pour entendre le moindre petit soupir, la plus légère plainte. Il a fallu cependant faire un sacré boucan pour sortir le Premier ministre de son très léger sommeil d’un oeil et d’une oreille. Et une fois debout, quel boulot, quelle énergie ! Trois conseils interministériels en une semaine ! Vous avez vu comment il a réveillé « ses » ministres, les uns après les autres ? Tous dans la banlieue, lunettes de soleil, bottes en caoutchouc, costume pour lui-même et tenue de sapeur-pompier pour celui qui est en charge du ministère de l’Intérieur. Pour certifier qu’ils n’étaient absolument pas en vacances, ils ont défait les cordons de la bourse nationale et mis sur la table 300 millions pour réparer les motopompes, acheter du gas-oil et lancer un plan Orsec. Preuve s’il en est, que Monsieur le Premier des ministres, avait pris, un catalogue de mesures, pour combattre les effets des inondations, que son gouvernement avait bien « évidemment », anticipés.

La saison des pluies, moment pendant lequel les gens de la ville prennent leurs congés, n’a rien d’une période de vacances. L’hivernage a démontré combien la nature peut être puissante. Mais il a surtout montré que les autorités de ce pays ne sont pas au service de simples gens. Depuis plusieurs semaines, et cette année encore, comme l’année dernière et l’année d’avant, à pareil moment, la banlieue est le théâtre d’un chaos dantesque. À pleurer de honte ou à s’étouffer de rire triste ! On sait, en haut lieu, que seuls les pauvres meurent cuits dans leur sang comme cette dizaine de ressortissants de Ndiaganiao, dans l’indifférence présidentielle.

Quand à l’intérieur du pays, il ne semble faire l’objet d’aucune préoccupation. Faut dire, la vérité, qu’il y n’a plus beaucoup de zones à inonder tellement la misère a fait fuir hommes et troupeaux. Restent des zones inondables et inondées. Mais loin de « la plus belle Corniche de l’Afrique de l’Ouest » qui a coûté des centaines de milliards, on n’entend mal les cris qu’on y pousse. Cette corniche qu’on préserve vaille que vaille, au détriment de l’hôpital de Ouakam. Les routes annexes sont coupées par deux gouttes d’eau, ainsi que celle menant vers l’aéroport. Quand à la route de Rufisque, elle peut abriter un troupeau d’éléphants prenant un bain de boue, tellement les trous sont grands. Ce ne sont plus des nids de poule.

Ceux qui sont censés nous protéger des inondations, des nervis, de la vie chère, des coupures d’électricité qui nous plongent dans le noir, des pénuries de gaz et de riz, eux, sont confortablement à la fraîcheur. Une fraîcheur qui s’était rangée, là où trônent tous les privilèges, alors que la protection élémentaire est refusée aux moins bien nantis. Ils auraient pu simplement se contenter de dire : « Vous êtes le cadet de nos soucis ». C’eut été plus bref, plus efficace et certainement plus sincère.

Vacances ? Avant de les prendre les siennes, Maître avait déjà donné le la, à Chicago. Chigaco. Chicago mythique des séries télévisées, Chicago des gangs, des distilleries clandestines et des mitraillettes. Chicago d’Al Capone et d’Eliott Ness. C’est là donc, que dans une interview accordée à la Voix de l’Amérique, il déclarait : « Lisez la presse sénégalaise. Ce sont des destructeurs. Ils ne sont pas constructifs ». En écoutant et en entendant son Maître, le ministre des Transports aériens et de l’Artisanat d’alors, s’est confié tout seul, comme un grand, une mission. Celle de menacer des journaux dont une liste a été publiée dans un communiqué officiel, martial et garrotique.

Quelques jours plus tard, deux rédactions ont été mises à sac. Hasard ?

Toujours est-il que depuis lors, Monsieur le ministre est un ex. Au courant de l’année, il était devenu un touche-à-tout. Sans envergure, sans fond, sans substance, sans vision, gonflé d’orgueil, la bave à la bouche. Il parait qu’en Amérique du Nord on dit : « Jack of all trades, master of none ». Maître a-t-il voulu bluffer tout le monde en démettant ce ministre « hors du commun » et atypique, histoire peut-être d’enfumer le bon peuple. Sa nomination avait stupéfié les Sénégalais et son comportement ambigu les a exaspéré. Maître avait continué à allonger son sceptre protecteur sur celui qui se dit être un verrou. Mais à quelque semaine de la fin de ses vacances passées en Suisse, Maître a prestement retiré sa dextre de dessus le naïf, qui se croyait presque Premier ministre et donc abrité, oubliant que Maître a pour règle de ne rien céder quand c’est son fauteuil qui est en jeu. Pour peu, il monterait lui-même la garde devant le Palais de la République.

Et proclamerait comme Macbeth : « Etre roi n’est rien. Il faut être en sûreté ». Le président aurait-il l’amour fauve : « Wade a l’affection des vieux lions. On croit qu’il va vous caresser et il vous emporte la moitié de la figure... » ? Si ce n’était que la moitié : dans les apparences Farba a perdu toute (sur) face. Pour se convaincre lui-même qu’il n’a rien perdu, il déclare urbi et orbi qu’il est l’objet de prières et de cérémonies religieuses célébrées dans le bois sacré, dans les mosquées et à la Cathédrale de Dakar où une messe a été dite à son intention. Te Deum ou messe de requiem ? Personne ne sait. Les voix du Seigneur ne sont-elles pas impénétrables jusqu’au jour où l’on découvrira, que ce fut une messe de résurrection, dite par le Pape du Sopi.

Les coteaux en terrasses sur les rives suisses du Lac Léman sont si exceptionnels qu’ils viennent d’être intégrés au patrimoine mondial de l’Humanité. Assurément « y pas photo » entre le site des vacances de Maître et l’endroit où il a fait sa rentrée : Sicap Mbao, Gounass et tous les quartiers qu’il a voulu visiter. A la fin du tour « mouillé », Maître n’a pas trouvé les mots, dont il n’est pourtant pas économe quand le moindre évènement se passe nous a servi le spectacle d’un cinéma…muet. Peut-être attend-il le déchargement des motos-pompes demandées à Sarkozy, à qui le fils de Maître avait entretenu d’une centrale nucléaire. Comme quoi, le Sénégal à deux vitesses se révèle partout et à tous les niveaux, même chez les Wade, où, pour un fauteuil, le « patriotisme » est devenu génétique.

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