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MADANY SY, SECRETAIRE GENERAL DU SNTN : «Nous voulons une gestion sénégalaise et non étrangère du marché de 10 milliards des ordures»

En 2005, Ama-Sénégal était dans cette posture et l’Etat a résilié son contrat

Sur les 13 bennes à ordures qu’elle utilisait, il n'y a que 3 à 4 qui fonctionnent aujourd’hui

On a l'impression qu'il y a un certain complexe des autorités sénégalaises à l’égard des entreprises étrangères qui viennent au Sénégal, pourtant bien doté en expertise nationale, pour couler les sociétés nationales. Vous avez vu ce que cette option a fait dans le secteur du Btp.


Rédigé par leral.net le Vendredi 22 Octobre 2010 à 21:41 | | 0 commentaire(s)|

MADANY SY, SECRETAIRE GENERAL DU SNTN : «Nous voulons une gestion sénégalaise et non étrangère du marché de 10 milliards des ordures»
Le Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du nettoiement (Sntn), Madany Sy, s’interroge quant au maintien de Véolia pour le nettoiement de Dakar. Dégageant des solutions pour régler la problématique des ordures, il réclame la nationalisation de la gestion du budget de 10 milliards affecté aux ordures ménagères. Entretien…

Quelle est aujourd’hui la situation du secteur du nettoiement ?
Depuis un certain temps, le ramassage et la collecte des ordures se passent normalement à part un certain dysfonctionnement par rapport à la mobilité urbaine. Parce que l'accès à Mbeubeuss est très difficile et c'est une situation que nous déplorons. Nous collectons aujourd'hui plus de 1500 tonnes d'ordures par jour entre Dakar et Yenne. Pour vous dire que tout n’est pas sombre dans notre secteur, nous avons, par exemple, mis en place la Mutuelle de santé des travailleurs du nettoiement (Mstn) pour une prise en charge de plus de 2500 techniciens de surface et des membres de leurs familles.

Qu'est-ce qui explique l'état d'insalubrité de certains quartiers proches du centre-ville ?
C’est simplement qu’aujourd'hui, Véolia est en train de se sucrer sur le dos des Sénégalais et j'ai eu à tirer la sonnette d'alarme. Son contrat a été rompu depuis le 31 décembre 2009. Actuellement, cette entreprise assure le service minimum avec une double facturation. Il n'assure que le circuit privé au détriment du circuit public. C'est pourquoi, la Médina et Plateau sont devenus les quartiers les plus sales de Dakar. En 2005, Ama-Sénégal était dans cette posture et l’Etat a résilié son contrat. Alors, qu'est-ce qui empêche les autorités de rompre avec Véolia ? D’autant plus que la Direction générale a complètement abandonné les travailleurs de telle sorte qu'ils ne savent plus à quelles autorités se confier. À cela s'ajoute le problème de la logistique. Véolia n'a plus assez de véhicules. Sur les 13 bennes à ordures qu’elle utilisait, il n'y a que 3 à 4 qui fonctionnent aujourd’hui. Et l'état des bacs à ordures est déplorable. Les populations se plaignent. Ces néocolonialistes doivent quitter le pays et notre syndicat se battra pour de meilleures conditions des travailleurs. S'il y a tant de manquements et que les autorités ne rompent pas d’avec cette société, c'est parce qu'il y a de hauts placés qui soutiennent Véolia.

Quels sont les problèmes que le secteur rencontre aujourd'hui ?
Les problèmes sont multiples. Dans un premier temps, il y a la stigmatisation. Parce qu'il y a une frange de la population qui ne nous aide pas dans notre travail. Nos travailleurs sont souvent victimes d'agression physique ou verbale. Parce qu'il y a une frange de la population qui n’a aucune considération par rapport aux techniciens de surface. Il y aussi le renouvellement du matériel qui pose problème. Malgré la bonne volonté de l'Entente Cadak-Car, la précarité des conditions persiste. Nous avons aussi remarqué une politisation du secteur du nettoiement. Tout récemment, il y a eu le communiqué du Conseil des ministres qui n'était pas en faveur des travailleurs. On a l'impression qu'il y a des autorités qui ne respectent pas les travailleurs du nettoiement.

Et par rapport au personnel qu’en est-il ?
Ce que le personnel souhaite, c’est qu'il n'y ait pas de dégâts collatéraux par rapport aux droits. Il y a un décret de transfert de compétence qui est dans le circuit et qui devra confier la gestion des déchets solides au ministère du Cadre de vie, en plus de confier la maîtrise d'ouvrage à l'Agence nationale de la propreté du Sénégal (Aprosen) ou à une nouvelle agence. Et les travailleurs sont inquiets et disent qu'ils ne se laisseront pas berner par des pratiques politiciennes orchestrées par des gens qui sont dans leurs bureaux climatisés. La manne financière injectée dans la gestion des ordures est de 10 milliards de francs. Et nous ne pouvons pas comprendre que sur cette somme, sur cette manne financière énorme, la masse salariale des travailleurs ne dépasse pas 1,5 milliard de francs. Ce qui fait que les travailleurs sont inquiets des dégâts collatéraux si jamais une nouvelle agence est créée. Parce qu’il y aura une mauvaise répartition du budget.

Quelles sont les solutions alors pour une bonne gestion du secteur ?
Il faut une gestion inclusive d’abord, après le départ de Véolia. C’est-à-dire, une association des travailleurs. Parce que pour des techniciens qui ont 15 ans d'expérience, l'expertise ne manque pas. L'appel d'offres et le cahier des charges doivent se faire le plus rapidement pour prendre des sociétés compétitives au niveau local. Nous voulons qu'il y ait une gestion sénégalaise et non étrangère du marché de 10 milliards des ordures ménagères. On a l'impression qu'il y a un certain complexe des autorités sénégalaises à l’égard des entreprises étrangères qui viennent au Sénégal, pourtant bien doté en expertise nationale, pour couler les sociétés nationales. Vous avez vu ce que cette option a fait dans le secteur du Btp. Et au plan logistique, pour de meilleures conditions de travail, il faut avoir des véhicules adéquats et prendre en compte les quartiers qu'on appelle des circuits de pré collecte en vue de servir les zones dont l'accès est difficile. Nous demandons l'implication des populations et des collectivités locales pour la réussite de notre mission, notamment au niveau des lieux publics, comme les marchés au lendemain des fêtes.


Awa DABO & Khady SARR
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