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« Pékin, la nouvelle boussole de Dakar ? », Par Cheikh Seck

Il est des voyages qui racontent bien plus qu’un agenda diplomatique : ils signalent une rupture, une réorientation stratégique, une ambition assumée. Le déplacement d’Ousmane Sonko en Chine, du 22 au 28 juin 2025, appartient à cette catégorie. En foulant le sol de Pékin, Hangzhou et Tianjin, le Premier ministre n’a pas seulement signé des protocoles d’accord : il a posé un acte fort de souveraineté diplomatique. Et ce geste mérite d’être lu avec toute l’intensité politique qu’il contient, en dehors de toute guérilla politicienne.


Rédigé par leral.net le Mardi 1 Juillet 2025 à 15:16 | | 0 commentaire(s)|

« Pékin, la nouvelle boussole de Dakar ? », Par Cheikh Seck
« Depuis trop longtemps, la diplomatie sénégalaise s’est enlisée dans une logique de dépendance feutrée, entre fidélités postcoloniales et soumissions silencieuses aux logiques des bailleurs occidentaux. Cette visite en Chine ne doit pas être vue comme un simple glissement vers l’Est, mais comme une déclaration d’indépendance stratégique. Sonko ne tourne pas le dos à l’Occident – il refuse simplement de continuer à lui faire face les mains liées.

Ce voyage incarne la volonté de bâtir un nouvel ordre, un nouvel équilibre : celui d’un Sénégal qui choisit ses partenaires selon ses besoins, non selon ses dettes. Un Sénégal qui parle à la Chine, mais aussi au Vietnam, à Singapour, à l’Afrique, aux BRICS et aux pays émergents. Un Sénégal qui pense 2025, mais pense 2050.

Il y a, dans cette tournée asiatique, une autre leçon plus subtile : celle d’une vision du développement fondée sur les capacités internes, les transferts technologiques, l’agro-industrie, l’énergie et l’éducation – autrement dit, les vrais leviers d’une transformation durable. Fini les aides conditionnées aux réformes imposées et à l’austérité. Place à la coopération horizontale, à la logique de co-investissement et à l’affirmation des intérêts nationaux.

Il faut le souligner : c’est la première grande sortie internationale d’Ousmane Sonko depuis son arrivée à la Primature. Et le choix de la Chine n’est pas neutre. C’est une réponse aux critiques, un signal aux partenaires, une main tendue aux pays du Sud – et un rappel à l’Occident : le Sénégal n’est plus une périphérie obéissante, encore moins une chasse gardée. Il est un État souverain qui entend désormais vibrer au rythme de ses propres intérêts.

Dans un monde où les lignes géopolitiques se redessinent à grande vitesse, il faut du courage pour sortir des sentiers battus. Il faut de la vision pour désobéir aux inerties diplomatiques. En se rendant en Chine, Ousmane Sonko n’a cherché ni à plaire ni à provoquer — il a agi. Stratégiquement. Souverainement. Et surtout, lucidement.

Car diriger, c’est aussi oser déplaire aux habitudes, bousculer les routines, sortir des zones de confort et assumer ses choix face à l’histoire. En engageant le Sénégal sur la voie d’une diplomatie plurielle, offensive et affranchie, Sonko assume un leadership de rupture : celui qui ne quémande pas, mais qui construit ; celui qui ne suit pas les puissances, mais qui redéfinit les rapports de force.

C’est là, peut-être, le véritable tournant de ce voyage : non pas dans les accords signés, les poignées de main ou les audiences accordées, mais dans le geste politique. Le courage de regarder ailleurs. L’audace de penser autrement. Et la promesse, pour toute l’Afrique, qu’un nouveau cap est possible — pourvu qu’on ait la boussole de la dignité et l’étoffe des bâtisseurs. »






Cheikh Seck
Conseiller en Stratégies – Montréal
cheikhseck313@gmail.com

Ousseynou Wade