MAIS QUI A ÉTEINT 7TV ET TFM ?

La disparition des deux chaînes de la TNT sénégalaise révèle un troublant jeu de cache-cache institutionnel où chaque autorité se défausse sur l'autre. Une initiative décidée dans l'ombre et appliquée sans le moindre respect des procédures légales

(SenePlus) - L'actualité nationale est secouée par la disparition soudaine des signaux des chaînes 7TV et TFM sur la TNT, une décision dont nul ne semble connaître l’auteur, comme l'explique un article de Jeune Afrique sous la plume de Medhi Ba ce vendredi 31 octobre. La mesure survient après l’interpellation des journalistes Mamouna Ndour Faye (7TV) et Babacar Fall (RFM) pour avoir donné la parole à Madiambal Diagne, réfugié en France et visé par une procédure judiciaire. Libérés sans charge, les deux journalistes ont vu leurs médias sanctionnés, alors même qu’aucune explication officielle n’a été avancée.

Du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) à la Télédiffusion du Sénégal (TDS), en passant par le ministère de la Communication, personne ne revendique la responsabilité de cette coupure inédite. « Les signaux de la 7TV et de la TFM ont été coupés, ceci ne respecte pas la réglementation en vigueur. C’est le CNRA qui aurait dû agir en ce sens, et non le ministre de la Communication qui donne une injonction à TDS », dénonce Mamouna Ndour Faye, directrice générale de 7TV, lors d’un rassemblement de soutien.

Le CNRA affirme à Jeune Afrique ne pas avoir été impliqué, la loi ne lui permettant pas une telle intervention sans suivre une procédure stricte et formalisée. Même en cas de situation exceptionnelle, toute décision doit être motivée par écrit et adressée à la presse concernée, ce qui n’a pas été le cas. Les responsables des chaînes comme Birane Ndour (TFM) confirment n’avoir reçu aucune notification.

Sollicité par Jeune Afrique, le Bureau d’information et de communication du gouvernement a renvoyé vers le ministre de la Communication, lequel est resté muet malgré l’insistance de Medhi Ba. Ni la directrice générale de TDS, Aminata Sarr, ni le président du CNRA, Mamadou Oumar Ndiaye, n’ont répondu aux questions du magazine. Une source gouvernementale citée par Reporters sans frontières évoque en « off » le secret de l’enquête, mais sans apporter la moindre preuve ni justification écrite.

« La décision administrative doit être écrite, motivée et notifiée au responsable de l’entreprise de presse concernée », rappelle Mehdi Ba. Or, dans cette affaire, tout le monde semble se renvoyer la responsabilité, laissant journalistes et citoyens dans le brouillard le plus total.