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MONTEE EN PUISSANCE DE LA REASSURANCE REGIONALE : La dépendance en transition


Rédigé par leral.net le Samedi 31 Mai 2025 à 09:25 | | 0 commentaire(s)|

La zone CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances) dépend encore pour une grande part des réassureurs internationaux. Cette situation serait en train d’évoluer progressivement vers plus d’autonomie, avec la part des risques transférés aux réassureurs internationaux qui tendrait à diminuer grâce à plusieurs dynamiques internes.
MONTEE EN PUISSANCE DE LA REASSURANCE REGIONALE : La dépendance en transition
Modèle réussi de coopération inter-étatique en matière de réassurance, la Compagnie Commune de Réassurance des États Membres de la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances (CICA-RE), créée en 1981, joue un rôle essentiel dans le financement de l'économie régionale, tout en faisant face à des défis d’adaptation, de performance et de rayonnement international.

Sa pertinence reste indéniable dans un contexte africain de plus en plus intégré et exposé aux risques globaux. Le rapport annuel 2023 de la Cima rend compte d’une croissance continue de la Compagnie :  un chiffre d'affaires de 117,5 milliards de FCFA, dépassant les prévisions budgétaires de 110 milliards FCFA ; une performance qui représente une augmentation de 10,97 % par rapport à l'année précédente et un résultat net qui s'établit à 10 milliards FCFA. Ces résultats témoignent de la solidité financière de la compagnie. Cette croissance est attribuée à l'augmentation des souscriptions aux traités Vie et Non-Vie, totalisant 16,7 milliards FCFA, et au développement des bureaux régionaux, notamment en Afrique centrale et en Afrique de l'Ouest.

Dans une dynamique d’expansion visant à renforcer la proximité avec les marchés locaux et à mieux répondre aux besoins spécifiques de chaque région, la CICA-RE continue d'étendre sa présence sur le continent africain et au-delà, avec des bureaux régionaux à Douala (Cameroun) pour l'Afrique Centrale, Abidjan (Côte d'Ivoire) pour l'Afrique de l'Ouest, Tunis (Tunisie) pour l’Afrique du Nord, Nairobi (Kenya) pour l’Afrique de l’Est. En mars 2024, l'agence de notation AM Best a confirmé la note de solidité financière de B+ (Bonne) et la note de crédit émetteur à long terme de “bbb-” (Bonne) pour la CICA-RE, avec une perspective stable. Cette évaluation reflète la solidité du bilan de la compagnie, sa performance opérationnelle adéquate et son profil d'entreprise neutre. Le maintien d’une bonne note de solvabilité est crucial pour continuer à inspirer confiance aux marchés et partenaires internationaux.

Mais bien qu’en croissance, CICA RE ne dispose pas encore de la capacité financière suffisante pour absorber seule les risques majeurs (catastrophes naturelles, aviation, pétrole/gaz, cyber).
 
Stratégiques, économiques, politiques

La pertinence et les enjeux d’une Compagnie comme la CICA-RE sont à la fois stratégiques, économiques et politiques pour les pays membres. Parmi les enjeux stratégiques, la réalité d’une performance financière durable visant à en assurer la rentabilité tout en remplissant un rôle d’appui au développement. Mais il y a surtout la nécessité d’une compétitivité certaine pour faire face aux grands réassureurs mondiaux, mais aussi la nécessité de renforcement des fonds propres pour absorber les chocs à travers les les couvertures de rétrocession.  

Or, la zone CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances), malgré la présence d’une compagnie régionale comme la CICA-RE, reste encore en partie dépendante des grands réassureurs internationaux. La capacité des réassureurs régionaux reste encore limitée et CICA-RE, bien qu’en croissance, ne dispose pas encore de la capacité financière suffisante pour absorber seule les risques majeurs (catastrophes naturelles, aviation, pétrole/gaz, cyber). Par conséquent, les assureurs de la zone doivent recourir à des réassureurs internationaux (Swiss Re, Munich Re, SCOR, Lloyd’s, etc.) pour les traités excédentaires. Du coup, sur les marchés obligataires, une grande partie des primes collectées par les assureurs de la CIMA est rétro-cédée à l'international, ce qui limite la rétention sur le continent. Par ailleurs, les montages de co-réassurance et de placement facultatif passent souvent par Londres, Paris, Zurich ou Singapour.

Comme conséquences de cette dépendance, la sortie de devises à travers les primes payées à l’étranger et qui réduit la capacité de financement local.
Il s’y ajoute que le recours à des chaînes longues de réassurance pour valider certains contrats allonge les délais et accroît les coûts, tandis que les assureurs locaux peuvent se retrouver exposés en cas de désengagement des grands réassureurs (comme pendant le COVID-19 ou dans les contextes de guerre ou de sanctions).

Cependant, il semble que la dépendance en question est sectorielle et serait plus forte sur les grands risques et plus faible sur les branches simples (auto, santé, incendie de base). Dans ce contexte, des compagnies comme CICA-RE, Africa Re, Zep Re et les pools spécialisés (comme ARC pour les risques climatiques), montent progressivement en capacité. Parallèlement, le régulateur (CIMA) tente d’encourager la réassurance locale avec des quotas minimums à céder à des réassureurs agréés sur le continent.
Malick NDAW



Source : https://www.lejecos.com/MONTEE-EN-PUISSANCE-DE-LA-...

La rédaction