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Macky Sall appelle à placer l’Afrique au cœur de l’économie mondiale

L’ancien président sénégalais Macky Sall invite les dirigeants mondiaux à changer de regard sur l’Afrique : non plus comme un continent à assister, mais comme un partenaire stratégique porteur d’un potentiel économique considérable.


Rédigé par leral.net le Mardi 7 Octobre 2025 à 03:29 | | 1 commentaire(s)|

Dans un entretien accordé au Washington Times à l’occasion de la sortie de son nouveau livre, « Africa: Leading from the Heart » (L’Afrique : diriger avec le cœur), M. Sall développe une vision ambitieuse et pragmatique du rôle que l’Afrique peut jouer dans l’économie mondiale.

« L’Afrique doit être vue comme une partie de la solution aux défis planétaires, pas comme un problème », affirme-t-il, mettant en avant ses ressources naturelles abondantes et sa population jeune et dynamique.

Avec 1,4 milliard d’habitants aujourd’hui et 2,5 milliards attendus d’ici 2050, l’Afrique représente l’un des plus grands marchés émergents du monde. M. Sall souligne également la proximité du continent avec les États-Unis, rappelant qu’un vol New York–Dakar dure à peine sept heures. Il plaide pour des partenariats “gagnant-gagnant” : l’Afrique apporterait ses ressources, et ses partenaires — notamment les États-Unis — offriraient le financement, la technologie et le savoir-faire nécessaires.

L’ancien chef d’État salue par ailleurs le rôle du président Donald Trump dans la résolution de certaines crises, notamment en République démocratique du Congo, tout en appelant Washington à approfondir son engagement économique sur le continent. Il estime que pour attirer durablement les investisseurs américains, il faut dépasser les logiques politiques et miser sur les opportunités de croissance mutuelle.

Mais l’accès au financement reste, selon lui, le principal frein au développement africain. Plus de 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité, et les besoins en infrastructures sont immenses.

M. Sall souligne également les différences entre les approches chinoise et américaine : Pékin investit via des entreprises d’État et mise sur le long terme, tandis que les entreprises américaines, plus dépendantes du capital privé, hésitent à s’engager dans de grands projets d’infrastructure.

Il dénonce aussi le “fondamentalisme climatique” des pays développés, qui refusent de financer des projets énergétiques utilisant des combustibles fossiles. Une attitude qu’il juge hypocrite : « Ces nations se sont industrialisées grâce à ces mêmes ressources il y a un siècle », rappelle-t-il.

Macky Sall plaide enfin pour une meilleure représentation de l’Afrique dans les instances financières internationales. Les 54 pays africains ne disposent aujourd’hui que de trois sièges au Fonds monétaire international, une situation qu’il juge intenable. Durant sa présidence de l’Union africaine, il a d’ailleurs œuvré avec succès pour que l’Afrique obtienne un siège permanent au G20.

« Si nous investissons correctement et nouons de vrais partenariats, l’Afrique peut créer des emplois, offrir des perspectives à sa jeunesse et réduire les pressions migratoires », conclut-il.

Ousseynou Wade