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Mamadou Oumar Ndiaye: Lettre ouverte à M. le Consul général de France dans la République arachidière du Sénégal

Rédigé par leral.net le Mardi 22 Octobre 2019 à 17:29 | | 0 commentaire(s)|

Ce week-end, sur les réseaux sociaux, un citoyen a fait quelque peu le buzz en se plaignant de la durée inhabituelle à ses yeux, apportée par le Consulat général de France au traitement de sa demande de renouvellement de visa. Plus d’un mois d’attente, s’exaspérait ce compatriote. Après avoir lu cela, je me demande ce que je dois faire, moi, qui ai déposé mon dossier de demande de visa depuis bientôt deux mois !


Mamadou Oumar Ndiaye: Lettre ouverte à M. le Consul général de France dans la République arachidière du Sénégal
Plus exactement, c’est le 27 août dernier que mon épouse et moi, après avoir patienté pendant plusieurs semaines pour décrocher un rendez-vous à la société VFS, prestataire choisi par les consulats de plusieurs pays de l’Union Européenne pour réceptionner les dossiers, avons déposé nos demandes de visas. Depuis lors, silence radio, pas une seule nouvelle en provenance du consulat général de France. J’ai même écrit une lettre de relance il y a une dizaine de jours adressée à M. le consul général (patron hiérarchique du chef du Service des visas) pour lui demander où en étaient nos dossiers.

Hélas, je n’ai pas reçu de réponse jusqu’au moment où ces lignes sont écrites. Sans doute M. le consul l’a-t-elle traitée par le mépris ! Toujours est-il que les lecteurs conviendront avec moi qu’un délai de traitement de presque deux mois pour une simple demande de visa, c’est quand même un peu trop. Surtout si une telle attente est infligée à quelqu’un qui, 30 ans durant, s’est vu renouveler automatiquement son visa d’entrée en France d’abord, dans l’espace Schengen ensuite. Et recevait son passeport estampillé souvent à 16h le jour même du dépôt de sa demande. Un dépôt qui s’effectuait généralement le matin à huit heures. Il m’est même arrivé de me voir délivrer séance tenante le précieux sésame après qu’on m’’ait fait patienter un quart d’heure ou une demi-heure dans un salon ! C’était le bon temps…

Aujourd’hui, non seulement on vous fait passer chez un sous-traitant auprès duquel l’obtention d’un rendez-vous relève de la croix et la bannière — pour ne pas dire du parcours du combattant — mais encore la remise de votre passeport éventuellement agrémentée d’un visa est renvoyée à la Saint- Glinglin ! Mais attention, toutes les occasions sont bonnes pour ce prestataire nommé VFS de vous retirer de l’argent. On va vous demander : « souhaitez-vous aller à l’espace VIP ou à l’espace pour le tout-venant ? » Vous répondez : VIP bien sûr ! Et l’on va vous dire : « dans ce cas, c’est plus cher ». Qu’à cela ne tienne, vous casquez. A l’intérieur de l’espace « VIP », on vous demandera si vous souhaitez vous faire livrer vos passeports au bureau ou à domicile ou si vous souhaitez venir les récupérer sur place. Si vous voulez qu’un coursier vous les porte, on vous demandera de passer encore à la caisse.

Tout cela en plus, bien sûr, des frais de visa proprement dits. Vous payez sans moufter en espérant qu’en contrepartie, votre dossier sera traité avec célérité comme vous êtes en droit de vous y attendre. C’est là que vous déchantez puisque, à partir de ce moment, plus d’interlocuteurs ! Très chère France et très chères entreprises françaises ! On nous dira certes que le visa, c’est une faveur guère un droit. Nos sommes d’accord mais, bon Dieu, une faveur soit on l’accorde, soit on la refuse et puis c’est terminé.

Dans tous les cas, on doit notifier la décision rendue au demandeur et, dans le cas d’un refus, lui rendre son passeport afin qu’éventuellement il puisse aller voir ailleurs si la France y est ! Pour ce qui me concerne, n’ayant pas eu l’honneur de recevoir une réponse du distingué consul général de France à ma missive d’interpellation du 07 octobre, j’ose espérer qu’à la lecture de cette lettre ouverte, il daignera réagir en nous faisant parvenir, à tous le moins, nos passeports qui font depuis bientôt deux mois l’objet d’une rétention que rien ne justifie. Nonobstant, bien sûr, l’oracle que ce distingué Monsieur aura rendu. Cela dit, et à la lumière des tracasseries vécues par les Sénégalais ayant déposé des dossiers de demandes de visas au niveau du consulat général de France à Dakar — par l’intermédiaire de la société VFS ! —, force est de constater que notre pays est bien mal payé en retour par Marianne.

Car enfin, ce pays ne peut pas rafler tous les grands marchés publics du Sénégal — TER, SENAC avec ses autoroutes les plus chères du monde (à la construction comme dans l’exploitation), Eiffage qui rafle les travaux d’entretien routier avec des surfacturations de 13 milliards de francs, le marchand d’eau Suez qui gagne tout en étant plus cher…on en passe et des meilleurs mais bon, on nous dira toujours que quand on aime Marianne on ne compte pas ! —, la France ne peut donc pas remporter tous les grands marchés publics du Sénégal et traiter par-dessus la jambe les dossiers de demande de visas des habitants de ce même pays. Lesquels sont en droit d’exiger — oups pardon, de quémander ! — des égards aux autorités consulaires françaises.

Qu’attend donc le ministre des Affaires étrangères pour interpeller le consul général de France à Dakar relativement au traitement irrespectueux, en tout cas désinvolte, réservé à nos compatriotes demandeurs de visas via VFS ? Ce serait bien le moins que M. Amadou Ba puisse faire… Mamadou Oumar NDIAYE PS : Pour rassurer Monsieur le Consul général, ce n’est pas à mon âge, 61 ans non retaillés, que je vais aller me faire « ModouModou » dans l’hexagone et bouffer le pain des Français tout en profitant de leur sécurité sociale ! Surtout que j’ai la chance de vivre dans un pays émergent…

Momadou Oumar Ndiaye, Le Témoin