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Massacre de Thiaroye 1944 : Des squelettes criblés de balles découverts, une avancée majeure dans la quête de vérité

Une étape décisive vient d’être franchie dans le processus de vérité sur le massacre de Thiaroye, perpétré le 1er décembre 1944, avec la découverte de squelettes humains portant des impacts de balles dans le cimetière militaire de Thiaroye, en périphérie de Dakar. Cette révélation capitale découle de fouilles archéologiques inédites, menées par une équipe sénégalaise depuis début mai 2025, rapporte "rts.sn".


Rédigé par leral.net le Lundi 9 Juin 2025 à 11:33 | | 0 commentaire(s)|

Ces travaux, pilotés dans le cadre d’une démarche officielle lancée par l’État du Sénégal, visent à établir les faits de manière rigoureuse, après des décennies de dénégation et de flou historique. Selon "rts.sn", citant une source proche du dossier, « des squelettes humains ont été découverts avec des balles logées dans le corps, notamment au niveau de la poitrine pour certains. Les balles sont de calibres différents. Pour l’instant, seule une petite portion du cimetière a été explorée ».

Ces découvertes confortent les conclusions avancées par de nombreux historiens africains et internationaux, qui contestent depuis longtemps la version officielle française évoquant 35 morts. Certains chercheurs estiment en effet que le nombre réel de victimes, pourrait avoisiner les 400 tirailleurs. Ces anciens soldats, principalement originaires d’Afrique de l’Ouest, avaient été démobilisés après avoir combattu pour la France durant la Seconde Guerre mondiale. Ils réclamaient le paiement de leurs soldes impayées.

Dans son édition du 5 juin 2025, "Le Monde" souligne que ces restes humains retrouvés avec des impacts de balles, constituent la première preuve matérielle accréditant la thèse d’une exécution massive des tirailleurs à Thiaroye. Le journal rappelle toutefois que certaines archives françaises, jugées cruciales, restent encore inaccessibles.

Face à ce déficit d’informations, le Sénégal a pris l’initiative d’organiser ces fouilles pour « la manifestation de toute la vérité », rappelle le site "rts.sn". Officiellement lancées le 19 février dernier, elles s’inscrivent dans un dispositif plus large, comprenant notamment la mise en place, en avril, d’un comité d’experts sénégalais chargé de produire un rapport détaillé. Celui-ci, prévu pour début avril, n’a pas encore été rendu public.

Même si la reconnaissance officielle du massacre par la France, intervenue le 30 novembre 2024, a marqué un tournant, elle demeure jugée insuffisante par les familles des victimes et les défenseurs de la mémoire historique africaine.

Au-delà du symbole, ces fouilles participent à un combat plus vaste : celui de la souveraineté mémorielle, de la préservation de la dignité des victimes et de la réconciliation avec un passé colonial longtemps occulté.