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Me Augustin Senghor (Président de la Fsf) : ‘La présence au Mondial du Sénégal et de l’Egypte aurait beaucoup apporté à l’Afrique’

En tant que membre des commissions juridiques de la Caf et de la Fifa, le président de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), Me Augustin Senghor, était en Afrique du Sud. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, il se dit fier de voir ce pays relever le défi de l’organisation. Mais, sur le plan sportif, il regrette l’absence à cette Coupe du monde de nations comme le Sénégal et l’Egypte qui pouvaient beaucoup apporter à l’Afrique. Entretien


Rédigé par leral.net le Jeudi 24 Juin 2010 à 21:07 | | 0 commentaire(s)|

Me Augustin Senghor (Président de la Fsf) : ‘La présence au Mondial du Sénégal et de l’Egypte aurait beaucoup apporté à l’Afrique’
Wal Fadjri : Vous revenez de l’Afrique du Sud où se déroule la 19e édition du Mondial. Comment avez-vous vécu ce début ?
Me Augustin Senghor : Avec beaucoup d’enthousiasme et de satisfaction. L’organisation de cette 19e édition de la Coupe du monde en Afrique est un tournant historique. Parce que, depuis sa création en 1930, c’est la première fois qu’un pays du continent africain abrite cette compétition. L’Afrique qui est la plus grande pourvoyeuse d’équipes à la Fifa, n’avait jamais eu la chance d’organiser cette compétition majeure. C’est ce qui me fait dire que cette 19e édition est un tournant historique pour notre continent. Mais, aussi une marque de progrès, aussi bien sur le plan sportif que sur le plan organisationnel et économique. Parce que, voir un pays d’Afrique être en mesure de remplir les conditions du cahier des charges d’un si grand événement, est un réel motif de satisfaction. Au début, tout un scepticisme avait entouré cette candidature d’un pays africain. L’octroi de l’organisation à l’Afrique du Sud n’avait pas fait des heureux. Des voix s’étaient élevées pour s’opposer à ce choix. A l’arrivée, au-delà des Sud Africains, ce sont tous les Africains qui doivent se sentir fier d’avoir relevé un défi, celui de l’organisation.

Wal Fadjri : Mais la représentation ne suit pas. Ainsi, sur ses six représentants, le continent africain risque de n’en avoir qu’un seul en 8e de finale. N’est-ce pas décevant ?

Me Augustin Senghor : Ces mauvais résultats des pays africains en match de poule sont une grosse déception pour tout le monde. On aurait bien aimé avoir trois à quatre nations africaines au second tour. Mais, la réalité du terrain a donné ce que tout le monde est en train de constater. C’est regrettable. Mais, malgré cette mauvaise prestation, l’Afrique va faire un bond qualitatif, à l’issue de ce Mondial. Il y a notamment toutes les retombées positives qu’on est en droit d’attendre avec la réussite de cette organisation. Au-delà des infrastructures d’une qualité exceptionnelle, sur le plan de la médiatisation, de l’accroissement des moyens, l’Afrique du Sud sera désormais en pointe. Et les autres pays africains pourraient en profiter. C’est ce qui me fait dire que, quels que soient les résultats des équipes africaines, c’est l’Afrique qui va gagner. Parce qu’à la fin de cette compétition, c’est un regard nouveau qui sera désormais posé sur l’image de ce continent.

Wal Fadjri : Vous avez vécu le début de ce mondial sans votre pays, le Sénégal. Quel est le sentiment qui vous a animé en voyant les délégations des trente-deux nations défiler à la cérémonie d’ouverture ?

Me Augustin Senghor : J’étais triste et déçu. Mais cette déception ne date pas d’aujourd’hui. Elle date de 2008, quand on avait raté le premier tour des éliminatoires de la Can et de la Coupe du monde. Avec cette élimination prématurée, on savait à quoi s’en tenir bien avant d’aller à ce mondial. Mais, malgré tout, à la cérémonie d’ouverture, c’est un sentiment de regret qui nous a envahi. Surtout que c’est la première fois que l’Afrique abrite le Mondial. Avec le potentiel de joueurs dont elle regorge, notre équipe nationale avait sa place à ce Mondial. En suivant la prestation de certaines équipes africaines, notamment l’Algérie qui a contribué à notre élimination, nous avons forcément des pincements au cœur. Le football que ces équipes développent, n’est pas meilleur que le nôtre.

Après le Sénégal, il faut aussi regretter l’absence de l’Egypte à ce Mondial. La présence de ces deux pays aurait beaucoup apporté à l’Afrique à cette coupe du monde.

Wal Fadjri : En tant que président de la Fédération sénégalaise de football, quelle politique comptez-vous mener pour que le Sénégal ne rate plus les grandes compétitions internationales ?

Me Augustin Senghor : Je compte mener, avec le soutien de mes pairs, une bonne politique de formation à la base. Désormais, on veut éviter de passer par des raccourcis pour se qualifier en compétition africaine ou internationale.

Wal Fadjri : C’est-à-dire ?

Me Augustin Senghor : Rompre avec des raccourcis, c’est mettre fin à la génération spontanée. Et je pense que le Sénégal a commencé à tirer les leçons de ses échecs répétés. Il nous faudra un socle organisationnel pour constituer de fortes équipes nationales du Sénégal dans toutes les catégories. Nous allons accentuer le travail de formation à la base pour que le renouvellement des générations puisse se faire sans aucune rupture. Nous voulons rompre avec les générations spontanées. Il nous faudra alors mettre plus de rigueur et de sérieux dans notre organisation pour réussir ce pari. Nous avons justement décidé de travailler dans un moyen et à long terme pour retrouver notre place dans le concert des grandes nations du football africain. Il y a une nécessité d’être présent dans toutes les compétitions africaines. Si on veut progresser rapidement, il faut qu’on cherche à confronter nos équipes nationales aux meilleures du continent. Et, les meilleures équipes du continent se retrouvent toujours en compétitions internationales.

Par conséquent, notre objectif principal, c’est de chercher à faire qualifier toutes nos équipes nationales, de toutes les catégories confondues, en compétitions africaines. Et, avec la qualification de notre équipe nationale locale au Chan, des juniors et des cadets au deuxième tour des éliminatoires de la coupe d’Afrique des catégories respectives, on est dans une bonne lancée. Le fait d’avoir fait passer toutes nos équipes nationales au premier tour, nous donne un bon viatique. Mais, nous n’allons pas dormir sur nos lauriers. Le plus difficile est à venir. Notre équipe nationale A va engager les éliminatoires de la Can 2012, en septembre prochain. Il nous faudra maintenir cette même dynamique pour aller de l’avant. La seule fausse note est relative à l’élimination de notre équipe nationale féminine au deuxième tour des éliminatoires par le Ghana.

Wal Fadjri : Peut-on s’attendre à ce que le Sénégal s’engage à organiser une compétition internationale sous votre magistère ?

Me Augustin Senghor : Il ne faut pas se voiler la face. Le cahier des charges pour l’organisation d’une compétition internationale est très exigeant. Et, si on se réfère à l’état actuel de notre football et de nos infrastructures, il faut oser dire que le Sénégal ne peut pas prétendre organiser, dans le court et le moyen terme, une compétition internationale de la nature d’une coupe d’Afrique. Il reste beaucoup de choses à faire sur ce plan. Par contre, on peut avoir une ambition mesurée d’organiser, dans les trois ou quatre ans à venir, une compétition africaine de petite catégorie. Avec une certaine volonté politique, on peut bien organiser une coupe d’Afrique des nations des cadets ou des juniors. On peut même prétendre à l’organisation d’un Chan, chez nous. Ceci nous permettra de relever le plateau de nos infrastructures sportives. Mais, tout dépendra de la volonté politique.

Wal Fadjri : Pour parler maintenant du football local, nous avons eu échos que des innovations sont en vue dans l’organisation de la coupe du Sénégal. Qu’en est-il ?

Me Augustin Senghor : La coupe du Sénégal est dotée du trophée du chef de l’Etat. C’est une compétition que jouent toutes les équipes de toutes les divisions confondues. Nous voulons ainsi faire de cette coupe du Sénégal la plus grande fête du football de notre pays. Nous allons ainsi chercher à mettre en place, à partir des quarts de finale, tout un arsenal de mesures pour réussir ce challenge qui consiste à faire de la coupe du Sénégal le bouquet final de la saison. Avec notre sponsor, nous allons chercher à motiver les équipes dès les quarts de finale pour que la fête soit belle.

Wal Fadjri : Pour revenir au Mondial, sur quel pays pronostiquez-vous pour le titre ?

Me Augustin Senghor : On ne peut pas ne pas penser au Brésil qui est un naturel favori de toutes les coupes du monde. Ce pays est un vainqueur potentiel et naturel de cette coupe du monde. L’histoire de la coupe du monde se confond un peu avec celle du football brésilien. Mais, il faudra quand même prêter une grande attention à des équipes comme l’Argentine et l’Italie.

Propos recueillis par Mamanding Nicolas SONKO
Source Walfadjri

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