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Jeudi 12 Octobre 2017

Nuisettes, “bine-bines” et petits pagnes, “Tay mou nékh” ! (Du plaisir, ça promet !)




Qu’elle soit dans un foyer monogame ou polygame, la femme sénégalaise ne lésine pas sur les moyens pour alimenter sa vie de couple et surtout sa vie intime pour le bonheur de son homme. Lors d’une visite au marché des HLM, de visu, nous avons remarqué la notoriété de certains artifices prisés par les femmes et même les hommes pour égayer leur vie intime. On vous y conduit dans ce domaine réservé aux initiés ‘’marié (es)’’.

11 h 35 minutes, à peine nos pieds foulent le sol du marché situé dans le quartier HLM que les rayons de soleil, nous rappellent que l’hiver n’est pas pour maintenant. A cette heure de la journée, le marché regorge de monde. Entre les vendeurs ambulants et les clients, on se fraie difficilement un passage. On esquive par-là, et par moment on se rabat sur le côté pour laisser passer les véhicules qui parfois klaxonnent et parfois non. Entre le soleil et les mégaphones perçants des commerçants, les nerfs sont mis à rude épreuve. Si vous souffrez de maux de tête, rebroussez chemin !

Assise dans son box d’environ 1 mètre 50, une dame est en train de confectionner les bine-bines (perles que les femmes portent pour orner leur tour de taille). La propriétaire des lieux, Aïcha (nom d’emprunt) a bien voulu se prêter à nos interrogations. « Mes clients sont de tout genre. Les femmes et les hommes achètent des nuisettes, des pagnes et des bine-bines. A la question de savoir si, elle en utilisait la réponse semble évidente « oui, j’en porte, en plus mon mari préfère les nuisettes ».

Nuisettes (Fleur de mon cœur)

A trois boxes de là, Dado SOW, 10 ans dans la vente d’artifices, nous informe que ses produits proviennent de Thiès. Dado, contrairement à l’autre dame, ses clients viennent d’horizons divers. « J’ai des clients de plusieurs pays. Les ivoiriennes et les françaises en raffolent. Ici au Sénégal, même les hommes achètent pour leurs femmes. Ils ont d’ailleurs une préférence pour les bines-bines. Ces artifices permettent de séduire et de donner du plaisir à son homme. Les femmes qui se disent “jongués” (art de séduire chez la femme sénégalaise) doivent s’en servir pour le bonheur de leur mari ».

Comme ses concurrentes, Maty Ndiaye Dieng a plusieurs variétés d’artifices dans son box. Cela fait plus de 20 ans qu’elle gagne sa vie grâce aux bénéfices de ses ventes. Interrogée sur l’origine de ses produits, elle nous renseigne que cela vient de son groupe d’appartenance. « Cette façon de faire vient de notre ethnie. Nous sommes des griots. Mes clients ont une préférence pour les nuisettes, car disent-ils c’est plus à la mode contrairement aux pagnes qui sont révolus ». A explicité Maty Dieng.

Selon elle, ces nuisettes sont une sorte de message. « Lorsque mes cousines ou petites sœurs se marient, je leur en offre. Car une femme qui n’en porte pas, son mari pourrait être insatisfait dans le ménage. En plus, ces nuisettes et autres sont un message que la femme transmet à son homme » a tenu à informer Maty l’air grave.

Nuisette (Tass saa seveux)

Les prix de ces nuisettes, bine-bines et pagnes varient en fonction de la qualité. Des prix qui ne semblent pas déranger les clients. Enceinte de près de 8 mois, une cliente qui n’a pas souhaité se présenter vient s’approvisionner. « C’est pour faire la surprise à mon mari. Il en raffole ! Mes choix diffèrent à tout moment. C’est tout naturel que je le fais ».

Maty Fall approchant la trentaine est mariée depuis 2012. Qu’est-ce qui explique sa présence au marché aujourd’hui ? « Je suis venue au marché pour ça même »lance Maty lorsque nous l’avons abordée par rapport à la question des artifices intimes. Pour elle, renouveler sa garde-robe implique aussi les tenues intimes. « Je suis venue renouveler ma garde-robe intime. Mon mari adore ça, car ça met du piment au couple ».

A propos des maris qui adorent ou qui en raffolent, Babacar Sall ne dira pas le contraire. Trouvé assis à l’ombre d’un box, l’air pensif, ce sont nos voix qui ont ramenées l’homme marié à deux femmes à la réalité. Décontracté et très ouvert d’esprit, Babacar ne passe pas par quatre chemins pour déclarer « C’est saf, c’est nekh, c’est saf-saf (C’est bon ! excellemment bon ! Ces pagnes apportent la paix, beaucoup de paix d’ailleurs. Je préfère les nuisettes car c’est plus sexy ».Questionné sur la fréquence avec à laquelle il souhaitait voir ces femmes arborer ces pagnes, il répond « deux fois dans la semaine c’est raisonnable, mais au-delà, c’est “la mort” ».

13h 05 minutes alors que le soleil se fait de plus en plus ressentir au niveau des visages des visiteurs du marché. Certains se hâtent espérant y échapper, pour d’autres mieux vaut se rendre à l’évidence et pourquoi pas défier monsieur soleil ? C’est surement cette option qu’un groupe de quatre garçons âgés entre 19 et 25 a choisi. Malgré ce soleil, ils se taquinent, se poussent et au passage s’adossent sur les autres pour laisser exprimer un rire fou. Entre eux, trois sont déjà mariés et le quatrième est un étudiant. Papa Wilane, marié dans un ton sérieux avance « c’est saf-saf, c’est très bon. Si ma femme n’aimait pas en porter, j’irai en acheter pour elle », a déclaré le jeune homme que nous avons quitté dans son état sérieux.

Lots de bine-bines

Toutefois, il y en a des filles mariées qui ne sont pas amatrices de ces tours de séduction. Nous avons pu dénicher une qui a souhaité se prononcer sous le couvert de l’anonymat. Nous l’appellerons Fatou.K. Pour cette dernière, la séduction doit être manifeste aussi bien chez la femme que chez l’homme. « J’en porte pour mon mari, j’ai une préférence pour les nuisettes car je me trouve belle dedans. A mon avis, l’homme aussi doit séduire sa femme pour plus de complicité entre les deux ». A renseigné la dame avant de reprendre le trajet pour son domicile.

Treize heures et vingt minutes nous prenons congé du marché HLM pour d’autres destinations. Le soleil et les gens que nous avons approchés ont laissé entendre que ni le temps, ni le coût de la vie encore moins le rang social ne pourront négativement impacter sur ces artifices intimes. Car, les jeunes filles non-mariées ne rêvent que d’une chose : s’en servir une fois mariée pour faire atteindre le “Nirvana”  à leur homme.

Source teranganews