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Dimanche 30 Juin 2019

Perte de gros marchés de la SAR: Le déclin de l’empire Itoc


Une véritable alternance s’opère dans le secteur de l’énergie au Sénégal depuis l’entrée dans le capital de la SAR, de la société Locafrique. Par son entreprise ITOC, Baba Diao s’était toujours positionné comme un homme incontournable pendant plus de 40 ans. Et avec ADDAX, l’autre société de son fils, il a essayé de s’imposer mais face à l’entreprise du jeune Khadim Bâ, Baba Diao est en train de filer tout droit vers un déclin vu les capacités financières de son concurrent et l’entrée en matière de l’entreprise Der Mond Oil and Gaz. Itoc qui avait fait de la SAR sa vache laitière, perd petit à petit tous ses avantages, son influence et une grande part des marchés dans le secteur de l’énergie. Les appels d’offres lancés récemment, ne lui ont pas été favorables.



Il semble que le duo Itoc/Addax n’a plus les capacités financières de satisfaire les besoins en énergie du Sénégal. Alors que ce secteur stratégie ne devrait guère connaître des tensions qui pourraient impacter sur la sécurité du pays. Or, pendant plusieurs années, Abdoulaye Diao dit Baba Diao Itoc régnait en maitre dans le secteur.
Depuis Léopold Sédar Senghor en passant par Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et même sous Macky Sall, Baba Diao a toujours contrôlé sans partage le secteur d’approvisionnement en brut et en gaz de la SAR. Il bénéficiait du soutien de tous les Chef d’Etats qui se sont succédé à la tête du pays. Les Chefs d’Etat, les conseillers du président, les Ministres de l’Energie, les Directeurs de la SAR, tous se courbaient sous ses pieds. On se demande si Baba Diao Itoc n’est pas l’homme d’affaires qui avait reçu Thierno Alassane Sall en présence de Farba Ngom qui avait fait la révélation sur la «Tfm » ?

Il était tellement puissant, qu’il pouvait facilement renverser n’importe quel régime politique au Sénégal. Parce que dans un pays, qui contrôle l’énergie détient entre ses mains la stabilité du pays. On se rappelle les émeutes du pétrole du 27 Juin 2011 lorsque Robert Bourgui révélait que Karim Wade avait sollicité l’intervention de l’armée française. Ce jour, Baba Diao qui avait des relations heurtées avec le fils de Me Wade était le seul à pouvoir sauver le régime libéral. Il avait des bateaux en mer qui attendait d’être payés pour décharger et remettre les choses en place. L’ancien premier Ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, aux moments de la crise, s’était agenouillé sous les pieds de Diao pour que ce dernier règle la situation. Le patron de Itoc puise ses pouvoirs, dans leur contrôle qu’il a du secteur de l’énergie. Mais depuis un certain temps, le groupe de Baba Diao traverse une crise profonde dont les conséquences pourraient être fatales sur la stabilité du Sénégal si les autorités continuaient à lui décerner l’exclusivité des marchés du brut et du gaz. Mais avec l’arrivée du nouveau Directeur général Monsieur Serigne Mboup, les choses ont totalement changé dans la gestion de la SAR. La transparence est érigée en mode de gouvernance. En tout cas c’est la remarque faite par l’ensemble des actionnaires.

Les tarifs de Itoc sa et addax trop chers pour le contribuable sénégalais
D’ailleurs, pour rappel, c’est faute de consensus que top le management de la SAR avait décidé de lancer un Appel d'offres international. C’est à la suite de cela que Der Mond oil a gagné avec un différentiel de 1.95 usd/ barrel contre 5,15 sur l'ancien contrat (Addax/Itoc). Le monopole venait d’être brisé. La SAR venait de faire une économie de 3,2 Usd/barrel x 950.000 barrel per cargo soit Usd 3.040.000 per cargo x 3 cargo soit 4 milliards 560 millions de FCFA. Les coûts appliqués à la SAR par Itoc étaient trop élevés par rapport à ceux de Der Mond plus avantageux.

Et leur refus de consensus a été profitable pour la SAR qui a beaucoup gagné dans cet appel d’offres dont les chiffres parlent d’eux-mêmes. Voilà les propositions : l’entreprise Iroko 90 jours 1,65 dollars, 120 jrs 1,70 dollars, 150jrs 1,75 dollars, la société Itoc 90jrs 1,95 dollars, 120jrs, 2.150 dollars 2,50, la société Sahara 90 jrs 3,74 dollars 120 jrs 3,88 dollars 150 jrs 4,03 dollars avec un open crédit 150 jrs à 8 million et le reste en L/C, l’entreprise Vitol 150 jrs 4,35 dollars, le groupe Der Mond 150 jrs 1,95 dollars avec un open crédit 150jrs, 1,95 dollars avec charge pour l'acheteur. Il a été signalé qu’Abdoulaye Diao avait présenté deux sociétés : Iroko et Itoc, en violation des textes. Cet appel d’offres a permis à la SAR d’économiser plus de 4 milliards en dehors des pénalités qui pourraient être effacées dans le nouveau contrat. Ces pénalités ont jadis coûté à la SAR plus de 20 milliards de franc CFA.
Dans une note confidentielle de la SAR adressée au Ministre de l’Energie en 2018, peut lire : «Malheureusement, à partir de 2014, le différentiel contractuel n’a pas été mis à jour dans la structure des prix malgré le fait que le Décret 2014-1562 du 3 décembre 2014 fixant les modalités de détermination des prix des hydrocarbures raffinés prévoit à son article 8 l’application dans la structure des prix du différentiel contractuel issu de l’appel d'offres lancé dans le cadre d'un mandat d'importation de gaz butane». En plus, dans la même note, il est écrit que «depuis lors, une lettre du Ministère de l’Energie fixait ce différentiel à 105US$/Tonne au lieu de 115US$/Tonne contractuel, faute d’appel d’offres. En conséquence, outre le blocage appliqué sur les prix, un déficit structurel de 10US$/Tonne est directement supporté par la SAR, affectant conséquemment son équilibre financier.
Pour rappel, le Conseil d’Administration de la SAR a encore décidé lors de sa dernière réunion que la SAR reste dans l'activité butane, à condition que celle-ci soit neutre pour sa trésorerie. Mais naturellement, le caractère hautement stratégique de ce service public a prévalu et le Conseil a décidé que le dernier contrat de 440.000 tonnes de 2017 exécuté à 34% au 12 juin 2019 soit maintenu jusqu’à son terme moyennant certains aménagements.
L’entreprise de Baba Diao n’a pas pu résister face aux importantes mutations dans le secteur de l’énergie, qui ont fait émerger des séniors ambitieux. Lorsque la nouvelle direction de la SAR a sorti l’entreprise des griffes de Baba avec ses coûts élevés du prix de cession du gaz, Itoc a dû faire face à des dettes dues par exemple au Port de Dakar accentuées par son étouffement financier, ce qui a fait échouer toutes ses manœuvres contre ses concurrents dans le secteur.
Un rapport de la Cour des comptes de la SAR dit : «selon les procédures en vigueur, tout achat de produit pétrolier doit faire l’objet d’une procédure d’appel d’offres. Sous l’exercice 2018, nous avons relevé que les approvisionnements en produits pétroliers (pétrole et bru), ont été effectués auprès de deux fournisseurs seulement, sans procédure d’appel d’offres avec au total 10 cargaisons pour un montant global de FCFA 354.092 millions qui s’analyse comme suit : fournisseurs Addax : 267.886 Fcfa pour un nombre de 08 cargos, Sahara 86.206 Fcfa pour un nombre de 02 cargos». Ainsi, les auditeurs recommandent : «le respect strict de la procédure d’appel d’offres pour une meilleure optimisation des approvisionnements en pétrole et brut. Par ailleurs, tel que préconisé dans le procès-verbal des délibérations du Conseil d’Administration en date du 17 Avril 2018, de telles décisions devraient soumises à l’avis préalable du Conseil d’Administration ». Depuis toujours, cette absence d’appel d’offres dans la passation des marchés a uniquement profité à Addax/Itoc.
Dans le contrat N°AP23/SD/C4C/03/01/17, signé par Abdoulaye Diao pour le compte de Itoc et Oumar Diop représentant la SAR, du 03 Janvier 2017 entre la SAR et Itoc SA, pour l’achat et la vente de butane commercial, a été relevé des manquements graves et des termes désavantageux pour l’Etat du Sénégal et le contribuable. D’ailleurs, c’est à la suite de cela que le Directeur général a été relevé de ses fonctions. Il s’agit d’un contrat avec un surplus de 30 dollars sur chaque tonne. Et pourtant, il est arrivé à Itoc de ne pas livrer, à chaque fois que son fournisseur refuse de décharger le bateau à cause des arriérés. A chaque fois que le pays se heurte à cette situation, ce sont les distributeurs de gaz qui comblent le gap. Alors, le gouvernement avec certains retards de livraisons, a octroyé aux distributeurs la possibilité d'importer directement 50 % des besoins du pays (environ 140.000 tonnes/an). Cela permet d’éviter des pénuries de gaz qui pourraient avoir des conséquences sociales dans le pays. Itoc a toujours eu ce marché signé dans des conditions nébuleuses sur une quantité de 440.000 tonnes de butane. Rien ne s’oppose à la résiliation de ce contrat devenu caduque pour non-respect de la part de Itoc de certaines conditions, ce qui aurait poussé le gouvernement a lui retiré 50%. La SAR serait donc dans ses droits s’il lui arrivait de dénoncer ledit contrat.

Ces mails qui prouvent les arriérés de paiement d’Itoc Shipping au Port de Dakar
Dans nos investigations, nous avons obtenu des mails dont certains datent du 13 Avril 2019 entre la SAR à Itoc. «Faisant suite à votre nomination pour le déchargement du navire de brut PEGASUS 8, nous avons été informés par le Port du blocage d’Itoc Shipping. Nous voudrions attirer votre attention sur une préoccupation qui commence à perdurer et qui nécessite une solution rapide et définitive pour éviter les perturbations sur l’approvisionnement régulier du pays» écrit un responsable de la SAR. Il a rappelé dans son mail que «la SAR a dû intervenir plusieurs fois auprès des autorités portuaires pour débloquer ponctuellement la situation sur le butane. Aujourd’hui encore, à la demande de la SAR, les autorités portuaires que nous remercions encore une fois pour leur sens des responsabilités et leur diligence ont exceptionnellement levé la mesure de blocage pour faire amarrer le tanker de brut».
Irritées par ses manquements notés au niveau de Itoc SA, les autorités du Port de Dakar «ont aussi annoncé que plus aucune dérogation ne sera accordée si rien n’est fait par Itoc Shipping pour débloquer cette situation ». Ainsi, la SAR a invité la direction de Itoc à prendre des mesures pour «le dénouement définitif de ce problème ». Il faut préciser que Itoc Shipping est une filiale de Itoc SA de Baba Diao.

Le 14 avril 2019, un autre mail tombé cette fois-ci envoyé par ITOC et adressé à la SAR. L’objet est : «Blocages Itoc Shipping au Port». On peut lire : «Nous accusons bonne réception de votre message en date du 13 avril 2019. Nous ferons plusieurs observations : 1- la relation commerciale qui existe entre le Port Autonome de Dakar et Itoc Shipping est une relation privée : elle doit continuer à être gérée sur une base strictement privée. Elle ne concerne pas les parties mises en copie dans votre message ». En outre, l’auteur du mail précise que «Itoc Shipping intervient dans les activités portuaires comme agent de consignation depuis 1986 et elle a toujours joué son rôle par rapport aux acteurs du secteur». Il ajoute que «la SAR est intervenue auprès du PAD pour débloquer une situation qui est le résultat d’un concours de circonstances comme vous le savez; cette intervention de la SAR qui est ponctuelle a permis de trouver une solution; le déchargement du navire ne sera pas retardé outre mesure». Et dans le quatrième point, il souligne que «Itoc Shipping mettra en œuvre les solutions idoines en relation avec ses partenaires pour éviter de tels blocages ».

Ensuite, le 15 avril 2019, un autre mail tombe. Il est adressé par le PAD à la SAR et à ITOC. Il a le même objet. «Je me permets d'intervenir suite à votre message et en ma qualité de Directrice du Recouvrement et du suivi des prestations du PAD. Il est vrai que la relation entre le PAD et Itoc comme dans toute relation de partenariat est privée. Nous n'en disconvenons pas. Mais quand, pour des raisons de sûreté nationale la SAR intervient auprès du port, et cela pas une fois mais plusieurs fois, je ne crains que la question du privée n'ait plus sa raison d'être», indique Mme Astou Touré. La dame ajoute : «Nous souffrons continuellement de défaut de paiement de votre structure qui impacte négativement toute la chaine de partenaire mais aussi celle d'approvisionnement de la SAR. Là est toute la question M. Diop. Nous ne pouvons plus nier l'évidence et à mon avis, une rencontre entre la SAR, le PAD et ITOC s'impose afin de trouver une solution pérenne et définitive à ce problème récurrent. J'en informe de suite la direction générale du PAD».
Heureusement que le Port de Dakar a compris les enjeux et les risques sur la stabilité du pays. Mais ces manquements de Itoc pourraient un jour entraîner dans des situations d’insécurité aux conséquences insoupçonnées. Il faut alors tirer les leçons de l’incapacité financière de Baba Diao à pouvoir assumer ses charges.

Michel DIOUF


HYDROCARBURES
Petit à petit, la SAR retrouve sa santé financière




Dans sa dernière livraison, le journal «Jeune Afrique», sous la plume d’Amadou Woury Diallo, a publié un article qui a révélé beaucoup de chose au niveau de la SAR. Khadim Ba, patron du spécialiste du crédit-bail qui a fait son entrée dans le capital de la Société africaine de raffinage (SAR) en 2017, a bousculé toute la hiérarchie. Baba Diao et ses répondeurs n’ont pas apprécié la percée de Khadim Ba. La preuve, ils ont perdu leur sérénité lorsqu’ils ont vu le reportage réalisé par «Jeune Afrique » sur «Locafrique».
De l’avis du journal de Bachir Ben Yahmed, «Khadim Bâ est sur le point de remporter son pari après plus d’un an de suspens. À la fin de juin, l’homme d’affaires devrait contrôler 51% du tour de table (moyennant 70 millions d’euros) de la très stratégique Société africaine de raffinage (SAR). Le montant a déjà été mobilisé, selon le jeune patron qui a d’ailleurs récemment rencontré Mouhamadou Makhtar Cissé, le nouveau ministre du Pétrole et de l’Énergie pour les derniers réglages du deal ».
Revenant sur son cursus, «Ja » écrit : «Diplômé de HEC Montréal en management des hydrocarbures, Khadim Bâ s’est fait connaître en redynamisant la société Locafrique spécialisée dans le crédit-bail agricole ». C’est en 2013 que «l’établissement financier qui a obtenu son agrément en 1974 a noué un partenariat sur dix ans avec l’initiative Feed the Future de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), afin de mobiliser près de 12 milliards de F CFA (plus de 18 millions d’euros) d’investissements au profit de producteurs principalement dans la vallée du fleuve Sénégal » note «JA ». Et, depuis 2015, «il participe également à hauteur de 20 milliards de F CFA au financement des campagnes d’achat de graines de la Sonacos » lit-on dans le journal.
Ainsi, «en août 2017, Khadim Bâ est entré dans le capital du plus ancien raffineur d’Afrique de l’Ouest, créé en 1963, en rachetant 34 % du capital au groupe saoudien Binladen Group, via sa filiale Petroleum, Chemicals & Mining Company (PCMC). Le reste de l’actionnariat est partagé entre Petrosen, Total Sénégal et le nigérian Sara Group. À l’en croire, tout s’est passé par le plus grand des hasards ». Il explique que c’est en 2017, «alors que nous finalisions le financement de la campagne arachidière, j’ai appris que 34 % de la SAR étaient à vendre avec une option sur les 17 % détenus par Petrosen (bras armé de l’État dans le secteur pétrolier). Je n’ai pas hésité une seconde».
Le journal rappelle que «des investissements estimés à 400 milliards de F CFA Son entrée au tour de table de la raffinerie implantée à Mbao, à 15 kilomètres au sud de Dakar, ne s’est toutefois pas faite sans heurt ». C’est ainsi qu’il s’est attaqué «aux problèmes de gouvernance et dénonce un contrat de 400 milliards de F CFA, signé sans appel d’offres, en août 2017, avec Oryx Energies, par Oumar Diop, l’ancien directeur général de la SAR, limogé depuis ». Il a été signalé que toutes les tensions de trésorerie que connait la SAR, sont causées par les anciens contrats signés et au blocage des prix des produits pétroliers par les autorités pour des raisons sociales.
Malgré, la SAR est en train de dérouler une stratégie pour engager une nouvelle phase. Aujourd’hui, la décision du Gouvernement de subventionner les produits pétroliers ont provoqué une dette estimée à 102 milliards de F CFA due à la SARR. «Mais sa direction est en passe de finaliser un accord avec Afreximbank afin de restructurer cette créance », révèle Khadim Bâ à «JA ». Le patron de Locafrique n’a pas manqué de saluer les avancées enregistrées en matière de gouvernance au niveau de la SAR grâce à la nouvelle équipe. Contrairement à Oumar Diop, Serigne Mboup, ancien Directeur général de Petrosen, passe désormais tous ses contrats d’approvisionnement par appels d’offres internationaux. Mais il est en train de subir les conséquences malheureuses du contrat de quatre ans signé avec Itoc pour la fourniture de gaz.
Selon «JA », la SAR essaie de résilier ce contrat, car il implique selon elle un surcoût de 30 dollars par tonne (400 000 tonnes métriques). Et c’est pour réduire les surcoûts injustifiables comme dans le passé, que le dernier contrat a été remporté par Der Mond Oil and Gas, qui a fourni un crédit de 40 milliards de F CFA. «JA » rappelle que ce groupe basé à Abou Dhabi a été fondé en 2016 par Khadija Bâ. « Nous avons gagné environ 9 millions d’euros par rapport à l’ancien contrat qui nous liait à Addax », se félicite-t-il sur «JA ». Le journal a aussi évoqué «le refus de l’ex-ministre sénégalais du Pétrole, Mansour Elimane Kane, d’appliquer l’accord signé avec Locafrique prévoyant le transfert de 17 des 45 % du capital du raffineur détenus par Petrosen ». Seulement, «l’ancien ministre souhaitait la construction immédiate d’une nouvelle raffinerie, quand le patron de Locafrique optait pour une extension de sa capacité de traitement (de 1,2 million à 2 millions de tonnes par an), avant d’envisager une nouvelle infrastructure d’ici à sept ans » écrit «JA ». Mais de l’avis de Khadim Bâ, c’est devenu une nécessité «que la SAR se modernise afin de pouvoir jouer pleinement son rôle dans un Sénégal bientôt producteur de pétrole et de gaz. Elle devra raffiner les premiers barils de brut qui seront extraits de l’offshore du pays, à Sangomar, d’ici à 2022».
Par ailleurs, il a été évoqué les besoins en investissement pour pérenniser les performances de la SAR. «Ces derniers, estimés à 400 milliards de F CFA, permettront de finaliser la transformation de la raffinerie qui réalise un chiffre d’affaires annuel de près d’un millier de milliards de F CFA, mais une perte de 1 milliard de F CFA en 2019 selon les prévisions. Ce montant sera financé à hauteur de 20% par Locafrique, le reste par ses partenaires bancaires et par le Fonds de sécurisation des importations de produits pétroliers (FSIPP), compte tenu de la mission de service public joué par la SAR », selon Serigne Mboup. Par ailleurs, «le top management de la raffinerie suit de très près le projet Gas-to Power de la Senelec qui cherche à mettre au gaz la plupart de ses centrales électriques » poursuit le journal.
Très ambitieux, Khadim Ba confie : «Stratégiquement, il faut que nous participions à ces investissements-là. Nous ne pouvons plus rester uniquement dans l’importation et le raffinage dont les marges sont minimes». L’ancien Ministre de l’Energie du Sénégal Samuel Sarr et ancien Directeur général de la Senelec dira : «Ce n’est pas un trader, il a une vraie vision industrielle de la pérennité de l’outil ». Aujourd’hui, l’ambition de Khadim Ba c’est de «travailler avec les banques locales et les pousser à participer davantage au financement de l’économie. Par exemple, sur les huit derniers mois, il s’est associé avec la Banque nationale de développement économique pour financer à hauteur de 85 milliards de F CFA ses importations de fuel. Des partenariats de ce type sont en train d’être noués avec Coris Bank et UBA Sénégal».
Résumé Mor MBAYE

Encadré… Encadré… Encadré…

Société africaine de Raffinage (SAR) : La relève assurée


Le secteur de l’énergie est très stratégique dans un pays, surtout au Sénégal. Il ne s’accommode pas avec le tâtonnement ou l’amateurisme. Surtout lorsqu’on sait qu’une pénurie de gaz ou de brut peut provoquer la chute du pouvoir. Il faut donc le confier à des entreprises qui ont les capacités financières. Et au-delà de la concurrence, que chaque partie mette en avant les intérêts du pays. Abdoulaye Diao patron de Itoc SA qui a perdu, au terme d’un appel d’offres international transparent, devrait accepter les règles du jeu en évitant de porter l’affaire dans la presse comme c’est le cas depuis quelques temps. C’est une affaire sénégalaise, réalisée par des fils de ce pays.

Khadija Ba, patronne de Der Mond qui a gagné le marché de brut n’est pas une étrangère. Il faut juste un peu de fair play d’une part et d’autre. Nous avons appris des manœuvres au niveau de certaines banques de la place pour saboter le travail de Der Mond le mois dernier alors que la sénégalaise Khadija Ba s’est entourée de toutes les garanties pour réussir sa mission. Dire ou faire dire que Der Mond n’a pas les capacités financières pour respecter les termes de son contrat avec la SAR, c’est ignorer tout ce qu’il y a derrière cette entreprise en terme d’expérience, d’assise financière et d’engagement dans le travail. Baba Diao devrait être fier de voir une jeune sénégalaise qui a l’âge de ses enfants, prendre la relève. Car, dans tous les cas c’est le Sénégal qui gagnera. Et, dans tous les cas, le monopole de Itoc SA allait être brisé un jour. Dans tous les documents que nous avons obtenus concernant les coûts proposés par les différentes sociétés concurrentes, Der Mond était la moins chère. L’appel d’offres a révélé des surcoûts lourdement supportés par les sénégalais depuis plusieurs années.

La concurrence doit être saine parce que les enjeux sont énormes. Et sur le plan sécuritaire, les autorités sénégalaises doivent se battre pour préserver la stabilité du pays dans un contexte sahélien agité. Qui contrôle l’énergie contrôle le pays. Raison pour laquelle, il serait suicidaire voir dangereux de confier un secteur aussi stratégique à une seule et unique personne comme cela a été le cas depuis fort longtemps. Patron de la banque «Outard», voisine de la Banque de Dakar de Frank Timis, Baba Diao ne devrait pas avoir des difficultés pour se reconvertir dans ce secteur s’il a encore les moyens.
Les responsables de Locafrique et de Der Mond sont conscients de leur rôle et de leur responsabilité dans la sécurité du pays sur le plan énergétique. Et jusque-là, ils ont démontré leur capacité en matière de mobilisation de ressources financières et d’anticipation dans les mesures opérationnelles.
Modou FALL

Dakartimes.com


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