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Polémique autour des “détournements” : les délégués du personnel d’Air Sénégal brisent le silence

Rédigé par leral.net le Mercredi 8 Octobre 2025 à 21:43 commentaire(s)|

Polémique autour des “détournements” : les délégués du personnel d’Air Sénégal brisent le silence
Communiqué du Collège des Délégués du Personnel d’Air Sénégal SA (Droit de réponse – Article L’Observateur, 4-5 octobre 2025).

Le Collège des Délégués du Personnel de Air Sénégal SA a pris connaissance, en même temps que l’opinion nationale et internationale, de la une de la parution du journal L’Obs des 4 et 5 octobre 2025 et de l’article intitulé « Air Sénégal face à ses défaillances internes ».

Le Collège des Délégués du Personnel de Air Sénégal SA déplore que l’auteur de l’article se soit contenté d’une seule version. Les règles professionnelles et déontologiques du journalisme exigent qu’il se rapproche des employés, à tout le moins du collège des délégués du personnel d’autant plus que deux de ses membres sont indexés, pour recouper les informations et tenter d’avoir la version du personnel.

Pour rétablir la vérité des faits, le Collège des Délégués du Personnel de Air Sénégal SA porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale les explications ci-après.

1. Contexte réel des opérations litigieuses

Durant les périodes de perturbations opérationnelles avec annulations de multiples vols, les passagers étaient systématiquement reprogrammés sur d'autres vols de la compagnie souvent sans pénalité ni ajustement tarifaire, conformément aux obligations d'Air Sénégal. L’absence de pénalités ou ajustements tarifaires n’était pas paramétrée dans le logiciel de vente. Ce paramétrage incombe à l’administration de la compagnie.

De plus, il arrive qu’un passager souhaite modifier son billet. En pareille occurrence, l’agent interroge le logiciel qui lui affiche la différence tarifaire à facturer au passager. Sauf qu’à plusieurs reprises, le montant affiché diffère de celui qui aurait théoriquement dû être affiché selon la politique commerciale de la compagnie. Cette situation a été remontée par écrit à plusieurs reprises à la Direction qui n’a pris aucune mesure corrective.
Le logiciel utilisé pour la facturation des excédents de kilos et des bagages supplémentaires utilise le même code informatique aussi bien pour facturer les excédents de kilos que les bagages supplémentaires. Cela entraine la génération par le logiciel du prix d’un bagage supplémentaire là où il aurait simplement fallu facturer un montant beaucoup plus bas, parce qu’il s’agit, non pas d’une valise supplémentaire, mais de kilos excédentaires. Cette situation a aussi été remontée par écrit à plusieurs reprises à la Direction qui n’a pris aucune mesure corrective.

2. Impossibilité technique de détournement par les agents de vente

S’agissant des excédents de bagages, il est impossible de détourner le moindre franc. En effet, la procédure en place implique l’agent d’enregistrement de la société 2AS qui établit selon qu’il s’agisse d’un excédent de kilos ou d’un bagage supplémentaire, l’ordre de taxation et une facture en 4 exemplaires destinés au, passager, superviseur du vol, la direction commerciale de la compagnie et l’agent facturier. Ce dernier ne peut donc encaisser que le montant indiqué sur l’ordre de taxation et la facture.

L’écrasante majorité des employés incriminés a demandé en vain à la Direction et aux auditeurs l’accès aux ordres de taxation et factures liés aux transactions qui leur sont imputées pour identifier ce qui justifie le montant facturé (excédent de kilos ou d’un bagage supplémentaire) et apporter les réponses. Leurs demandes sont restées sans suite.

Concernant les différences tarifaires, les employés incriminés ont aussi demandé à la Direction et aux auditeurs, l’accès aux dossiers des passagers qui sont à ce jour archivés pour expliquer la différence entre les montants facturés et ceux qui leur sont communiqués par les auditeurs. Leurs demandes sont restées lettre morte à ce jour. Néanmoins, sur la base des mails échangés avec la Direction et de la situation personnelle du passager (annulation du vol par la compagnie par exemple), les agents incriminés ont pu apporter plusieurs réponses jugées satisfaisantes.

Il n’est pas inutile de préciser que l'agence centre-ville (Dakar) de la compagnie est dotée d’une caisse tenue par une banque partenaire. Aucun agent n’encaisse directement des fonds.

3. Des pressions inacceptables sur les agents incriminés

Les treize agents ayant signé une reconnaissance de dette l'ont fait sous la menace de licenciement et de poursuites judiciaires.
Cinq employés incluant deux délégués du personnel incriminés par l’audit de 2024 ont refusé de signer une reconnaissance de dette. Il n’est pas de trop que de signaler qu’ils subissent un harcèlement moral permanent.

En effet, comment expliquer la décision de la Direction de promouvoir un employé ayant accepté de signer une reconnaissance de dette en remplacement d’un employé ayant refusé ?m

Comment expliquer que seuls les agents ayant refusé de signer la reconnaissance de dettes fassent l’objet d’un audit supplémentaire sur la période 2022 – 2023 ?
Cette situation tend à décrire un système de gestion discriminatoire et partial, d’autant que les auditeurs font partie du comité de discipline destiné à sanctionner les agents visés, brisant ainsi le principe élémentaire d’indépendance.

4. Le rôle du service de conformité de la compagnie

La compagnie dispose d'un service dédié au contrôle et à la conformité des recettes commerciales. Toute irrégularité devrait être immédiatement découverte à travers un contrôle à postériori. Or, le service de conformité n’a jamais signalé la moindre irrégularité. De plus, aucun agent du service de conformité de la compagnie n’a été interpellé ni sanctionné relativement aux faits reprochés soulevés par l’audit.

5. Quelle est la motivation de la Direction ?

La compagnie fait face à un déficit financier chronique de plusieurs centaines de milliards qui n’est pas expliqué à ce jour au contribuable Sénégalais. C’est la survie imminente de la compagnie qui se joue actuellement.

Le prétendu déficit reproché aux employés sur trois ans, est d’environ 40 millions et les éléments de preuve fournis à la Direction indiquent clairement que les défaillances du logiciel de vente en sont l’origine.

Pourtant, tout laisse à croire que la Direction est plus préoccupée à exposer à l’opinion nationale et internationale des faits d’armes contre les employés qu’à trouver les véritables solutions aux problèmes financiers, organisationnels et managériaux que rencontre la compagnie.

6. Placer l’intérêt supérieur de la compagnie au-dessus de toute autre considération

La compagnie souffre de plusieurs maux qui ont pour nom :
· absence de procédures claires et partagées ;
· absence d’objectifs clairs ;
· absence d’indicateurs de performance définis ;
· nomination de managers sur des bases opaques ;
· cumul de fonctions ;
· priorisation d'intérêts individuels au détriment de l'intérêt collectif ;
· choix stratégiques et commerciaux douteux
Sans une refonte en profondeur de son modèle de gouvernance, Air Sénégal continuera de reproduire les mêmes dysfonctionnements, compromettant ainsi son avenir et l'image du transport aérien sénégalais.

Le Collège des délégués du personnel demeure convaincu que ce n’est pas en tentant de diaboliser le personnel de la compagnie que la Direction parviendra à hisser Air Sénégal SA à la hauteur des compagnies de références internationales.

Le développement de la compagnie passera nécessairement par une franche collaboration entre la direction et le personnel dans la mise en œuvre d’une vision commune au service de l’intérêt supérieur de Air Sénégal SA.

Le Collège des délégués du personnel se met comme à son habitude à la disposition de la Direction pour bâtir une compagnie qui fera la fierté du Sénégal.

Signé : le collège des délégués du personnel Air Senegal SA