Pourquoi Macky doit habiter le Palais

Macky Sall n’a pas encore pris possession de son Palais. Les langues pendues avancent des raisons mystiques. Cela existe encore, ces histoires de cornes de crapaud et de plumes de lézard, dans notre Gaal accroché à la science des faiseurs de destins, sans sueur, pour renverser un éléphant en pleine possession de ses moyens ! On convoque, chaque matin, la science des Saltigués pour nommer une corne enfouie ici ou une bouteille encastrée là. Autant donc ne pas traverser les rues, sillonner l’asphalte au motif qu’un sorcier y a versé une eau miraculeuse pour hypnotiser le Président que les Sénégalais, dans leur majorité, se sont choisi au soir du 25 mars 2012. La question est gêne. Le porte-parole du Chef de l’Etat avait même avancé une date au mois de mai. Près de six mois après cette annonce, le successeur de Wade mobilise toujours les motards, immobilise les humbles automobilistes et alerte ses voisins sur ses va-et-vient. Cela marche tant qu’il lui reste un minimum de popularité auprès de ses compatriotes. Cela marche aussi longtemps que ses compatriotes penseront qu’il fait les premiers pas dans son mandat de sept ans (cinq si la réforme constitutionnelle est introduite). L’avantage est une prolongation du sentiment d’une aventure qui débute et dont les pièces se mettent en place. L’inconvénient est un détachement de la solennité de la République. Le seul rapport à la République et à la charge suprême n’est pas le bureau. Le logement est le lieu d’incarnation optimale et de (re)distribution des prérogatives. L’image d’un haut fonctionnaire de la République qui va au bureau le matin et qui rentre le soir réduit le Palais à une fabrique de vocations. L’éternel apprentissage ! Il ne faut pas que Macky donne l’image d’un élève alors que le peuple en fait le maître… de ses rêves. Le choix d’y être ou de ne pas y être ne dépend pas, dans le champ des symboles républicains, du Président élu. Habiter le Palais, c’est habiter l’espérance des Sénégalais, chaque matin que leur Président se réveille et réalise que ce pays l’a mis en mission. Il n’est pas chez lui, mais dans la grande et majestueuse maison d’hôte que le peuple lui a réservée pour sept… ou cinq ans.

Amadou Lamine NDIAYE

Lesenegalais.net