Pr Malick Ndiaye: «Abdoul Mbaye doit rendre le tablier pour mettre à l’aise le Président…»

Votre mouvement Alliance citoyenne pour la République fait partie des alliées de la mouvance présidentielle ; n’empêche, vous voulez la démission du Premier ministre Abdoul Mbaye. Qu’est-ce qui explique votre position ?
La raison première, c’est que je suis parti à Addis-Abeba les 3 et 4 décembre dernier ; plusieurs centaines de personnes se sont réunies sur la question de la gouvernance judiciaire mondiale, avec comme point particulier l’impunité en Afrique. (…) Nous sommes convenus à l’issue d’une délibération de deux jours que le Sénégal a gagné une position de leadership continental, dès l’instant où le Président Macky Sall a répondu à l’injonction de la Cour internationale de justice en date du 20 juillet 2012, je cite : «extrader ou juger M. Habré». M. Macky Sall a répondu : «je vais le poursuivre, s’il est coupable». En disant ça, M Sall s’est mis en pole position pour régler le plus grand problème de la souveraineté des pays africains, c’est-à-dire la souveraineté judiciaire. (…) Mais Mr Abdoul Mbaye, pour des raisons qu’il ne m’appartient pas de réexaminer, va être, malgré lui et peut-être malgré la volonté du Président qui lui a fait confiance, au centre d’une question judiciaire que le monde entier va observer. Comment Macky Sall va résoudre l’énorme problème qu’il a soulevé ? Devons-nous le laisser constater que l’un des principaux témoins à charge ou à décharge, c’est le Premier ministre de Macky Sall ? Voilà le problème que ma modeste personne et les autres personnalités que j’ai citées doivent savoir résoudre. J’ai tapé à toutes les portes de l’Apr (Alliance pour la République)- je pèse bien mes mots- sans exceptions, les dirigeants. J’ai même écrit au président de la République ; j’ai saisi les parlementaires de l’Apr, au plus haut niveau de l’institution parlementaire. Je les ai saisis et aujourd’hui devant la situation, j’ai consulté mes camarades et j’ai pris mes responsabilités en tant que co-acteur avec Macky Sall et près de 40 organisations de la seconde alternance. Donc, je dis Mr Abdoul Mbaye doit rendre le tablier pour mettre à l’aise le président de la République du Sénégal qui lui fait confiance en appliquant la fameuse jurisprudence que le Sénégal connaît bien maintenant : la jurisprudence de Mr Mamadou Seck.
Donc, vous rejoignez l’opposition qui a déposé une motion de censure ?
La différence entre l’opposition et nous, c’est que nous pensons que le leadership continental de Macky Sall est en jeu (…). Donc, ce n’est pas le Sénégal avec ses mesquineries politico-politiciennes qui est en jeu (…) Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est un acquis de haute lutte du Président lui-même de son équipe, y compris Mr Mbaye. Et surtout des intellectuels sénégalais qui étaient à hauteur d’une dizaine à Addis-Abeba. Nous avons défendu un dossier, nous l’avons gagné, nous ne permettrons donc pas que ce que nous avons arraché à Addis-Abeba soit remis en cause par des conflits sénégalo-sénégalais (…) Aujourd’hui, nous avons gagné un leadership continental et nous n’accepterons pas que le principal conducteur de la politique du Président Macky Sall soit le problème, lorsque le procès de Habré sera ouvert par le Sénégal. Nous ne sommes pas des Sénégalais autocentrés, nombrilistes ; nous avons une vision continentale, voire universaliste du problème. Et c’est parce qu’on nous a fermé toutes les portes du dialogue à tous les niveaux, malheureusement nous disons que nous allons livrer bataille. Le Pds, c’est dans son rôle de jouer actuellement sur les hésitations d’une majorité parlementaire qui manque de maturité ou qui a des calculs cachés. »