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Pr Mawloud Diakhaté, membre du Hcct, responsable Afp : «Benno Bokk Yaakaar a atteint ses limites»

L’inter-coalition Yewwi-Wallu séduit Pr Mawloud Diakhaté, directeur de l’école du parti de l’Afp. Il invite Benno Bokk Yaakaar, qui «a atteint ses limites», à copier ce modèle. Dans cet entretien, M. Diakhaté, président de la Commission Développement des pôles territoires du Haut conseil des collectivités territoriales corrige l’opposition sur sa perception de cette institution. Entretien avec BES Bi


Rédigé par leral.net le Vendredi 19 Août 2022 à 12:06 | | 0 commentaire(s)|

En tant que membre du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), que répondez vous à l’opposition qui veut la suppression de cette institution jugée budgétivore ?

Je voudrais juste préciser qu’avant de formuler un avis sur une institution, il faudrait avoir toutes les informations nécessaires. Le tort de l’opposition et d’une certaine Société civile, c’est d’avoir émis un jugement hâtif sur le caractère budgétivore du Haut conseil des collectivités territoriales. Ce qui n’est pas le cas et je vais en faire la démonstration de façon pédagogique pour que nul n’en ignore.

Si l’on prend par exemple le budget du Sénégal comme étant un montant de 5000 francs Cfa, le Hcct représenterait 15 francs. Si on considère que sur les 5 ans, le budget du Sénégal cumulé est de 25 000 francs, le Hcct aura consommé 75 francs c’està-dire moins de 100 francs Cfa.

Donc, sur le budget du Sénégal, le Haut conseil consomme moins de 1% du budget, précisément 0,16%. Je rappelle que nous ne sommes pas des salariés, nous recevons des indemnités mensuelles. Le haut conseiller gagne 1 million 200 mille francs. Il retourne à l’institution tous les mois 100 000 francs pour l’acquisition de la voiture qu’on lui a donnée en début de mandat.

Le haut conseiller loue à ses frais parce qu’on n’a pas d’hôtel comme les députés. La plupart des collègues louent des studios meublés ou des appartements à leurs frais.

Le haut conseiller répare son véhicule à ses frais. On n’a pas de prise en charge médicale pour l’institution. Le Hcct est victime d’un mauvais procès.


Est-ce que le bilan du Hcct a eu un impact sur le fonctionnement des collectivités territoriales ?

Il faut dire que le Hcct parachève l’architecture institutionnelle de la décentralisation. C’est pour créer l’équité territoriale et pour qu’il y ait un arbitrage de toutes les problématiques qui touchent à toutes les communes qu’elles soient des communes gérées par l’opposition comme par le pouvoir, qu’elles soient d’égale dignité, perçoivent régulièrement des appuis et les fonds de l’Etat et soient entendues dans le cadre de la maîtrise du management de leurs projets et programmes.

Le Hcct sert de bras armé aux collectivités territoriales pour faire des plaidoyers auprès du chef de l’Etat. Ce dernier nous a entendus sur plusieurs aspects notamment pour les avis qu’on a formulés.

Par exemple, le Haut conseil, dans le secret de ses délibérations, a porté le plaidoyer pour le renforcement de l’équité territoriale lorsque le Pacasen initial qui touchait 123 communes urbaines, a été initié.

Nous avons attiré l’attention du président de la République pour dire qu’il y a 476 collectivités territoriales dans le monde rural qu’il faudrait aussi capaciter. Cela a produit le Pacasen rural avec un budget prévisionnel de 352 milliards alors qu’au départ pour les 123 communes urbaines, le budget initial était de 130 milliards.

Le Haut conseil a aussi travaillé pour l’effectivité de la fonction publique locale et travaille même à créer un Institut supérieur local pour pouvoir former le personnel des collectivités territoriales. Sur le plan mondial, les gens ont compris que le développement commence à partir des territoires.


Pape Diop juge inutile le Hcct et souhaite le retour du Sénat. Partagez-vous cette position ?

Non. C’est d’abord deux institutions qui n’ont pas les mêmes objets. Meme si le Sénat délibère en seconde instance par rapport aux lois votées par les députés, le Hcct, lui, est l’avocat des collectivités territoriales. Il a une spécificité qui est de délivrer un encadrement juridique, administratif, économique pour plus de 600 collectivités territoriales qui n’ont pas les mêmes potentiels, capacités de développement…

Le Hcct permet de faire en sorte que les communes soient d’égale dignité et aient les mêmes chances de développement. La disparition de la Sénat, qu’est-ce que cela a changé, modifié ou a gêné dans le fonctionnement régulier des institutions ? Bref, je ne suis pas pour le retour du Sénat

Au sortir des élections législatives, l’Afp a 3 députés, Rewmi 1, Ps 5 ou 6… Les alliés traditionnels de Benno bokk yaakaar sont-ils les grands perdants de ces élections ?

(Rires). Il y a une chose qui est extrêmement importante. Certes, il faut observer les résultats, les lire et analyser les dynamiques qui les ont produits. En 2012, Benno bokk yaakaar était une coalition électorale qui avait pour objectif de faire bloc autour du membre de l’opposition qui arriverait premier pour faire partir le Président Abdoulaye Wade. Un objectif qui a été atteint.

Le Président Macky Sall a défendu le principe du «gagner ensemble, gouverner ensemble». Il fallait une coalition et un programme partagé qui a fait évoluer le programme Yoonu yokkuté en Plan Sénégal émergent. La coalition électorale de 2012 a évolué en une coalition programmatique qui a permis d’aller aux différentes élections. Benno résiste depuis 2010

De coalition programmatique, elle est devenue une coalition politique. Le Rewmi, le Ps et l’Afp ont donné mandat au Président Sall pour choisir les candidats. Normalement, on ne devrait plus parler de couleur politique parce qu’on a réglé la question idéologique.

A mon sens, il n’est plus pertinent de mettre en exergue les idéaux socialistes, progressistes ou libérales parce que des ententes se sont bâties autour d’objectifs de gouvernement, de programmes. Dire que le parti a tant de député, c’est poser les germes de la cassure de Benno.

Les leaders sont allés plus vite que les militants parce qu’on en est conscient, il y a toujours ce débat d’appartenance à la base. Ce qui fait que dans le cadre de la cohabitation dans Benno bokk yaakaar, il arrive que des militants de l’Apr se frottent à des membres du Ps ou de l’Afp.

Je préconise qu’on sorte de Benno bokk yaakaar et de créer un autre cadre républicain qui va avoir des règles communément acceptées avec l’intégration des appareils politiques et des préalables d’ententes définies. Attention, Yewwi askan wi nous a montré le chemin. Là où un parti est fort, qu’on se mette ensemble pour le mettre en selle. Benno doit faire comme Yewwi. Si nous répondons de la meme façon que Yewwi, Benno va reprendre du poil de la bête pour faire cette remontada.

Donc, les dernières élections ont-elles montré les limites de Benno ?

Oui. Les limites de Benno sont qu’il faut qu’elle avance dans son programme, dans ses perspectives. Elle doit définir encore de nouvelles orientations pour avoir de nouveaux militants.

Il ne faut pas uniquement compter sur les militants de Benno en réinvitant le quotidien, régler les problèmes du pays comme la question du cadre de vie, le panier de la ménagère.

Le Président Sall est en train de le faire en s’attaquant au problème de l’emploi des jeunes entre autres…
Bes Bi