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Prix Nobel de la paix: Denis Mukwege, le gynécologue congolais qui «répare» les femmes

RECOMPENSE Le prix Nobel de la paix a été attribué à Nadia Murad et Denis Mukwege, deux figures de la lutte contre les violences sexuelles…


Rédigé par leral.net le Vendredi 5 Octobre 2018 à 19:30 | | 0 commentaire(s)|

Une vie dédiée à réparer l'horreur subie par les femmes. Le médecin-gynécologue congolais, Denis Mukwege, qui a reçu, ce vendredi, le prix Nobel de la paix, s’occupe des femmes violées, victimes des guerres oubliées dans l’est de son pays. L’activiste yézidie Nadia Murad, ex-esclave sexuelle du groupe État islamique, a, elle aussi, été primée.

« L’homme cesse d’être homme lorsqu’il ne sait plus donner l’amour et ne sait plus donner l’espoir aux autres », déclarait-il en 2015. Né en 1955 en République démocratique du Congo (RDC), Denis Mukwege a d’abord fait des études de médecine au Burundi, avant de se spécialiser en gynécologie-obstétrique en France.

La fondation Panzi, la clinique du viol

Il découvre alors les souffrances de femmes qui, faute de soins appropriés, sont régulièrement victimes de graves lésions génitales post-partum les condamnant à une incontinence permanente. En 1999, le Dr Mukwege crée l’hôpital de Panzi, une fondation pour permettre aux femmes d’accoucher convenablement. Mais le centre devient rapidement une clinique du viol lors de la deuxième guerre du Congo   (1998-2003) et de ses viols de masse.

La fondation, se trouve maintenant sous la protection permanente de soldats de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), est largement soutenue par l’Union européenne. Cette «guerre sur le corps des femmes», comme l’appelle le médecin, continue encore aujourd’hui : « En 2015, on avait observé une diminution sensible des violences sexuelles. Malheureusement, depuis fin 2016-2017, il y a une augmentation ».

Une voix d’opposition contre Joseph Kabila

Mais avec ce prix, les membres du comité Nobel ont aussi félicité la voix de Denis Mukwege, une des plus sévères envers le régime du président Joseph Kabila. L’homme de 63 ans, marié et père de cinq enfants, a dénoncé à plusieurs reprises « le climat d’oppression […] et de rétrécissement de l’espace des libertés fondamentales » dans son pays.

Fin juin, « l’Homme qui répare les femmes » avait appelé les Congolais « à lutter pacifiquement » contre le régime du président Joseph Kabila   plutôt que de miser sur les élections prévues le 23 décembre «dont on sait d'avance qu'elles seront falsifiées»  ​. A ceux qui le croient tenté par la politique, il rétorque néanmoins que seuls comptent pour lui les malades de Panzi, mais qu’il n’entend en rien renoncer à sa liberté d’expression.
20 Minutes avec AFP