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QUAND LA TABASKI RÉVÈLE LES FRACTURES DE LA SOCIÉTÉ

Rédigé par leral.net le Vendredi 6 Juin 2025 à 18:27 | | 0 commentaire(s)|

Chaos dans les gares routières, prix qui s'envolent, familles entassées dans des véhicules de fortune : Omar Diaw dresse un tableau saisissant de l'exode annuel vers les régions lors de l'aïd el-Kebir. "Un puissant révélateur social", analyse-t-il

Chaque année, le même rituel se répète. À l'approche de la fête de la Tabaski, le Sénégal urbain se transforme en un immense point de départ vers l'intérieur du pays. Dans sa chronique intitulée "Départ massif : Un marqueur sociologique !", Omar Diaw, journaliste reconnu de la RTS, pose un regard acéré sur ce phénomène qui dépasse largement le cadre religieux pour révéler les profondes inégalités de la société sénégalaise.

Le chroniqueur dresse un tableau saisissant des gares routières en période de Tabaski. "Qu'elle soit officielle ou sauvage, règne un chaos indescriptible", observe-t-il. Dans ces lieux de transit, des "autobus de fortune qui semblent davantage porteurs d'infortune" deviennent l'objet de tous les espoirs. Omar Diaw n'épargne rien de ce spectacle où "des familles entières ballotées, parfois flanquées d'un mouton sacrificiel", scrutent "l'horizon dans l'attente d'un véhicule hypothétique".

Le journaliste souligne avec ironie que si "ce n'est pas l'avion, les prix s'envolent dans l'indifférence". Une observation qui met en lumière l'exploitation dont sont victimes les voyageurs dans cette "économie de la rareté".

Dans cette chronique, Omar Diaw n'hésite pas à dénoncer les pratiques abusives qui accompagnent cette période. "Chauffeur, apprenti coxeur font leur loi. Ils se muent en seigneur éphémère, étranglent littéralement ceux qui n'ont pas d'autre choix", écrit-il avec une plume acerbe.

Le chroniqueur pointe également les défaillances des infrastructures publiques. Malgré les efforts de Dakar Dem Dikk et des trains du Sénégal pour "venir en renfort", force est de constater que "le réseau ferroviaire d'aujourd'hui n'a plus la prestance de celui du 19e siècle".

"La Tabaski devient un marqueur social"

Au-delà de la critique des conditions de transport, Omar Diaw livre une analyse sociologique profonde de ce phénomène. Pour lui, cette "fièvre révèle la sociologie sénégalaise" à travers un "exode inversé, reflux temporaire mais inexorable" qui vide les villes de leur substance.

"Chacun portant en lui une origine, un terroir natal qui attend le retour de ses enfants le temps d'une communion annuelle", explique le journaliste. Cette migration temporaire révèle selon lui que "la Tabaski n'est pas qu'une fête religieuse. Elle devient un marqueur social qui étale sans pudeur les fractures béantes de notre société".

Le chroniqueur de la RTS n'oublie pas de souligner les conséquences économiques de ce mouvement de population. "Dakar, Saint-Louis, Thiès, Kaolack, toutes ces cités étalent ainsi leur clivage et inégalité", note-t-il, avant d'observer que la capitale "transpire suffocante et alerte avant de consentir à se vider progressivement".

Cette pause forcée de l'activité économique crée selon Omar Diaw "un calme étrange, celui de milliards perdus dans une pause économique prolongée où on a cessé de produire, vivant d'une épargne dilapidée".

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https://www.youtube.com/watch?v=D1EZ0jZRDAA
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Farid


Source : https://www.seneplus.com/societe/quand-la-tabaski-...