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Rationalisation des agences publiques : Un défi encore en suspens, malgré l’alourdissement des dépenses

Le budget 2025 du Sénégal projette un financement de 2 140 milliards de francs Cfa pour les 176 organismes publics recensés, selon des chiffres officiels relayés par "EnQuête". Ces structures comprennent notamment 34 agences, 33 entités assimilées à des agences, ainsi que 14 établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC). Une progression notable, puisque 163 organismes avaient été suivis dans le cadre de l’exécution budgétaire de 2024, pour un coût total de 1 706,93 milliards de francs Cfa.


Rédigé par leral.net le Vendredi 27 Juin 2025 à 11:21 | | 0 commentaire(s)|

Rationalisation des agences publiques : Un défi encore en suspens, malgré l’alourdissement des dépenses
D’après le rapport d’exécution budgétaire du quatrième trimestre 2024, les dépenses de fonctionnement avaient atteint 1 058,04 milliards de francs Cfa, contre 648,89 milliards pour l’investissement. Les dépenses de personnel, elles, représentaient 316,24 milliards de francs Cfa, soit un taux d’exécution de 93,36 %.

Pour l’année 2025, les ressources propres des organismes publics sont estimées à 1 136,44 milliards de francs Cfa. Toutefois, leur dépendance vis-à-vis de l’État reste forte : la Direction générale du Budget (DGB), citée par "EnQuête", évalue les transferts directs de l’État à 537,22 milliards FCfa, soit 25,1 % des prévisions. Ces transferts comprennent 404,18 milliards en transferts courants et 133,03 milliards en transferts en capital. Les financements extérieurs, notamment ceux des partenaires techniques et financiers (PTF), représentent 450,41 milliards, soit 21 %, tandis que les autres emprunts se chiffrent à 16,66 milliards (0,8 %).

La répartition budgétaire pour 2025, reflète une nette priorité au fonctionnement, qui absorbe 61,41 % des crédits, contre seulement 38,59 % pour l’investissement. Les dépenses de personnel sont prévues à 331,57 milliards, représentant 15,49 % du budget global.

À la fin du premier trimestre 2025, 509,04 milliards de francs Cfa avaient été mobilisés, soit 23,73 % des prévisions annuelles. Les transferts directs de l’État s’élevaient à 92,94 milliards FCfa, ceux des PTF à 79,60 milliards FCfa. Le taux global d’exécution des dépenses est estimé à 15,80 %, pour un montant de 338,32 milliards FCfa, dont 258,83 milliards FCfa en fonctionnement et 79,50 milliards FCfa en investissements. Les dépenses de personnel, quant à elles, ont été exécutées à hauteur de 75,06 milliards FCfa, soit 29 %, selon la DGB.

"EnQuête" met aussi en lumière le rôle non négligeable de ces agences dans la hausse de la dette publique. Le rapport de 2024, analysé par Alla Sène Guèye du Conseil national du patronat (CNES), fait état d’arriérés de paiements de 703,4 milliards FCfa au 31 décembre, dont 202,6 milliards FCfa dus par les 163 organismes parapublics au titre de la dette fournisseurs.

Dans le rapport du premier trimestre 2025, la DGB évalue à 792,88 milliards FCfa, la dette globale des 176 structures publiques. Elle se compose de 262,67 milliards FCfa de dette d’exploitation et de 530,21 milliards FCfa de dette bancaire. La dette bancaire est notamment concentrée dans le Fonds d’entretien routier autonome (504,04 milliards FCfa), suivi de l’Aser (2,09 milliards FCfa), du Fonds d’habitats sociaux (24,04 milliards FCfa), et du Centre hospitalier régional de Tambacounda (0,03 milliard FCfa). Quant à la dette d’exploitation, elle se décompose en dettes fournisseurs (150,76 milliards FCfa), dettes fiscales (54,18 milliards FCfa) et dettes sociales (21,83 milliards FCfa).

Face à ces charges budgétaires croissantes, le Premier ministre Ousmane Sonko avait annoncé, dès février 2025 à l’Assemblée nationale, une série de mesures de rationalisation, avec la promesse de supprimer ou fusionner plusieurs agences publiques d’ici fin juin. Parmi les réformes évoquées : la fusion de fonds et agences à missions similaires, la suppression de structures aux rôles absorbables par l’administration centrale, ainsi que l’audit d’agences et la centralisation des achats de l’État, pour améliorer l’efficacité des dépenses.

Le Conseil des ministres du 12 février 2025, avait d’ailleurs acté la réactivation de la Commission d’évaluation des agences publiques, censée proposer des mesures concrètes en ce sens. Des pistes de fusion avaient été annoncées, notamment entre les agences de microfinance, celles en charge de l’énergie, ou encore, entre des structures de formation professionnelle et de tourisme.

Mais comme le note "EnQuête", à la fin du mois de juin, les mesures de rationalisation promises tardent encore à se concrétiser. Le poids croissant des agences publiques sur le budget national, sur la dette et sur les ressources du contribuable, continue d’alimenter le débat sur l’efficacité de l’action publique au Sénégal.