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TÉRA MEETING ET NIAKHTOU NATIONAL POUR LA DOMICILIATION DU PIRE

Rédigé par leral.net le Vendredi 7 Novembre 2025 à 00:43 | | 0 commentaire(s)|

EXCLUSIF SENEPLUS - Face aux épidémies de Mpox et de Fièvre de la vallée du Rift, les plus hauts responsables politiques des deux camps exposent au pire leurs partisans et, à travers eux, les populations considérablement fragilisées par la vie chère

L’union sacrée des conjoints s’est toujours faite pour le meilleur et pour le pire. Au nom de la responsabilité privée, sans l’intervention de la puissance publique, les époux jurent de ne jamais quitter la partie au cœur des tempêtes qui rythment la vie à deux.

Sociologue et féministe française, Évelyne Sullerot (1924-2017) est l’autrice de plusieurs ouvrages sur la cause de la femme et de la famille. Le livre qu’elle publie en 1984 chez l’éditeur Fayard est couronné par l'Académie française et très bien accueilli par les médias d’emblée frappés par le titre : « Pour le meilleur et sans le pire », annonçant la fin d’une époque entre conjoints.

On ne se marie plus pour le pire refilé à l'État prêt à pallier les déchirements à coups de protections et d’avantages à la faveur de « la réforme du Code civil, les dispositions des impôts, de la Sécurité Sociale et des Allocations familiales ». Dans « la société d’individualistes » et d’irresponsabilité privée, les grands perdants sont alors les « plus aimants », les naïfs et surtout les enfants.

Reste à déterminer, dans cet exercice, quel usage simultané du meilleur et du pire rend mieux compte du face-à-face auquel se préparent, le 8 novembre prochain, le pouvoir et l’opposition lorsqu’on passe du social au politique tel qu’il est mis en pratique au Sénégal au cours des 27 dernières années marquées par trois alternances démocratiques.

Deux ans sans le meilleur

Depuis l’indépendance ou ce qui est considéré comme telle par les moins critiques d’entre nous, le Sénégal a connu trois grands moments d’intense jubilation politique - mars 2000, mars 2012 et mars 2024 -, précédés par des phases préparatoires médiocres mais qui finissent bien ou presque. Dans chacun des cas, l’état de grâce semble n’avoir pas excédé deux ans du fait d’une grave erreur de jugement.

En 2002, deux ans après la prise du pouvoir par le Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (PDS), Maître Abdoulaye Wade, le naufrage du bateau le Joola éclipse à jamais la qualification des Lions de la Téranga aux quarts de finale de la 17e Coupe du monde de football co-organisée par la Corée du Sud et le Japon. Commémorée chaque année le 26 septembre, la tragédie est tout ce qu’il reste du « changement » en dépit de la réélection du président Wade en 2007.

Survenue en 2014, deux ans ans après l’élection de Macky Sall à la magistrature suprême, la polémique sur le coût de réalisation du Plan Sénégal Émergent (PSE) par le cabinet de conseil américain McKinsey avait été assez lourde de conséquences pour faire passer inaperçus de nouveaux soupçons sur la gouvernance.

Les coups de boutoir de l’opposition dite radicale profitent en dernier ressort au challenger Bassirou Diomaye Diakhar Faye au terme des débauches de violences de mars 2021, juin 2023 et mars 2024. En novembre 2025, cinq mois seulement avant le bouclage de deux ans par le nouveau pouvoir, l’opposition démocratique et républicaine aurait été bien inspirée de différer son Niakhtou national après le fort impact de « l’appel à l’ordre » politico-judiciaire et social de ses différentes composantes. L’acceptation par le pouvoir du Niakhtou national est une légitimation, obtenue de son adversaire, du Téra Meeting de Sonko et compagnies.

Co-responsabilité face au pire

Face aux épidémies de Mpox et de Fièvre de la vallée du Rift, les plus hauts responsables politiques des deux camps exposent au pire leurs partisans et, à travers eux, les populations sénégalaises considérablement fragilisées par la vie chère et les dernières surtaxes. Un rapide survol des deux pathologies permet d’en avoir le cœur net et de se faire une idée de l’extraordinaire désinvolture avec laquelle les questions de santé sont traitées par celles et ceux dont les prétentions à gouverner leur pays choquent plus d’un.

Qui des ténors du pouvoir et de l’opposition - tous des poids pailles (plus petite catégorie en boxe) de la pensée politique -, sait que l’éradication mondiale du Mpox, également connu sous l’appellation de variole du singe, n’est toujours pas réalisée dans le monde et qu’une personne atteinte met deux semaines à un mois à guérir. Au contact sexuel - mode de propagation établi récemment à Dakar -, s’ajoute le contact direct avec les lésions cutanées, les croûtes, les muqueuses, la salive, etc., des personnes infectées. Combien de ces personnes sont attendues au Téra Meeting et au Niakhtou national du 8 novembre prochain ? En faisant jeu égal, le nouveau maire de Dakar Abass Fall (majorité) et l’ancien maire de la capitale sénégalaise Barthélémy Dias (opposition) se neutralisent réciproquement avant tout débat sérieux auquel les deux personnes n’oseraient plus participer pour éviter de répondre, l’un après l’autre,  de la co-responsabilité face au pire.

Savent-ils tous les deux qu’en cas d’apparition de la Fièvre de la vallée du Rift dans un pays, son éradication complète est impossible ? Sont-ils capables, l’un et l’autre, de dire à leurs nouveaux et anciens administrés la façon dont les dernières fortes précipitations et les inondations ont intensifié la reproduction des moustiques vecteurs du virus de la fièvre ? « Au moins 50 espèces de moustiques [dont l'Anophèle] sont vecteurs du virus FVR. « Chez les humains, l’infection peut provoquer des symptômes graves comme les affections oculaires, l’encéphalite, la  fièvre hémorragique ».

Le communiqué du ministère de l’hydraulique et de l'Assainissement (MHA), daté du 6 octobre 20/25, se passe de commentaires. Dans la région de Tambacounda, la préfecture de Bakel et la sous-préfecture de Moudéry, « les premiers recensements effectués ont fait état de près de deux-cent-vingt (220) familles affectées, soit trois-mille-huit-cent vingt-cinq (3 825) personnes sinistrées. Cent-soixante-dix-huit (178) familles se sont déplacées, dont vingt-sept (27) logées dans des établissements scolaires ».

En août 2025, l’annonce par la tutelle du démarrage de « certains projets   structurants » pour lutter contre les inondations à la fin de l’hivernage n’inclut pas la mesure d’urgence concernant l’édification d’un nouveau barrage réservoir sur la Falémé pour réguler près de la moitié des eaux. À Bakel, les seuils d'alerte ont été dépassés du fait des lâchers d'eau du barrage de Manantali.

Où domicilier le pire ?

Un mois jour pour jour après le communiqué du ministère de l'Hydraulique et de l'Assainissement, celui de la Santé et l’Hygiène publique montre que « depuis le début de l’épidémie [de FVR], le Sénégal a comptabilisé 397 cas confirmés, dont 29 décès et 336 guérisons. La maladie reste concentrée principalement dans la région de Saint-Louis, qui totalise 304 cas, soit plus des trois quarts des infections recensées. Le district de Richard-Toll demeure l’épicentre avec 140 cas, suivi de Saint-Louis (76), Podor (42) et Dagana (35).

« S’agissant de la variole du singe (Mpox), le ministère rapporte 7 cas confirmés et 2 cas probables depuis la détection du premier cas le 22 août 2025. Tous les cas ont été enregistrés dans la région de Dakar. Les patients sont aujourd’hui totalement guéris et aucun décès n’a été constaté.

Actuellement, 14 personnes contacts font toujours l’objet d’un suivi médical. »

Pour chacune des épidémies, la domiciliation territoriale du mal et du pire est impossible. C’est la raison pour laquelle la tutelle « appelle les populations à faire preuve de vigilance, à respecter scrupuleusement les mesures de prévention, et à collaborer activement avec les agents de santé et les relais communautaires pour contenir ces épidémies ».

Si les manifestations du 8 novembre 2025 - le Téra Meeting du maire de Dakar Abass Fall (l’inconditionnel de Sonko en congés) et le Niakhtou national de son prédécesseur Barthélémy Dias -, n’étaient pas annulées, la domiciliation du pire chez l’adversaire incomberait aux tribuns des deux camps assurés, on ne sait comment, de ne pas tomber malade après les bains de foules. Pour le pouvoir et pour la vie à laquelle chacun s’accroche, l’apparition de masques ne surprendrait alors pas.

Le mieux est de ne pas se rendre le 8 novembre 2025 au parking du stade Léopold Sédar Senghor et au terrain de football de Sacré-Coeur 3 et demander aux membres de sa famille, unis pour le meilleur et pour le pire, de faire de même. Surtout quand on sait - et c’est bien le cas -, que l’actuel pouvoir et son opposition n'ont jamais réfléchi à la politique sociale permettant de réinventer le meilleur sans le pire à la française expurgé des inconvénients mis en lumière, il y a 41 ans maintenant, par la sociologue Évelyne Sullerot.

Lire la précédente tribune du même auteur en suivant le lien :

https://mail.seneplus.com/politique/le-8-novembre-dakar-en-tera-meeting-sonko-le-mpox-et-la-fievre-de

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Farid


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