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Lundi 19 Mai 2025

Tahirou Sarr : La justice accepte finalement sa caution




Tahirou Sarr : La justice accepte finalement sa caution
Inculpé pour détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux et association de malfaiteurs, l’homme d’affaires Tahirou Sarr revient à la charge. Son objectif : obtenir une liberté provisoire après le refus d’une première demande. Cette fois-ci, sa requête s’appuie sur l’acceptation judiciaire d’une caution composée de biens immobiliers et de numéraire, pour un montant global de 31,9 milliards FCfa.

Selon "L’Observateur", repris par "Senenews", cette caution se décline en trois propriétés situées à Rufisque, formellement enregistrées au Livre foncier et en un dépôt numéraire de 11 milliards FCfa, consigné à la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Le cumul de ces garanties s’élève précisément à 31 905 033 000 FCfa, un montant censé couvrir la totalité du préjudice financier évoqué par la justice.

La nouvelle demande de liberté provisoire a été introduite mardi dernier, auprès du président du Collège des juges d’instruction du pool judiciaire financier. "L’Observateur" rappelle que cette initiative s’inscrit dans une stratégie juridique visant à démontrer que toutes les garanties proposées sont désormais juridiquement valides et que l’État du Sénégal ne les conteste plus.

Le juge instructeur a, par ordonnance, autorisé l’inscription d’hypothèques sur les trois biens concernés, situés à Rufisque, sous les titres fonciers n°700/R (13 milliards), n°92/R (5 milliards) et n°5281/R (2,6 milliards). Ces inscriptions ont été effectuées suite à une réquisition de Me Seydou Diagne, avocat principal de Tahirou Sarr. Toujours selon "L’Observateur", ni le parquet ni l’Agent judiciaire de l’État n’ont attaqué cette ordonnance dans les délais légaux, ce qui constitue un argument de poids pour la défense.

Dans sa requête, Me Diagne a également sollicité, le 13 mai dernier, une attestation de non-enrôlement d’un pourvoi en cassation contre l’arrêt n°20 du 2 mai 2025, rendu par la Chambre d’accusation financière. Ce document, délivré par l’Administrateur du greffe de la Cour suprême, vise à confirmer l’absence de recours formel contre cette décision. Une manière pour la défense d’appuyer la solidité de la décision judiciaire déjà rendue en faveur de leur client.

L’affaire prend racine dans un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), transmis au procureur de la République le 20 décembre 2024. Ce document, qualifié d’explosif par "L’Observateur", évoquait des flux financiers suspects entre Tahirou Sarr et le député-maire Farba Ngom, à travers les sociétés Sofico SA et Groupe Immobilier Suisse (GIS).

À l’issue des premières investigations, Tahirou Sarr a été inculpé pour association de malfaiteurs, escroquerie portant sur des deniers publics, blanchiment de capitaux et abus de biens sociaux. Le montant global des sommes en jeu a été estimé à 25,3 milliards FCfa. Une tentative initiale de constitution de garantie avait été rejetée par le juge, notamment parce qu’un des titres fonciers proposés, le TF n°420/Bis de Mbane (estimé à 394 milliards FCfa), ne relevait pas légalement de la société Sofico, bien qu’elle en détenait le bail.

"L’Observateur" rapporte qu’en réponse à cette première déconvenue, Me Seydou Diagne a saisi le président du Collège des juges d’instruction, le 28 février 2025, pour demander l’autorisation de cautionner d’autres biens, cette fois incontestablement enregistrés au nom de Sofico. Il s’agissait aussi d’y adjoindre une somme de 11 milliards FCfa en numéraire, versée à la CDC. Une nouvelle ordonnance (n°68/25) a validé l’ensemble de ces mesures et permis au conservateur foncier de procéder aux inscriptions requises.

Dans la foulée, la défense a volontairement retiré de son montage initial, le TF de Mbane, désormais écarté du dispositif de caution. Comme le souligne "L’Observateur", cette décision stratégique visait à rendre le dispositif de garantie irréprochable aux yeux du juge d’instruction.

Face à la gravité des accusations, l’homme d’affaires a aussi décidé de renforcer sa défense. À Me Seydou Diagne, sont venus se joindre plusieurs ténors du barreau : Mes Boubacar Wade, Boubacar Koïta, Guédel Ndiaye et Aly Fall. Tous se sont constitués pour affronter l’État du Sénégal dans ce dossier sensible, inscrit dans le cadre plus large de la politique de reddition des comptes initiée par les nouvelles autorités.

Cette équipe entend désormais plaider l’octroi de la liberté provisoire, au regard de la solidité des garanties offertes, mais aussi du respect scrupuleux des procédures judiciaires. "L’Observateur" note par ailleurs que l’absence de contestation formelle des autorités judiciaires, renforce la position de la défense, qui pourrait bénéficier d’un contexte plus favorable qu’en avril dernier.

Mame Fatou Kébé






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