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Téra meeting : La manifestation de profondes divergences entre le président de la République et le Premier ministre


Rédigé par leral.net le Mardi 11 Novembre 2025 à 11:17 | | 0 commentaire(s)|

Après le Téra meeting tenu samedi dernier à l’esplanade du stade Léopold Sédar Senghor, les observateurs avertis se prononcent sur cette initiative du président du Pastef et Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko.

C’est le cas d’Abdou Wahab Kâ, administrateur civil principal à la retraite et coordonnateur national de l’Action pour le Développement et la Souveraineté (ADS).

Selon lui, l’annonce du Téra-meeting par le président du Pastef et Premier ministre s’inscrit dans une dynamique politique articulée autour de trois séquences : l’avant-8 novembre, le 8 novembre lui-même et l’après-8 novembre.

« Dans son discours, le Premier ministre a abordé plusieurs thématiques, dont celle de l’éthique dans la gouvernance, mettant en cause le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, M. Abdourahmane Diouf, ainsi que Mme Aminata Touré, Haute Représentante du président de la République. Cette prise de position laisse entrevoir les enjeux majeurs de la période postérieure au 8 novembre », a précisé Abdou Wakhab Kâ.

Pour lui, il paraît peu probable que les cas d’Abdourahmane Diouf et de Mimi Touré, aient été évoqués publiquement sans discussions préalables entre le Président de la République (PR) et le Premier ministre (PM).

« En l’absence d’un accord entre les deux têtes de l’Exécutif, le PM semble avoir privilégié une stratégie visant à mobiliser l’opinion publique, en particulier la base militante, peu disposée à tolérer l’intégration au gouvernement de personnalités jugées incompatibles avec le triptyque éthique Jub, Jubal, Jubanti », explique M. Kâ.

Cette démarche, selon lui, traduit la volonté du PM d’affirmer une position de principe, susceptible de remettre en question la posture du PR, perçue comme contrariant l’un des fondements du projet présidentiel.

M. Kâ a ensuite évoqué les options stratégiques qui s’offrent au président de la République :

1. L’assouplissement :

Le PR pourrait décider de démettre les personnalités mises en cause — ou d’obtenir leur démission — afin de préserver la cohésion interne du Pastef et de maintenir une relation politique fonctionnelle avec le PM.
Toutefois, une question demeure : une telle mesure serait-elle suffisante pour satisfaire durablement le PM et apaiser les tensions ?

2. La radicalisation :

Le PR pourrait aussi choisir de maintenir les deux personnalités en poste, assumant une position de fermeté.

Cette option comporte plusieurs risques : une dégradation des relations internes à l’Exécutif, une crispation au sein du parti et un impact négatif sur la stabilité politique et économique du pays, déjà affectée par les répercussions de la dette dite « cachée ».

Toujours selon Abdou Wakhab Kâ, la situation deviendrait particulièrement sensible si le PM décidait de poser un ultimatum au PR, l’obligeant à choisir entre le maintien des deux personnalités et sa propre présence au gouvernement.

M. Kâ s’est enfin interrogé : « Qui détient réellement les leviers du pouvoir ? »
« La question demeure ouverte : le PR dispose du levier institutionnel et incarne la dimension républicaine de l’État, tandis que le PM bénéficie d’une légitimité populaire et politique déterminante. Cette répartition du pouvoir rend l’équilibre particulièrement fragile. Seule une capacité de dépassement, fondée sur un sens élevé des responsabilités, semble capable de prévenir une crise politique majeure. »

En conclusion, Abdou Wakhab Kâ rappelle que la fragilité de l’économie nationale et les conséquences sociales qui en découlent, n’autorisent guère une crise au sommet de l’État.

Selon lui, au regard des attentes suscitées par l’alternance, l’instauration d’une « paix des braves » s’impose comme une nécessité stratégique.

« L’après-8 novembre doit intégrer la réalité vécue par des millions de citoyens plaçant leurs espoirs dans le Projet. Le véritable défi consiste à transformer la forte mobilisation militante en dynamique citoyenne au service du plan de redressement économique et social et à élaborer en urgence des stratégies permettant de faire face au jihadisme rampant aux frontières du pays », a laissé entendre Abdou Wakhab Kâ, administrateur civil principal à la retraite et coordonnateur national de l’Action pour le Développement et la Souveraineté.





Adama Sall (Saint-Louis)

Mame Fatou Kébé