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UN RAPPORT BUDGÉTAIRE TROP TARDIF

Rédigé par leral.net le Mercredi 18 Juin 2025 à 00:43 | | 0 commentaire(s)|

Endettement record, déficit budgétaire explosif, obligations en chute : l'économiste Mamadou Barry tire la sonnette d'alarme à propos des retards du gouvernement en matière de redevabilité budgétaire. Une situation qui met le pays en danger, selon lui

Au lendemain du communiqué du ministère des Finances expliquant le report de la publication des rapports trimestriels d'exécution budgétaire, l'économiste Mamadou Diao Barry n'a pas mâché ses mots lors de son passage dans l'émission "Soir d'Info" sur TFM, ce mardi 17 juin 2025.

Si le doctorant en sciences économiques exprime "un ouf de soulagement" face à l'annonce de la publication prévue pour le 23 juin prochain, il dénonce vertement les délais accumulés. "C'est un temps impardonnable", martèle-t-il, rappelant que ces rapports étaient attendus "depuis longtemps" et que "ça fait bientôt une année" que la situation traîne.

Pour Barry, le gouvernement dispose pourtant de tous les éléments nécessaires : "Ce sont les mêmes gens qui sont là-bas au ministère des Finances, des inspecteurs, des gens qui ont fait et qui comprennent les choses. C'est juste un rapport."

L'invité de TFM pointe du doigt l'impact direct de ces retards sur l'économie sénégalaise. "Ces décisions coûtent cher à l'État du Sénégal", affirme-t-il, citant la chute des obligations sénégalaises de 2028 survenue "vendredi passé". Selon lui, ces retards "envoient un signal négatif aux investisseurs institutionnels et aux bailleurs de fonds".

La situation est d'autant plus préoccupante que le Sénégal doit faire face à des échéances importantes : 220 milliards à rembourser en 2028 et "à peu près 650 milliards" sur les deux prochaines années (2027-2028), soit l'équivalent d'un milliard d'euros.

Barry critique sévèrement la gestion de la communication par l'exécutif. "Il y a trop d'accrocs dans la communication du gouvernement", déplore-t-il, tout en épargnant le président Bassirou Diomaye Faye qu'il considère comme "une personne honnête".

L'économiste s'interroge sur la coordination gouvernementale : "Parfois je me demande est-ce que même certains ministères suivent vraiment les règles du jeu édictées par le Premier ministre ou bien le président." Il dénonce un manque de célérité : "À chaque fois que le Premier ministre ou bien le président disent quelque chose, les autres ministères, c'est comme s'ils pensent qu'ils ont le temps de faire."

Mamadou Diao Barry dresse un tableau sombre de la situation financière du pays. Avec un endettement public dépassant 99,5% du PIB et un déficit budgétaire atteignant 12% (contre 8% annoncés initialement), le Sénégal se trouve dans une situation délicate.

L'État a été contraint d'emprunter massivement : 405 milliards dès l'arrivée du nouveau régime en juin, puis "plus de 1000 milliards de dettes sur le marché" depuis le début de l'année. "Cela veut dire quoi ? Qu'il n'y a pas d'argent dans le pays", conclut amèrement l'économiste.

Malgré ses critiques, Barry reconnaît les efforts du nouveau régime en matière de transparence, saluant la publication de plusieurs rapports de contrôle. Cependant, il met en garde : "Quand tu as plus de 13 000 à 15 000 milliards de dettes, tu ne peux pas te lever en une journée, mettre un mois qui a un impact sur les marchés financiers, ça rend dangereux ton pays."

Pour l'économiste, la solution réside dans une meilleure gestion du temps et des priorités : "Avant de parler, avant de dire un mot, qu'ils le pèsent clairement." Un message d'urgence adressé à un gouvernement qui, selon lui, "a les idées, a l'envie de travailler, mais il faut qu'il se presse pour le faire à temps."

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/economie/un-rapport-budge...