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Univers des femmes de ménages : Des élèves «sacrifient» trois mois de vacances

Avec les vacances scolaires, l’offre en aides domestiques est, du coup, devenue très abondante. Un phénomène qui s’explique par le fait que beaucoup d’élèves profitent de ces trois mois de congé pour travailler comme domestiques dans les maisons, histoire certes de s’occuper, mais aussi de gagner de quoi préparer la rentrée.


Rédigé par leral.net le Mercredi 11 Juillet 2012 à 18:41 | | 0 commentaire(s)|

Univers des femmes de ménages : Des élèves «sacrifient» trois mois de vacances
De taille frêle, vêtue d’un boubou "Khartoum" rose, Aminata Dioum est âgée de 17 ans. La jeune fille, qui est originaire de Kaolack, vient de terminer son année scolaire. Trouvée devant la porte d’une maison à Nord Foire, elle est, depuis cinq jours, à la recherche d’un emploi dans une maison. Interpellée sur le pourquoi d’un tel choix, au lieu de se reposer après neuf mois d’études, elle répond: «Je voudrais avoir de quoi payer mes fournitures et mon inscription l’année prochaine». Elle fait savoir qu’elle est issue d’une famille aux conditions très modestes et qu’elle est obligée de travailler pendant les vacances afin de pouvoir s’en sortir. «Depuis trois ans, je viens à Dakar chercher du boulot. L’année dernière, j’étais parvenue à avoir 25.000 FCFA par mois comme salaire. De ce fait, je n’ai éprouvé aucune difficulté pour payer mes frais d’inscription et mes fournitures scolaires», laisse-t-elle attendre.

C’est ce qui l’a amenée, cette année encore, à quitter sa ville natale, espérant trouver une pareille rétribution. Mais depuis son arrivée à Dakar, Aminata Dioum n’a pas encore vu le bout du tunnel. «Je loge chez une tante, à Pikine. Et chaque matin, je viens dans ces quartiers comme Yoff, Nord Foire ou Liberté 6 pour chercher du travail. Cela fait cinq jours que je cherche, mais rien», se désole-t-elle. Pour autant elle ne désespère pas. «Je vais continuer à sillonner les quartiers, peut-être que je vais trouver d’ici peu», souffle-t-elle, une lueur d’espoir dans les yeux. N’empêche, elle n’exclut pas de rentrer à Kaolack si elle ne parvenait pas à décrocher un travail d’ici la fin du mois. Parce que, dit-elle, ce sera une perte de temps de rester à Dakar sans rien faire. «Ma mère m’a dit de rentrer si je ne trouve pas quelque chose pendant un mois. Je prie Dieu pour que cela n’arrive pas», fait-elle savoir. Rokhaya Sylla a, quant elle, eu du travail comme domestique.

Elève en classe de 5ème secondaire, elle est engagée par une famille pour faire le ménage. A l’image d’Aminata Dioum, elle compte, elle aussi, gagner de quoi préparer sa rentrée scolaire. Orpheline de père, elle vit à Thiaroye avec sa mère, vendeuse de légumes au marché de Pikine. «Les faibles revenus de ma mère ne lui permettent pas de prendre en charge les frais liés à la prochaine rentrée des classes. C’est pour cette raison que je travaille pendant les vacances», a justifié la jeune fille.

Cette tendance des élèves qui travaillent comme domestiques dans les maisons est également constatée par bon nombre de ménagères. A l’image de Marème Fall, la quarantaine bien sonnée, qui révèle que depuis le début des vacances, des filles sonnent régulièrement à sa porte pour demander du travail. «C’est maintenant chose courante de voir des élèves qui viennent dans la capitale en quête de travail domestique. Mais moi, je ne les prends pas, même si je n’ai pas de bonne, parce que je serai obligée, à la fin des vacances, d’en chercher une autre. Je préfère une fille qui n’étudie pas», souligne la dame. Selon elle, ces filles n’accomplissent pas bien leurs tâches. A l’en croire, elles n’ont pas l’habitude de faire des travaux domestiques. «La plupart d’entre elles ne savent ni faire la cuisine ni le ménage car elles passent neuf mois sur les bancs de l’école», informe-t-elle.

Quoi qu’il en soit, elles sont nombreuses maintenant les élèves qui optent de travailler comme bonnes dans les maisons durant les grandes vacances. La plupart issues de familles démunies, elles sont contraintes de sacrifier trois mois de repos pour pouvoir disposer de quoi honorer les frais de leur scolarité.




SOURCE:Le Pays au Quotidien