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[Vidéo] L'incertitude plane sur une présidentielle dans deux mois

Rédigé par leral.net le Jeudi 5 Mars 2009 à 03:12 | | 0 commentaire(s)|

Après la mort du président Vieira, la Guinée-Bissau s'est dotée d'un chef d'État par intérim en la personne de Raimundo Pereira, entré en fonction mercredi. Mais la tenue d'une élection présidentielle dans soixante jours semble incertaine.


AFP - Le président par intérim Raimundo Pereira est entré en fonction en Guinée-Bissau après l'assassinat de Joao Bernardo Vieira, mais le délai de 60 jours pour organiser un scrutin présidentiel, prévu par la Constitution, semble difficile à tenir sans une aide internationale importante.

L'organisation de cette élection, après la mort lundi du président Vieira au lendemain de l'assassinat du chef d'état-major de l'armée, est cruciale pour la stabilité de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, fragilisé par le trafic de cocaïne sud-américaine en transit vers l'Europe.

"En soixante jours, ça va être difficile d'organiser des élections en Guinée-Bissau", a estimé mercredi la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho), une des principales ONG de ce type en Afrique.

Pour le président de la Raddho Alioune Tine, "l'état des finances est franchement déplorable" en Guinée-Bissau, un des pays les plus pauvres du monde. "Si les Etats se mobilisent et donnent des moyens, c'est possible", a-t-il dit à l'AFP.

Lors de sa prestation de serment mardi, Raimundo Pereira, jusque-là président de l'Assemblée nationale, a exhorté la communauté internationale à "ne pas abandonner" son pays.

Et dans des déclarations diffusées mercredi sur des radios portugaises, le secrétaire d'Etat portugais aux Affaires étrangères Joao Gomes Cravinho s'est voulu optimiste.

"Il y a eu des élections (législatives) en novembre, donc le recensement est fait, il y a sur place des gens qui connaissent bien les mécanismes, donc je suis convaincu que c’est réalisable" de respecter le délai des 60 jours, a-t-il ajouté, après s'être rendu à Bissau.

"Il faut des appuis financiers et logistiques. Le Portugal est prêt à appuyer comme il l’a fait pour les élections de novembre, d’autres aussi. Je suis convaincu que les appuis ne manqueront pas", a-t-il assuré. Selon des sources diplomatiques, le budget est estimé à 4 millions d’euros.

Mais mardi, le président de la Commission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) Ibn Chambas, avait pourtant jugé ce délai de 60 jours "très très court".

"La Cédéao va tout faire avec la communauté internationale pour aider la Guinée-Bissau à mobiliser les ressources et les moyens nécessaires pour voir si on peut aller à ces élections dans ce délai très très court", avait-il indiqué à l'AFP après l'investiture.

Il avait également appelé "tous les partis politiques" à soutenir la transition.

Mais le schéma de succession prévu par la Constitution, et respecté à ce jour, est contesté par la principale formation de l'opposition, le Parti de la rénovation sociale (PRS) de l'ex-chef de l'Etat Kumba Yala (2000-2003), qui a critiqué le "choix précipité" du président par intérim.

"Nous aurions préféré qu'un débat soit ouvert à toutes les forces vives de la Nation dans un forum approprié comme le Parlement pour réfléchir sur le type d'Etat qu'il faut mettre en place", a dit à l'AFP le porte-parole du PRS Batista Correia.

"Mais hélas, pour des intérêts personnels ou de parti, certains ont préféré précipiter les choses. Attendons de voir", a-t-il conclu. Avec 28 députés, le PRS est la deuxième force politique après le Parti africain pour l'indépendance de Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), au pouvoir avec 67 députés.

Pour assurer cette délicate transition, le président par intérim ne dispose que de pouvoirs limités. Il peut seulement fixer la date du scrutin sans pouvoir promulguer des lois ni prendre des décrets.